Si les Suns marchent très fort, c’est évidemment grâce à Devin Booker qui réalise encore des prouesses offensives, mais non loin derrière, c’est aussi l’effet Chris Paul.
En Arizona, le meneur vétéran a retrouvé Monty Williams, dix ans après leur première expérience en Louisiane. Mais de cette même équipe des Hornets, Chris Paul est également réuni avec Willie Green et Randy Ayers, désormais assistants à Phoenix. Tous trois avaient une relation forte avec CP3, un antécédent qui a inexorablement attiré le meneur vers Phoenix lors de la dernière intersaison.
Pour une cacahuète…
Sur les épaules de Chris Paul à 16 points et 10 passes de moyenne, les Hornets avaient réussi une belle saison à 46 victoires pour 26 défaites, poussant les Lakers de Kobe Bryant à six matchs avant de s’avouer vaincus au premier tour des playoffs.
Lors d’un match entre les Hornets et les Clippers en 2012, Monty Williams reçoit une cacahuète sur le crâne en provenance du public. Le coach se retourne et peut voir un individu qui se cache derrière son siège alors que ses voisins le pointent du doigt. Sur le banc des Hornets, Jarrett Jack est prêt à bondir sur le malfaisant, tandis que, côté Clippers, la recrue Chris Paul est prêt à en faire de même… C’est l’entraîneur qui le retient alors qu’ils sont désormais adversaires !
« Je me suis rendu compte à ce moment-là combien on était proche », soufflait récemment Monty Williams sur le site des Suns. « Dans ma tête, je pensais qu’il fallait que j’attrape Chris. Parce que je le connais, c’est un bulldog. [Sa réaction] m’a indiqué combien je comptais pour lui et je me suis rendu compte que j’avais un effet sur mes joueurs. Ils ne te le diront peut-être jamais mais leurs actions parlent pour eux. »
Intronisé entraîneur principal en 2010, après cinq ans en tant qu’assistant du côté de Portland, Monty Williams n’a pas mis longtemps à comprendre que Chris Paul était un joueur à part : « Chris a une capacité à rendre meilleur tout ce qui l’entoure. J’en ai été témoin. »
Sur cette période à La Nouvelle Orléans, Monty Williams n’a pas honte d’avouer qu’il a merdé. Selon lui, il « a ôté le pinceau de la main de Chris Paul » en voulant trop diriger la manœuvre offensive depuis le banc. Il voulait affirmer sa patte en tant que tout nouveau coach.
« J’ai repensé à cette période et c’était vraiment de cette manière que je voulais faire les choses. Je voulais essayer de montrer tout ce que je savais faire en tant que coach débutant. C’était vraiment un manque de confiance qui est embarrassant si on veut bien l’admettre. »
L’effet Chris Paul
GM à La Nouvelle-Orléans quand les Hornets avaient drafté Chris Paul en quatrième choix en 2005, Jeff Bower est aujourd’hui vice-président des opérations basket à Phoenix. Bras droit de James Jones, il a également pesé dans la balance pour recruter Chris Paul après sa belle saison à Oklahoma City.
Il faut dire que Jeff Bower connaît donc Chris Paul depuis belle lurette. C’est lui qui en a fait un haut choix de Draft quand beaucoup d’observateurs n’osaient pas se mouiller… Une quinzaine d’années plus tard, il a de nouveau plaidé la cause du meneur de petite taille sorti de Wake Forest.
« On pouvait voir les réactions de ses coéquipiers. Il y avait un sentiment que, peu importe ce qui se passerait, d’une manière ou d’une autre, ce serait quelque chose de bien » se souvient Jeff Bower. « C’était un gros point fort pour quelqu’un qui a la balle en main et contrôle le jeu comme lui. On était très impressionné par son profil et on était à l’aise avec tous les aspects qui font la personnalité de Chris. »
Meneur d’hommes avant même d’être meneur, Chris Paul a de nouveau eu un effet positif sur les Suns cette saison, les faisant passer d’équipe du ventre mou à, carrément, la 1ère place de la conférence Ouest. Mais ce n’est pas une surprise : Chris Paul avait déjà fait le coup dans toutes les franchises où il est passé.
Ses antécédents parlent pour lui : à la Nouvelle Orléans, les Hornets ont remporté 20 victoires de plus lors de la saison rookie de CP3. Ensuite, Chris Paul a transformé les Clippers en prétendant aux playoffs année après année, passant de 32 victoires avant lui, à 40 sa première saison et 56 la suivante. Chez les Rockets, qui étaient déjà très bons à 55 victoires sans lui, Chris Paul a tout de même offert son coup de boost habituel avec 10 victoires en plus pour 65, le record de franchise à Houston.
À Phoenix, il a pris le train en route, après la superbe expérience des Suns dans la dernière bulle. De 34 victoires, ils en sont déjà à 47 à l’heure de ces lignes (+13 donc), et ce, avec sept matchs encore à jouer…
« Il veut sortir le meilleur de toi-même, parfois même plus que tu ne le veuilles », assure Jarrett Jack, qui évoluait cette année en G-League au Ignite, et qui connaît Chris Paul depuis ses 11 ans. « Il veut que tu travailles aussi dur, que tu joues aussi dur et que tu te battes aussi dur, avec des coups de pied, des griffures, tout ce que tu peux, pour gagner. Tout le monde n’a pas ça en lui. Il a ce truc en plus, et c’est ça qui le met à part plus que tout. »
Une relation de confiance
Exigeant avec les autres, mais encore plus avec lui-même, Chris Paul a pu se prendre le bec avec ses coéquipiers, stars ou pas, afin de justement garder le bon équilibre entre les talents individuels et le collectif. Docteur en pick & roll, il semblait baisser le pied individuellement lors de sa deuxième campagne à Houston, mais avec le Thunder l’an passé, et les Suns cette année, il confirme qu’il se bonifie encore avec l’âge (16 points, 9 passes et 4 rebonds de moyenne à 35 ans).
Surtout, il prend plaisir à retrouver des méthodes qui lui correspondent en Arizona. C’est notamment ce qui avait bloqué à Houston, avec James Harden, frustré par son exigence perpétuelle…
« Si j’étais coach, pour ce qui concerne la préparation et tout ça, je serais Monty. Quand il s’agit d’enseigner des systèmes ou des mouvements, il ne laisse rien au hasard. Notre équipe est préparée pour chaque match, et c’est probablement une des choses que je respecte le plus chez lui. »
Dans sa seizième saison NBA, Chris Paul a les coudées franches à Phoenix. Il a deux jeunes superstars à ses côtés, Devin Booker sur les extérieurs et Deandre Ayton à l’intérieur, et plusieurs amis très proches sur le banc, voire dans les bureaux. Une situation idéale pour briller.
De fait, Monty Williams a appris de ses erreurs chez les Hornets. À Phoenix, il a rendu le pinceau à l’artiste, et il laisse parler son inspiration.
« Il y a des moments où je lui dis : vas-y ! Je lui fais signe et je lui dis de lancer un système. On a un niveau de confiance entre nous qu’on avait déjà à l’époque [de la Nouvelle-Orléans]. J’espère qu’on a cette confiance entre nous où, si j’ai vraiment envie de faire un truc, il le sait. Si je sens qu’il veut vraiment faire un truc, je sais qu’il a ma confiance pour le faire, et c’est quelque chose qui a évolué avec le temps. »
Chris Paul | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2005-06 | NOP | 78 | 36 | 43.0 | 28.2 | 84.7 | 0.8 | 4.3 | 5.1 | 7.8 | 2.8 | 2.2 | 2.3 | 0.1 | 16.1 |
2006-07 | NOP | 64 | 37 | 43.7 | 35.0 | 81.8 | 0.8 | 3.5 | 4.4 | 8.9 | 2.4 | 1.8 | 2.5 | 0.0 | 17.2 |
2007-08 ☆ | NOP | 80 | 38 | 48.8 | 36.9 | 85.1 | 0.8 | 3.2 | 4.0 | 11.6 | 2.3 | 2.7 | 2.5 | 0.1 | 21.1 |
2008-09 ☆ | NOP | 78 | 39 | 50.3 | 36.4 | 86.8 | 0.9 | 4.7 | 5.5 | 11.0 | 2.7 | 2.8 | 3.0 | 0.1 | 22.8 |
2009-10 ☆ | NOP | 45 | 38 | 49.3 | 40.9 | 84.7 | 0.4 | 3.8 | 4.2 | 10.7 | 2.6 | 2.1 | 2.5 | 0.2 | 18.7 |
2010-11 ☆ | NOP | 80 | 36 | 46.3 | 38.8 | 87.8 | 0.5 | 3.6 | 4.1 | 9.8 | 2.5 | 2.4 | 2.2 | 0.1 | 15.8 |
2011-12 ☆ | LAC | 60 | 36 | 47.8 | 37.1 | 86.1 | 0.7 | 2.9 | 3.5 | 9.1 | 2.3 | 2.5 | 2.1 | 0.1 | 19.8 |
2012-13 ☆ | LAC | 70 | 33 | 48.1 | 32.8 | 88.5 | 0.8 | 3.0 | 3.7 | 9.7 | 2.0 | 2.4 | 2.3 | 0.1 | 16.9 |
2013-14 ☆ | LAC | 62 | 35 | 46.7 | 36.8 | 85.5 | 0.6 | 3.7 | 4.3 | 10.7 | 2.5 | 2.5 | 2.3 | 0.1 | 19.1 |
2014-15 ☆ | LAC | 82 | 35 | 48.5 | 39.8 | 90.0 | 0.6 | 4.0 | 4.6 | 10.2 | 2.5 | 1.9 | 2.3 | 0.2 | 19.1 |
2015-16 ☆ | LAC | 74 | 33 | 46.2 | 37.1 | 89.6 | 0.5 | 3.7 | 4.2 | 10.0 | 2.5 | 2.1 | 2.6 | 0.2 | 19.5 |
2016-17 | LAC | 61 | 32 | 47.6 | 41.1 | 89.2 | 0.7 | 4.3 | 5.0 | 9.2 | 2.4 | 2.0 | 2.4 | 0.1 | 18.1 |
2017-18 | HOU | 58 | 32 | 46.0 | 38.0 | 91.9 | 0.6 | 4.8 | 5.4 | 7.9 | 2.4 | 1.7 | 2.2 | 0.2 | 18.6 |
2018-19 | HOU | 58 | 32 | 41.9 | 35.8 | 86.2 | 0.6 | 3.9 | 4.6 | 8.2 | 2.5 | 2.0 | 2.6 | 0.3 | 15.6 |
2019-20 ☆ | OKC | 70 | 32 | 48.9 | 36.5 | 90.7 | 0.4 | 4.6 | 5.0 | 6.7 | 2.3 | 1.6 | 2.3 | 0.2 | 17.6 |
2020-21 ☆ | PHX | 70 | 31 | 49.9 | 39.5 | 93.4 | 0.4 | 4.1 | 4.5 | 8.9 | 2.4 | 1.4 | 2.2 | 0.3 | 16.4 |
2021-22 ☆ | PHX | 65 | 33 | 49.3 | 31.7 | 83.7 | 0.3 | 4.0 | 4.4 | 10.8 | 2.1 | 1.9 | 2.4 | 0.3 | 14.7 |
2022-23 | PHX | 59 | 32 | 44.0 | 37.5 | 83.1 | 0.5 | 3.8 | 4.3 | 8.9 | 2.1 | 1.5 | 1.9 | 0.4 | 13.9 |
2023-24 | GOS | 58 | 26 | 44.1 | 37.1 | 82.7 | 0.3 | 3.6 | 3.9 | 6.8 | 1.9 | 1.2 | 1.3 | 0.1 | 9.2 |
2024-25 | SAN | 82 | 28 | 42.7 | 37.7 | 92.4 | 0.4 | 3.2 | 3.6 | 7.4 | 1.8 | 1.3 | 1.6 | 0.3 | 8.8 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.