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Portrait | Dejounte Murray, des rues de Seattle à la conquête de Fort Alamo

NBA – À 24 ans, cinq ans après sa Draft, Dejounte Murray est enfin prêt à se dévoiler. À raconter son enfance très difficile, dans les rues de Seattle, à vendre de la drogue…

Battus sur le fil par les Grizzlies lors du « play in », les Spurs ont de nouveau manqué les playoffs. Pour la deuxième année consécutive. Mais ce n’est pas faute d’avoir essayé pour Dejounte Murray, auteur d’un triple-double à 10 points (à 4/17 aux tirs), 13 rebonds et 11 passes sur ce match couperet.

Le jeune meneur des Spurs a surtout été l’auteur d’une saison convaincante à 16 points, 7 rebonds et 5 passes. Sa meilleure, et de loin, depuis son arrivée en NBA.

Enfin jouer librement

Dans sa quatrième saison chez les Spurs, qui est en fait la cinquième si on compte la saison blanche 2018/19 à cause de sa blessure aux ligaments croisés, Murray a franchi un cap important. Il faut dire que, pour la première fois de sa carrière, le jeune meneur a pu jouer libéré. Des blessures d’une part. Et du frein à main de Pop d’autre part.

« C’est ma première année en NBA à vraiment pouvoir être libre et jouer normalement quoi », affirme-t-il dansSports Illustrated. « Coach Pop, il me lâche un peu la bride. »

Pour le moment plus à l’aise sur les tirs en mouvement, comme les floaters ou des layups plus conventionnels, Dejounte Murray a encore du mal avec son tir à mi-distance.

Son geste de tir a encore besoin de travail. À San Antonio, il a pourtant à qui parler avec Chip Engelland, le spécialiste local, qui a notamment travaillé avec Tony Parker pour remodeler complètement sa gestuelle.

C’est quand il arrive lancé, avec sa capacité exceptionnelle à accélérer en quelques appuis seulement, que Dejounte Murray est le plus dangereux. Avec son dribble chaloupé et sa rapidité d’exécution, il peut déposer son adversaire et filer au cercle avec la plus grande facilité. Un véritable félin.

« Il peut tout faire sur le terrain, et il le fait avec une telle fluidité », apprécie son mentor de Seattle, Jamal Crawford. « J’adore le voir jouer. (…) Baby Boy est spécial. Ça se voit dans son regard. Il a une authenticité et un calme dans son caractère. Mais le truc qui le caractérise, c’est qu’une fois qu’il est concentré sur quelque chose, et qu’il t’a donné sa parole, c’est bon. C’est ce qui fait qu’il est à part. On n’a pas à lui dire : « Dejounte, je t’ai déjà dit ça ». Il comprend les choses immédiatement. »

Débarqué dans une franchise habituée à jouer les premiers rôles, année après année, Dejounte Murray a en fait surtout connu son déclin, avec les retraites/départs successifs des cadres historiques, Tim Duncan, Manu Ginobili et donc Tony Parker. Meneur de jeu mais meneur d’hommes avant tout, il a évidemment senti la différence…

« Ça m’a fait mal l’année dernière quand on n’a pas fait les playoffs parce que j’ai eu le sentiment de les avoir laissés tomber. Je me sens responsable de perpétuer la tradition et la culture de la gagne [de San Antonio]. J’en fais partie. C’est un jeu collectif mais je pense être un leader naturel. »

L’éducation de « Baby Boy »

De nouveau privés de playoffs cette saison, par les Grizzlies qui les ont battus au « play in », les Spurs ont donc manqué la « postseason » deux années de suite, un vrai trou dans l’histoire glorieuse de la franchise texane. Mais pour Gregg Popovich, l’avenir des Spurs est entre de bonnes mains avec Dejounte Murray.

« Son âge ne correspond pas à sa maturité », ajoute l’entraîneur. « Parfois j’ai été un peu dur avec lui, mais ça n’a rien à voir avec ce que je faisais avec Tony Parker, ça c’est sûr. Mais il gère bien ça. Il n’est pas affecté par les critiques. »

Il faut dire que les hurlements et les insultes ne sont pas grand-chose à côté de ce qu’a vécu Dejounte Murray durant son enfance. Gregg Popovich reconnait également de lui-même qu’il s’est aussi adouci avec l’âge… et Danny Green confirme ! « J’étais dans la même catégorie que Tony quand j’étais là-bas », sourit l’arrière. « San Antonio peut te remettre à ta place vite fait. Ce n’est pas fait pour tout le monde. »

Mais Dejounte Murray y a fait son trou car s’il y a bien un truc qui ne lui fait pas peur, c’est le travail ! À son arrivée dans le Texas à l’été 2016, à même pas 20 ans, il était un poupon. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si son sobriquet de référence à Seattle était « Baby Boy », après le film éponyme de John Singleton.

« Il avait l’air super sauvage », se souvient Gregg Popovich. « Il n’avait que la peau sur les os et semblait faible, mais aussi long et talentueux et énergique. Pas un grand shooteur mais vraiment très bon sur le jeu rapide et il adorait jouer. Il y avait donc beaucoup de choses à apprécier. »

Cinq ans plus tard, Dejounte Murray n’est toujours pas un grand shooteur mais son travail de fond commence à prendre forme. En régression à 3-points, passé de 37 à 32% entre l’année passée et cette année, il semble s’être focalisé sur son tir à 2-points. « Maintenant, son pull-up est quasiment automatique », commente Derrick White.

Face à Milwaukee en fin de saison, il a par exemple bien choisi ses moments au shoot (à 8/14 aux tirs dont 2/2 à 3-points pour 21 points, plus 9 passes et 6 rebonds dans une large victoire), démontrant donc qu’il a bien la capacité à débloquer les situations face à des zones ou des défenses qui le mettent au défi de tirer extérieur.

Sans avenir dans les rues de Seattle

Issu du fameux lycée de Rainier Beach à Seattle, d’où sont notamment sortis Doug Christie, Jamal Crawford ou encore Nate Robinson et Kevin Porter Jr, Dejounte Murray a rapidement gravi les échelons de la gloire sur la scène locale, flirtant même avec le statut de mythe vivant avec des faits d’armes tel qu’un match à 33 points et 30 rebonds, ou une interception décisive pour aller remporter le titre de l’Etat sur un comeback renversant, ou encore ses 40 points marqués à 16 ans face à des joueurs NBA lors de la « Pro Am » de Jamal Crawford.

Nommé « Mr. Basketball » de l’État de Washington en 2015, Dejounte Murray ira dans la fac locale où il sera « one and done ». Arrivé si vite en NBA, il savait qu’il allait y être mis à nu, qu’il y serait vulnérable, que ses points faibles allaient être soulignés et utilisés contre lui à chaque occasion. C’est le jeu dans la Grande Ligue. Seuls les plus grands prédateurs peuvent survivre dans ces eaux troubles.

« Quand je suis arrivé en NBA, beaucoup de gens disaient que je ne savais pas tirer. Merde, je suis d’accord ! Mais personne ne m’a jamais appris à bien shooter. Ma vie n’était pas celle du gamin qui se fait amener à l’entraînement, à la salle, aux matchs. Je n’étais pas à la salle avec un entraîneur qui me disait de rentrer les coudes, de bien fouetter le poignet et d’utiliser mes jambes. C’est incroyable, tout ce que je ne savais pas… Je jouais simplement comme je pouvais, brut de décoffrage, au lycée et à l’université. Les Spurs sont les premiers à m’avoir appris à jouer à ce jeu. »

Avant de découvrir son talent pour le basket, le jeune Dejounte suivait les traces de ses prédécesseurs, sur un chemin de croix qui s’apparentait plus ou moins à une lente descente aux enfers. La rue et sa violence quotidienne, les drogues et la crainte permanente d’une descente de police ou, pire, d’un affrontement entre gangs adverses, c’était le lot du jeune Dejounte. Une histoire personnelle qu’il se sent maintenant capable de partager.

« C’est une histoire qu’on n’a jamais écrite encore parce que j’étais vraiment, mais vraiment, dans la rue. Je n’avais aucun honneur à défendre mon nom. Ce n’est pas un truc dont on peut être fier. Cette histoire est dingue quand je me réveille. Je joue en NBA. Je suis dans un jeu vidéo. J’ai des fans qui achètent mon maillot. Ça ne me semble toujours pas réel. Ça fait déjà cinq ans que je suis là mais ça semble encore être un rêve. »

Ayant grandi dans les rues des quartiers Sud de Seattle, le jeune Murray ne pouvait s’imaginer aucun avenir quand il était simplement habité par la nécessité de se protéger et de trouver de quoi manger, pas tous les moyens nécessaires… Les journées se suivent et se ressemblent dans cette course continuelle pour sa propre survie.

« Le chemin que j’ai pris pour en arriver là, ce que j’ai dû surmonter, je pense que personne d’autre n’a eu à le surmonter. Personne n’a été dans une situation comme la mienne et a réussi à en arriver là. J’en suis au stade maintenant où j’essaye de trouver un moyen de raconter mon histoire pour motiver les autres et permettre au monde de savoir qui est vraiment Dejounte Murray. J’ai été très discret là-dessus parce que j’en ai été traumatisé. Ça me hante jusqu’à aujourd’hui. Si tu penses à la rue, à un gamin dans les rues, qui travaille pour son gang, entouré de drogues et qui fait tout ce qu’il doit faire pour gagner de l’argent, c’est ce que je faisais. C’était comme ça [ma jeunesse] ! Je ne dirais même pas que c’est ce qu’on m’a enseigné, c’était comme ça ou c’était rien du tout… »

Délinquant dès onze ans

Produit de cet environnement hostile et héritier d’un schéma familial dysfonctionnel, Dejounte Murray était lancé à corps perdu dans cette quête sempiternelle d’une poignée de dollars sales, et a fini par se faire pincer. Il était alors au collège, en cinquième. Ce séjour d’un mois dans un centre pour délinquants juvéniles va lui changer la vie…

« Le centre pour délinquants juvéniles ? Ce n’était rien pour moi quand j’avais 11 ans. Je n’en avais pas peur, je n’étais pas nerveux parce que je savais à quoi m’attendre en prison. J’adore ma mère. Avec mon père, on cherche encore à trouver des moyens de se rapprocher. Il n’était pas bon à rien, mais ni l’un ni l’autre n’étaient vraiment des parents à plein temps. Mais aussi fou que ça puisse paraître, je ne suis pas le seul de ma famille à avoir vécu le pire. Toute ma famille, depuis ma grand-mère… J’ai entendu des histoire sur mon arrière-grand-mère qui faisait partie d’un gang et qui avait fait des trucs dingues. On parle souvent de cycle et c’était un cycle, passé de génération en génération. Tout ça nous est tombé dessus. Vendre de la drogue et squatter les rues, c’était normal pour ma famille. »

Balloté d’appartement en appartement, de chambres d’hôtel plus miteuses les unes que les autres, d’un canapé à un autre, Dejounte Murray est nstallé chez son oncle durant ses années lycée. Après deux ou trois autres séjours en établissement pénitentiaire, il a pu retrouver un semblant d’équilibre. Il a arrêté de fumer de la marijuana, ce qu’il faisait depuis ses 11 ans, et il a commencé à remettre de l’ordre dans sa tête. Et dans sa vie. « Seize ans, c’est là que j’ai commencé à faire les choses comme il faut, et je ne me suis plus jamais retourné… »

S’il a par la suite précipité son entrée en NBA, c’était tout simplement pour bénéficier de l’aisance financière que lui procuraient tout à coup ses talents de basketteur. Mais son passage à la paternité lui a rapidement remis un coup sur la tête, le renvoyant violemment dans son passé.

« Je n’ai même pas de dessin animé préféré. C’est dire combien j’étais dans la rue. Vous voyez ce que je veux dire. Je ne peux même pas dire à ma fille quel est mon dessin animé préféré quand j’étais gamin, et ça me fait chier. Ça me gêne énormément. »

Talent immanquable sur la scène de Seattle, « Baby Boy » va cependant se trouver des mentors, autres que ceux des gangs pour lesquels il était déjà embrigadé par la force des choses. Membre de l’équipe AAU coachée par Marvena Thomas-Kemp, la femme de Shawn, et pris sous son aile par Jamal Crawford, il a réussi à faire le pas de côté pour sortir du caniveau et laisser la rue dans le rétro.

« Tu ne peux pas laisser un gamin comme lui glisser entre les mailles du filet », explique Will Conroy, l’ancien joueur NBA qui a coaché Dejounte Murray à l’université. « Le basket n’était pas du tout une priorité dans sa survie quotidienne. Beaucoup de gens ont pu l’aider heureusement. »

Aujourd’hui, avec plus de 20 millions de dollars déjà encaissés en carrière, et un contrat en cours qui lui rapporte 16 millions par saison, Dejounte Murray est passé du bon côté de la barrière. Mais il n’oublie pas non plus d’où il vient. À vrai dire, cela lui est tout bonnement impossible. Outre le traumatisme, il y a encore des liens qui l’y attachent. « C’est ma vie : jouer au basket, m’occuper de ma fille, et m’assurer que mes frères [en prison] qui ont commis des erreurs peuvent bien manger, bien vivre et savent que quelqu’un pense à eux. »

Un don en défense

Enfin bien dans sa peau, sur le parquet et en dehors, Dejounte Murray accepte donc de se dévoiler et de se raconter plus avant. Son passé très mouvementé lui a inculqué la valeur du travail pour sortir de cette spirale négative de la pauvreté. À la fac, il dénotait déjà de ses jeunes coéquipiers, pour cette raison précisément.

« On allait en soirée pour trouver des filles, on était tous freshmen », concède volontiers son coéquipier à UW (et actuel Sixer) Matisse Thybulle. « Mais je ne rigole pas, Dejounte était à la salle pour shooter. On lui demandait de venir avec nous et il nous disait non, je vais rester tranquille. Et on apprenait plus tard qu’il était allé à la salle pour aller faire du tir. »

Fréquemment invité à participer aux matchs estivaux de « Pro Am » organisés par Jamal Crawford à Seattle, Dejounte Murray avait déjà eu un avant-goût de la Grande Ligue, côtoyant des Chris Paul, Matt Barnes ou encore LaMarcus Aldridge. De plus, étant père dès l’âge de 20 ans, il ne s’est pas autorisé à s’éparpiller. Son année chez les Huskies était ainsi sa bouée de sauvetage. Un tremplin à ne surtout pas manquer pour sortir de la mouise.

« Il a simplement une approche bien à lui. Je pense que les gens le voient et gravitent vers lui », avance le GM des Spurs, Brian Wright. « À mon poste, je parie sur de l’humain, sur la volonté des joueurs à travailler et combien le travail importe pour eux. Je sais bien qu’il a toutes les qualités, le désir et la détermination pour être un grand joueur dans cette Ligue, et pour longtemps. C’est ce qu’on attend de lui. »

Doté d’un magnétisme certain avec son regard perçant et son visage de poupon, Dejounte Murray est encore plus un compétiteur féroce. Ce magnétisme se traduit également sur le terrain avec ses mains qui sont de véritables aimants à ballons. Défenseur hors-pair depuis ses débuts avec la balle orange, il a tout de suite compris qu’il avait un don.

« Je ne vais pas dire que je vais toujours piquer la balle à Kemba car ce mec maitrise la balle comme un yoyo. Mais je savais ce qu’il allait faire sur le coup. C’est un peu comme Kevin Durant ou Melo ont des dons pour être des scoreurs incroyables. Je pense que j’ai ce don en défense. »

Ancien disciple des Spurs désormais titulaire indiscutables chez les Grizzlies, Kyle Anderson a été un témoin privilégié de la montée en puissance de Dejounte Murray dans les rangs texans. À l’entraînement, il est un véritable poison et Kyle Anderson plaint son ami Patty Mills qui se le coltine depuis cinq ans maintenant : « C’était un enfer de s’entraîner face à lui », en rigole Kyle Anderson avant d’ajouter. « Pauvre Patty ! »

L’héritier de l’ « âme » des Spurs

Plus jeune joueur de l’histoire nommé dans un des meilleurs cinqs défensifs (le deuxième) en 2018, pour sa deuxième année en NBA donc, Dejounte Murray est année après année un des meilleurs pickpockets sur le circuit (11e cette saison à 1.5 « steal » par rencontre et 9e la saison précédente à 1.7). Sa seule présence est synonyme de cauchemar pour ses adversaires directs. N’est-ce pas LaMelo Ball ?

« J’ai dû prévenir LaMelo, je voulais être sûr qu’il sache qu’il ne peut pas se permettre de se détendre sur la moindre action face à Dejounte. Il va te chasser. Il va attendre que tu commettes une erreur et il va te le faire payer », affirme le coach des Hornets, un ancien de la maison Spurs, James Borrego qui connait bien le phénomène. « Quand je parle aux gens des Spurs, il y a une croyance en Dejounte. Ils croient vraiment que c’est le meneur qui va les porter dans l’avenir. »

Après David Robinson, Avery Johnson ou Sean Elliott, puis Tim Duncan, Tony Parker ou Manu Ginobili, les Spurs veulent faire confiance à Dejounte Murray, Jakob Poeltl ou Keldon Johnson pour porter haut les couleurs fiesta de San Antonio, et reprendre le flambeau de la tradition locale de la gagne.

La relation entre Dejounte Murray et Jakob Poeltl commence d’ailleurs à causer de sérieux dégâts sur le pick & roll. Les deux Spurs trouvent petit à petit leurs repères avec un assortiment de combinaisons qui commence à devenir très intéressant.

« Je suis un gars qui aime bien bosser dur pendant l’intersaison pour progresser à grands pas. Il y a des gars qui semblent être prêts à devenir des stars dès leur première année mais ensuite, ils disparaissent un peu. J’aime la progression de Kawhi Leonard par exemple, pas seulement parce que c’est un Spur ou un de mes bons amis. Je l’ai beaucoup observé quand je suis arrivé. Si vous allez vois ses stats, il a progressé chaque année. Ce n’était pas seulement une année. Il y a eu un bond chaque année, dans toutes les catégories. »

Comme son copain Kawhi Leonard qu’il prend comme modèle, Dejounte Murray a effectivement progressé dans chacune des catégories statistiques majeures saison après saison, passant de 3 points, 1 rebond et 1 passe en 2016/17 à 16 points, 7 rebonds et 5 passes cette saison. Surtout, toujours comme son copain Kawhi, il demeure un casse-tête défensif pour tous ses adversaires avec son envergure et ses mains toujours promptes à capturer le cuir.

« Beaucoup de gars ne vont même pas tenter l’interception parce qu’ils ne veulent pas être battus et se faire gueuler dessus. C’est en partie ce pour quoi je ne le fais pas », poursuit Matisse Thybulle, défenseur déjà coté lui aussi, mais visiblement pas aussi téméraire. « Je ne pense pas que je pourrais le faire tout en gardant mon joueur en face de moi. Ces gars à qui [Dejounte] pique la balle sont des gars qu’on paye des centaines de millions de dollars pour s’assurer qu’ils ne la perdent pas. C’est un concept dingue de penser qu’il arrive à piquer le ballon si facilement à ces gars-là qui ont fait leur carte de visite de bien maîtriser le ballon. C’est leur truc. »

Le patron de la nouvelle génération

Tandis que Dejounte Murray s’est servi de la saison passée pour retrouver ses sensations et revenir au meilleur de ses capacités physiques après sa très grave blessure, il a bel et bien repris sa progression à pas de géants cette saison. Si ça n’est pas flagrant dans ses stats (encore que), avec 5 points, plus de 1 rebond et 1 passe en plus par rapport à la saison passée, c’est encore plus net sur ses balles perdues, en baisse (1.9 à 1.7) malgré un temps de jeu en hausse (25 à 32 minutes).

De plus en plus responsabilisé aux manettes des Spurs, Dejounte Murray semble avoir gagné ses galons auprès de Gregg Popovich. On pourrait dire qu’il a suffisamment fait ses preuves de sorte qu’il est désormais autorisé à jouer plus librement son jeu, tant qu’il respecte le plan de jeu collectif.

« À un moment donné, un coach et son meneur vont parler le même langage et comprendre ce qui se passe en match », confirme le coach. « Qui n’a pas touché le ballon depuis un moment ? Quel est le score ? De quoi a-t-on besoin ? Ça a pris un peu de temps pour que tout ça se mette en place parce qu’il a manqué beaucoup de matchs. Maintenant, il a passé suffisamment de temps avec moi, match après match après match, pour comprendre ce que je recherche, et en général, ce qu’il faut pour faire tourner une équipe et gagner des matchs. »

Pris en main par Chip Engelland, le maître Yoda du tir chez les Spurs, Dejounte Murray a commencé par shooter près du cercle pour reculer petit à petit. Sans brûler les étapes. Arrivés à la ligne des lancers, où il a tourné cette saison à 79% (contre 70 sa saison rookie), les deux hommes se sont depuis aventurés dans les vastes plaines de la mi-distance. Avant de penser aux périlleux territoires à 3-points. La dernière frontière pour Dejounte Murray qui tourne à un petit 33% en carrière…

« Il refuse des tirs à 3-points de temps en temps, et je dois aller le voir pour lui dire que le pire qui puisse arriver, c’est que le tir ne rentre pas », conclut Pop. « Ta famille va toujours t’aimer et tu auras quand même ton chèque. Que diable ! Shoote le prochain ! »

De plus en plus efficace, et à l’aise, sur le pick & roll, Dejounte Murray continue de peaufiner son jeu et de fourbir ses armes. S’il doit encore devenir plus dur et plus constant dans ses finitions près du cercle, Murray est pour ainsi dire, derrière Patty Mills et DeMar DeRozan, le « vétéran » de la troupe texane.

Avec Devin Vassell, Lonnie Walker IV et Luka Samanic qui ont fait partie de la dernière fournée, plus les Keldon Johnson, Jakob Poeltl et Derrick White déjà en place, Dejounte Murray incarne la nouvelle génération des Spurs. Une jeunesse conquérante qui doit désormais prouver sa valeur sur le terrain et ramener les Spurs sur le devant de la scène.

Dejounte Murray Pourcentage Rebonds
Saison Equipe MJ Min Tirs 3pts LF Off Def Tot Pd Fte Int Bp Ct Pts
2016-17 SAN 38 9 43.1 39.1 70.0 0.2 0.9 1.1 1.3 0.8 0.2 1.0 0.2 3.4
2017-18 SAN 81 22 44.3 26.5 70.9 1.4 4.3 5.7 2.9 1.9 1.2 1.7 0.4 8.1
2019-20 SAN 66 26 46.2 36.9 79.8 1.0 4.8 5.8 4.1 2.2 1.7 1.9 0.3 10.9
2020-21 SAN 67 32 45.3 31.7 79.1 0.9 6.2 7.1 5.4 2.0 1.5 1.7 0.1 15.7
2021-22 SAN 68 35 46.2 32.7 79.4 1.2 7.1 8.3 9.2 2.0 2.0 2.6 0.3 21.1
2022-23 ATL 74 36 46.4 34.4 83.2 0.7 4.5 5.3 6.1 1.4 1.5 2.2 0.3 20.5
2023-24 ATL 78 36 45.9 36.3 79.4 0.8 4.5 5.3 6.4 1.8 1.4 2.6 0.3 22.5
2024-25 NOP 31 33 39.3 29.9 82.3 0.5 5.9 6.5 7.4 2.0 2.0 3.4 0.4 17.5

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.

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