Après avoir éliminés avec la manière les Lakers et les Nuggets, les Suns semblaient sur une voie royale pour aller jusqu’en finale. D’autant plus qu’ils restent sur sept victoires d’affilée ! Mais voilà, Chris Paul, même vacciné, a été testé positif au Covid-19, et tout d’un coup, cette finale de conférence devient beaucoup plus équilibrée… Et ce même si en face, Kawhi Leonard ne devrait pas être en état de jouer.
En clair, les deux formations vont attaquer cette finale de conférence sans leurs leaders respectifs. D’un côté, des Suns favoris, et de l’autre des Clippers déjà très heureux d’avoir vaincu la malédiction. Après avoir permis à ses troupes de renverser les deux précédents tours, Tyronn Lue peut-il encore réaliser un coup de maître après avoir puni les « tours jumelles » des Mavericks puis Rudy Gobert avec son « small ball » ?
PRÉSENTATION DES SUNS
Le cinq de départ : C. Payne, D. Booker, M. Bridges, J. Crowder, D. Ayton
Le banc : C. Paul, C. Johnson, F. Kaminsky, T. Craig, J. Carter, E. Moore, D. Saric
Le coach : Monty Williams
Par la force des choses, on est contraint d’enlever Chris Paul du cinq de départ. Il est forfait pour le Game 1, et on ne sait pas quand il reviendra : une semaine, 10 jours, 15 jours… Malgré son absence, les Suns gardent un très bel effectif, et c’est plus ou moins l’équipe qui avait gagné huit matches de suite dans la « bulle » l’an passé. En attendant le retour de leur maître à jouer, les Suns peuvent gagner sans lui, et l’avantage du terrain aura son importance.
POINTS FORTS
Une défense de très haut niveau. Sixième meilleure défense de la saison régulière et deuxième des playoffs, les Suns possèdent de nombreux défenseurs aux longs segments à toutes les positions. Ça part de Deandre Ayton près du cercle et l’un des meilleurs défenseurs poste bas de la NBA. À cela, ajoutez la paire Crowder – Bridges sur les ailes bien suppléée par Cam Johnson et l’ancien Nugget Torrey Craig. Même Devin Booker, plutôt connu pour son talent offensif, s’est mis au diapason. Après avoir étouffé les Lakers puis les Nuggets, les Suns vont s’attaquer à un monstre à une tête : Paul George. Le duo Crowder-Bridges semble idéal pour s’en occuper, tandis que Ayton a la mobilité pour sortir sur les extérieurs et éviter les pièges du « small ball ».
Devin Booker a franchi un cap. Chris Paul absent, Devin Booker va (re)prendre davantage de place dans l’attaque des Suns, et on peut s’attendre à ce qu’il dirige le jeu. L’arrière All-Star est fâché avec son tir à 3-points (30% face aux Nuggets) mais il s’implique davantage dans le jeu, comme le prouvent ses trois matches à 10 rebonds et plus depuis le début des playoffs. Agressif, il a répondu présent dans les deux matches de la qualification : 47 points dans le Game 6 face aux Lakers, et 34 points pour balayer les Nuggets. Et puis souvenons-nous de son « buzzer beater » face aux Clippers dans la bulle. C’était jusqu’à cette saison, le plus grand moment de sa carrière.
Un effectif riche. Chris Paul absent, Monty Williams compte sur le « next guy » et c’est donc Cameron Payne qui va récupérer une grosse partie du temps de jeu, et E’Twaun Moore devrait jouer davantage. Une transition en douceur puisque Monty Williams s’est appuyée sur une large rotation, et les Suns ont l’habitude de gagner à 9 ou 10. Même s’il manque un vrai joker, capable d’apporter entre 15 et 20 points, des éléments comme Torrey Craig, Cameron Johnson, Frank Kaminsky ou Dario Saric s’intègrent parfaitement, et le niveau de jeu baisse rarement.
POINTS FAIBLES
L’absence de Chris Paul. Le meneur continue d’être hanté par les blessures en playoffs. Touché à l’épaule face aux Lakers, le voilà privé de terrain à cause du Covid. Les Suns communiquent peu sur le sujet, et on ne sait pas s’il est malade ou asymptomatique. On ne connaît pas la durée de son indisponibilité, et cette incertitude peut autant peser sur le jeu des Suns que sur le mental de ses coéquipiers.
L’absence d’un joker. Il manque un sixième homme scoreur aux Suns pour jouer les facteurs X et punir les remplaçants adverses. L’équivalent d’un Reggie Jackson ou d’un Terance Mann pour prendre feu. Cameron Payne est capable de remplir ce rôle, mais c’est de manière irrégulière, et désormais il sera dans le cinq de départ. De manière plus globale, la rotation sur les postes arrières est à surveiller, surtout que les Clippers ont du monde à ces postes avec Beverley, Jackson, Rondo, Mann, Kennard et bien sûr Paul George.
PRÉSENTATION DES CLIPPERS
Le cinq de départ : R. Jackson, P. George, T. Mann, M. Morris, N. Batum.
Le banc : R. Rondo, I. Zubac, P. Beverley, L. Kennard, K. Leonard, D. Cousins.
Le coach : T. Lue.
Surnommé par nos soins « Monsieur Bricolage« , Tyronn Lue est le grand gagnant de ces playoffs. Il a prouvé face aux Mavericks et au Jazz qu’il était un redoutable tacticien dans les luttes des playoffs, et sa capacité d’adaptation a dérouté ses adversaires. Il n’hésite pas à prendre des risques, que ce soit collectifs ou individuels. Il a responsabilisé ses joueurs toute la saison, et ça porte ses fruits en playoffs. Sans Kawhi Leonard, son équipe vient de gagner deux fois de suite face au Jazz.
POINTS FORTS
« Playoff P ». Les critiques ont disparu. Redevenu leader comme au temps des Pacers, Paul George a pris les Clippers sur ses épaules après la blessure de Kawhi Leonard. Peut-être meilleur lorsqu’il est la première option, il a fédéré autour de lui dans les Game 6 et 7. Il apporte toujours de la défense, mais aussi de la création. Et bonne nouvelle, il n’a aucun pépin physique. Son duel avec Devin Booker promet beaucoup.
La capacité d’adaptation. Il n’y a pas de cinq « majeur » chez les Clippers, et c’est d’autant plus vrai depuis la blessure de Kawhi Leonard. Tyronn Lue possède un groupe homogène de 9-10 joueurs, il s’adapte en fonction de l’adversaire, et il est souvent le premier à prendre des risques. Face à des Suns privés de Chris Paul, on peut s’attendre à ce qu’il cible davantage le poste 1, et il a du monde à proposer. Le déficit de taille n’est pas un problème pour les Clippers, mais on est impatient de voir comment Tyronn Lue va répondre à la mobilité de Deandre Ayton.
POINTS FAIBLES
L’absence de Kawhi Leonard. Kawhi Leonard réalisait de grands playoffs avant de se blesser, et le plus cruel, c’est qu’il se blesse bêtement au genou, sur un simple contact, alors même que les Clippers filaient tranquillement vers la victoire. Sans lui, les Clippers perdent bien sûr leur meilleur joueur, mais aussi leur leader défensif et leur meilleur joueur de un-contre-un. Il parle peu mais Kawhi Leonard donne confiance, et son expérience est si précieuse.
La défense sur « pick-and-roll ». Ce n’est pas le point fort des Clippers, et ce sera d’autant plus problématique face aux Suns où Deandre Ayton fait très mal après ses écrans. Pas de « pick-and-pop » pour le pivot de Phoenix, mais il s’ouvre parfaitement au cercle, et il attire les défenseurs, libérant ainsi de l’espace pour ses shooteurs comme Jae Crowder ou Mikal Bridges. Les Suns jouent aussi souvent sur lui, et c’est la grande différence avec le Jazz qui oubliait souvent Rudy Gobert après ses écrans. Le danger, pour les Clippers, sera aussi souvent à l’opposé du ballon. Phoenix punit souvent ses adversaires en renversant le jeu.
CLÉS DE LA SÉRIE
Le retour de Chris Paul. Même si les Suns ne communiquent pas sur le sujet, Chris Paul pourrait revenir dans la série, et ce serait évidemment un énorme coup de boost pour sa formation, sur le plan mental comme sur le plan du jeu. Clairement, il y a davantage de chances de voir Chris Paul dans cette série que Kawhi Leonard. Cela peut peser sur le mental des deux équipes.
La défense sur Paul George. Même s’il a tourné à 33 points de moyenne en saison régulière face aux Suns, Paul George va se retrouver face à l’une des meilleures défenses de la NBA, et surtout l’une des meilleures paires d’ailiers défenseurs avec Mikal Bridges et Jae Crowder. Sans oublier Torrey Craig comme rotation. Les Suns ont les armes pour user la star des Clippers, d’autant que ce dernier devra aussi s’occuper de Devin Booker de l’autre côté du terrain.
Le Game 1. Les Suns n’ont pas joué depuis une semaine, et ils vont reprendre sans Chris Paul. Ils restent sur sept victoires de suite, mais cette cassure peut être problématique. À l’inverse, les Clippers sont dans l’euphorie après avoir battu le Jazz sans Kawhi Leonard. Leur mental n’a jamais été aussi haut, et s’il y a un match à prendre à Phoenix, c’est le premier.
SAISON RÉGULIÈRE
4 janvier : Phoenix – LA Clippers (107-112)
9 avril : LA Clippers – Phoenix (113-103)
29 avril : Phoenix – LA Clippers (109-101)
VERDICT
Les Clippers sont devenus la première équipe à remporter dans les mêmes playoffs deux séries après avoir été menés 0-2. C’est dire si les joueurs de Tyronn Lue sont forts dans leurs têtes. Même la blessure de Kawhi Leonard n’a pas entamé leur moral, et la qualification arrachée face au Jazz sans lui a même décuplé leur confiance. Phoenix devra se méfier de ces Clippers qui n’ont plus rien à perdre, et qui sont bien plus à l’aise dans ce rôle d’outsiders.
Dans cette affiche privée de ses deux meilleurs joueurs, léger avantage à Phoenix pour sa défense, sa forme du moment (7 victoires de suite !) mais aussi sa capacité à mieux gérer le « small ball » qui proposera Tyronn Lue.
Deandre Ayton pourrait être le joueur clé de cette série par sa mobilité, sa défense et sa capacité à punir les Clippers sous le cercle. Autre élément important : les Suns défendent beaucoup mieux à 3-points que le Jazz, et même si l’adresse à 3-points est l’un des points forts des Clippers, ils auront cette fois du répondant.
Enfin, ne négligeons pas le public. Les Suns ont l’avantage du terrain, et il y a toute une ville derrière l’équipe après une décennie sans playoffs, et près de trente ans sans finale NBA. C’est peut-être l’année ou jamais pour Chris Paul, et qu’il soit là, ou pas, il pourra compter sur le soutien d’un meilleur public pour décrocher la première finale de sa carrière. Y parvenir en éliminant les Clippers seraient une belle revanche pour lui.
Phoenix 4-3
CALENDRIER
Game 1 : à Phoenix, dimanche 20 juin (21h30)
Game 2 : à Phoenix, mardi 22 juin (3h00, dans la nuit de mardi à mercredi en France)
Game 3 : à Los Angeles, jeudi 24 juin (3h00, dans la nuit de mardi à mercredi en France)
Game 4 : à Los Angeles, samedi 26 juin (3h00, dans la nuit de mardi à mercredi en France)
Game 5* : à Phoenix, lundi 28 juin (3h00, dans la nuit de mardi à mercredi en France)
Game 6* : à Los Angeles, mercredi 30 juin (3h00, dans la nuit de mardi à mercredi en France)
Game 7* : à Phoenix, vendredi 2 juillet (3h00, dans la nuit de mardi à mercredi en France)
* Si nécessaire.