Phénomène physique et machine à highlights depuis son plus jeune âge, Zion Williamson confirme pour le moment les espoirs placés en lui en NBA. Auréolé de son statut de premier choix de la Draft 2019, l’ailier-fort a atterri aux Pelicans, où il lui a fallu attendre trois mois avant d’effectuer ses débuts dans la Grande Ligue.
Électrisant dès son premier match en carrière, face aux Spurs, Williamson était ensuite monté progressivement en puissance, imposant très vite sa patte sur New Orleans malgré une limite de temps de jeu (30 minutes). Jusqu’à ce que le Covid-19 ne le freine finalement en plein élan, courant mars, alors qu’il rêvait de coiffer au poteau Ja Morant pour le titre de Rookie de l’année.
Certes invité dans la « bulle » d’Orlando avec son équipe, Williamson n’y avait pas vraiment brillé, avec ses 18.4 points et 4.2 rebonds de moyenne (en 5 matchs et 21 minutes), alors qu’il tournait à 23.6 points et 6.8 rebonds de moyenne (en 19 matchs et 30 minutes), entre janvier et mars 2020. En clair, l’ancien élève de Duke avait connu une première campagne aussi frustrante et raccourcie qu’encourageante et prometteuse, en Louisiane.
Abordant sa deuxième saison avec la volonté de faire mieux sur tous les plans, Zion Williamson se devait d’abord de s’adapter à la philosophie de son nouveau coach, Stan Van Gundy, nommé en remplacement d’Alvin Gentry. L’entame d’exercice du jeune intérieur a d’ailleurs été assez « compliquée » (19.4 points et 8.4 rebonds de moyenne, à 54% aux tirs, sur ses cinq premiers matchs de 2020/21), avant que celui-ci ne lâche définitivement les chevaux au passage de l’année 2021.
« Le plus effrayant avec Zion [Williamson], c’est qu’il va sans cesse continuer de s’améliorer », estimait récemment Stan Van Gundy, à propos de son joueur. « Son shoot va progresser, il va devenir capable de shooter à mi-distance. Sa réussite aux lancers-francs va également progresser. Il va avoir le ballon entre les mains la plupart du temps en fin de match, ce qui le conduira à apprendre comment prendre les bonnes décisions, dans les moments chauds. Quant à sa défense, elle va aussi s’améliorer, comme le font la majorité des joueurs en vieillissant. Ce n’est donc que le début pour lui. »
Une progression linéaire au fil des mois
Semaine après semaine, comme souligné justement par son coach, Zion Williamson n’a ainsi cessé de progresser statistiquement, grimpant notamment de 19.4 à 30.7 points de moyenne entre décembre 2020 et mai 2021. Deux mois où l’échantillon de matchs était, certes, un peu trop faible (5 en décembre, 3 en mai). C’est pourquoi il est préférable de se pencher sur les quatre autres, plus « fournis », de l’ailier-fort de 20 ans : janvier, février, mars et avril 2021, où il a joué entre 12 et 15 rencontres à chaque fois.
Et son mois de février est peut-être son plus abouti de tous, dans le sens où, en 15 matchs disputés sur cette période, l’ancien de Duke n’a jamais été aussi adroit aux tirs (65%) et aux lancers-francs (75%), en plus d’établir sa meilleure marque à la passe (4.5) et de compiler, en prime, de solides moyennes de 27.3 points et 6.5 rebonds. Seul bémol : les résultats collectifs des Pelicans, qui ne l’ont emporté qu’à 7 reprises ce mois-ci.
Dans l’ensemble, c’est peu dire que Williamson a donc fait preuve de régularité en 2021, ne descendant jamais sous la barre des 25 points de moyenne, en shootant constamment à des réussites supérieures à 58% aux tirs et 66% aux lancers-francs. Et même en prenant pour référence ses périodes avant/après All-Star break, on constate que le premier choix de la Draft 2019 a également progressé statistiquement, passant de quasiment 26 à 29 points de moyenne, sans que son adresse n’en soit affectée (61% aux tirs et 70% aux lancers-francs).
L’évolution de Zion Williamson, mois par mois
Mois | Statistiques | Pourcentages |
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Décembre 2020 (5 matchs) | 19.4 pts, 8.4 reb, 1.0 pd | 54% aux tirs, 55% aux lancers |
Janvier 2021 (12 matchs) | 25.8 pts, 7.2 reb, 2.8 pds | 60% aux tirs, 71% aux lancers |
Février 2021 (15 matchs) | 27.3 pts, 6.5 reb, 4.5 pds | 65% aux tirs, 75% aux lancers |
Mars 2021 (12 matchs) | 28.7 pts, 7.1 reb, 4.0 pds | 65% aux tirs, 71% aux lancers |
Avril 2021 (14 matchs) | 28.2 pts, 7.2 reb, 4.1 pds | 58% aux tirs, 66% aux lancers |
Mai 2021 (3 matchs) | 30.7 pts, 9.7 reb, 5.3 pds | 59% aux tirs, 71% aux lancers |
L’évolution de Zion Williamson, avant et après le All-Star break
Période | Statistiques | Pourcentages |
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Avant All-Star break | 25.6 pts, 7.2 reb, 3.4 pds | 61% aux tirs, 70% aux lancers |
Après All-Star break | 28.8 pts, 7.3 reb, 4.0 pds | 61% aux tirs, 70% aux lancers |
Un sens de la passe déjà bien développé
Représentant déjà une équation (quasi) insoluble pour ses défenseurs, Zion Williamson n’est surtout pas qu’un simple attaquant à la puissance physique monstre, se contentant de foncer tête baissée dans les raquettes adverses. En effet, l’un des domaines dans lequel le néo-All-Star a le plus progressé n’est autre que sa capacité à punir les défenses avec sa qualité de passe. En témoignent ses 3.7 passes décisives par match en 2020/21, contre 2.1 en 2019/20.
Bien plus souvent utilisé dans un rôle de principal porteur de balle, sous les ordres de Stan Van Gundy, Zion Williamson a ainsi davantage le loisir de laisser exprimer toute sa créativité offensive, pour se sortir des prises à deux, ressortir le ballon en pénétrant dans la peinture ou trouver ses shooteurs lorsque ses adversaires se montrent trop agressifs pour le contenir. Compliquant du même coup la tâche de ces derniers, charmés mais également effrayés par le potentiel du phénomène.
« Quand vous êtes en mesure de placer le ballon entre les mains de votre meilleur joueur, il devient à la fois un scoreur et un créateur tellement dynamique. [Zion Williamson] peut aussi bien attaquer le cercle qu’être un passeur volontaire, donc c’est difficile de défendre sur lui et ça demande un effort collectif. [Les Pelicans] veulent que la balle soit dans ses mains car, s’ils y parviennent, ça leur facilite énormément les choses », analysait à ce sujet le coach des Blazers, Terry Stotts.
Et l’entraîneur des Cavaliers, J.B. Bickerstaff, d’ajouter en complément : « Il possède souvent le ballon entre les mains quand il faut amorcer les attaques, aussi bien pour remonter la balle après un rebond que pour partir en contre-attaque. Mais il peut également mener le pick-and-roll. C’est une vraie force, un joueur unique et très compliqué à contenir. »
Zion Williamson a.k.a. « Monsieur Propre »
Contenir Zion Williamson. L’une des missions les plus périlleuses en NBA aujourd’hui. Peu importe le défenseur qui se trouve face à lui, l’ancien des Blue Devils possède déjà l’avantage physique et peut l’enfoncer, au poste ou en un-contre-un. Sauf que, dans le même temps, le moindre espace qui lui est laissé est immédiatement exploité par la jeune vedette des Pelicans, qui peut ainsi prendre de la vitesse et déposer son vis-à-vis.
Un véritable casse-tête pour les adversaires de Zion, considéré par certains —toutes proportions gardées— comme une version plus puissante et plus massive de Giannis Antetokounmpo.
« Une fois qu’il réussit à passer son épaule, c’est difficile de faire quelque chose pour repasser devant lui », reconnaissait Luke Walton, à propos de la grande force de l’intérieur de la Nouvelle-Orléans. « Il y a quelques similitudes avec la façon de défendre sur Giannis [Antetokounmpo], dans le sens où vous préférez les laisser prendre un tir, car ils sont tous les deux inarrêtables quand ils attaquent le cercle. Et si vous êtes trop près de lui, il y a de bonnes chances pour qu’il vous laisse sur place. »
Au final, un Williamson ne s’éteint pas mais il se ralentit. Quelque chose que Draymond Green sait plutôt bien faire, les Warriors étant l’une des huit équipes à avoir limité l’ailier-fort de 20 ans à moins de 50% de réussite aux tirs. Lui qui, rappelons-le, tourne habituellement à 61% d’adresse générale, pour accompagner ses 27 points de moyenne, et qui n’a donc connu que huit petites rencontres (sur 61) à moins de 50% au shoot.
Des statistiques de choix en matière de propreté, et même assez rarissimes, car un seul autre joueur que le All-Star de NOLA était parvenu à inscrire au moins 25 points par match, à minimum 60% de réussite aux tirs, sur une seule saison. Le joueur en question ? Un certain Kevin McHale lors de l’exercice 1986/87, avec ses 26.1 points de moyenne, à 60% d’adresse générale.
Une pression déjà monstre sur ses épaules
Parmi les meilleurs joueurs de NBA, à même pas 21 ans (il les aura le 6 juillet prochain), Zion Williamson doit en revanche jongler avec les contraintes engendrées par sa notoriété nouvelle. Notamment celle liée aux attentes placées en lui, certes élevées depuis pas mal de temps, mais pas toujours faciles à bien appréhender si jeune.
« C’est un joueur extrêmement intelligent, altruiste et qui va continuer d’apprendre, alors qu’il est déjà excellent », commençait d’abord Stan Van Gundy à ce sujet. « Le problème, c’est qu’il est tellement bon à seulement 20 ans que les attentes des gens sont devenues un peu dingues. Ce qui signifie que les critiques à son égard sont parfois un peu exagérées. Mais ce qu’il réalise est déjà assez phénoménal. Nous avons pu tout observer : jeu au poste, maniement du ballon dans un rôle de meneur, attaque du cercle et création pour les autres. Son développement a été incroyablement rapide et nous nous attendons donc à ce qu’il continue de s’améliorer au cours des prochaines années. Et il ne va cesser de progresser pendant très, très longtemps. Il n’a aucune limite. Nos fans et nos journalistes ont l’habitude de le voir chaque soir, donc à force, ils ont banalisé ses exploits et les ont pris pour acquis. Sauf que lorsque vous ne le voyez jouer qu’une fois de temps en temps, vous vous dites ‘Waouh, ce joueur est complètement différent de ceux que vous pouvez voir chaque soir. »
Un joueur atypique, capable de peser de différentes manières dans une partie : tant au scoring et qu’à la passe, comme évoqué précédemment, qu’au rebond. Des rebonds qui, justement, profitent aussi bien aux Pelicans qu’à leur joueur lui-même, qui excelle tout particulièrement lorsqu’il a la possibilité de diriger les contre-attaques après avoir « capté un rebond défensif, pour accélérer ensuite le tempo de l’autre côté du terrain ».
La gagne, et rien d’autre
Talent « naturel et incroyable », dixit l’entraîneur des Nets, Steve Nash, Zion Williamson laisse dithyrambique le moindre de ses adversaires, séduits par le fait qu’il possède déjà presque tout dans son jeu et dans son arsenal offensif. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le gaucher a signé l’une des 20 meilleures saisons au scoring d’un joueur de deuxième année.
« Qualités physiques, force, taille, réactivité, explosivité, rapidité, mobilité, agilité, attaque du panier, finition près du cercle… », énumérait ainsi le coach de Brooklyn. « Et c’est aussi un créateur honnête, capable d’inscrire des 3-points. Donc il ne va que pouvoir s’améliorer compte tenu du développement de son basket, de sa compréhension du jeu et de son aisance dans la ligue. »
Mais connaissant le bonhomme, Zion Williamson ne se sentira pleinement à l’aise qu’à partir du moment où les Pelicans gagneront suffisamment de matchs pour figurer, au moins, dans le Top 8 de leur redoutable conférence Ouest.
« J’ai vraiment la sensation d’avoir parcouru un long chemin, mais si vous me connaissez, vous savez que je ne recherche que la victoire. Donc j’ai encore du chemin à parcourir avant d’atteindre cet objectif », concluait-il, sans jamais perdre de vue ce qu’il lui faut accomplir.
https://www.youtube.com/watch?v=RgW-kiQxsEw
Zion Williamson | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2019-20 | NOP | 24 | 28 | 58.3 | 42.9 | 64.0 | 2.7 | 3.6 | 6.2 | 2.1 | 1.8 | 0.7 | 2.5 | 0.4 | 22.5 |
2020-21 ☆ | NOP | 61 | 33 | 61.1 | 29.4 | 69.8 | 2.7 | 4.5 | 7.2 | 3.7 | 2.2 | 0.9 | 2.7 | 0.6 | 27.0 |
2022-23 ☆ | NOP | 29 | 33 | 60.8 | 36.8 | 71.4 | 2.0 | 5.0 | 7.0 | 4.6 | 2.2 | 1.1 | 3.4 | 0.6 | 26.0 |
2023-24 | NOP | 70 | 32 | 57.0 | 33.3 | 70.2 | 1.7 | 4.1 | 5.8 | 5.0 | 2.3 | 1.1 | 2.8 | 0.7 | 22.9 |
2024-25 | NOP | 30 | 29 | 56.7 | 23.1 | 65.6 | 2.5 | 4.7 | 7.2 | 5.3 | 2.7 | 1.2 | 3.0 | 0.9 | 24.6 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.