Déjà en 2011, on avait retrouvé sa trace du côté d’Halifax, en Nouvelle Écosse. Eddie Robinson avait alors décidé de signer dans cette équipe du championnat canadien pour étendre un peu plus sa carrière de joueur.
Dix ans plus tard, l’ancien des Hornets et des Bulls y est encore. Mais, à 44 ans, il est désormais passé de l’autre côté de la barrière : il est devenu coach, au lycée du Prince Andrew.
« C’est paisible ici, pas besoin de flingues »
« J’adore le coaching, j’adore la ville, et j’adore l’environnement ici. C’est paisible ici, pas besoin de flingues », assure le natif de Flint dans le Michigan, sur NBC Sports. « Tout le monde est sympa, c’est un superbe endroit pour vivre. »
Comme il le dit sur sa bio Twitter, Eddie Robinson se considère comme « un gamin des rues qui a réussi à s’en sortir ». Quand on connait l’environnement de Flint, récemment revenu dans l’actualité avec une campagne menée par un autre NBAer natif de la ville, Kyle Kuzma, pour de l’eau propre et saine, on imagine effectivement que la Nouvelle-Écosse est paisible pour E-Rob.
En l’occurrence, Eddie Robinson est venu petit à petit au coaching. De fil en aiguille, il est passé du rôle de mentor officieux à coach officiel au lycée du coin.
« C’était arrivé à un point où je les entrainais mais quelqu’un d’autre les coachait. Je voulais vraiment m’occuper de ces gamins et leur donner un avenir meilleur. Maintenant, il s’agit de les amener au niveau supérieur, à l’université. »
En couple avec une locale de l’étape, Eddie Robinson prend du plaisir dans cette reconversion. Mais il doit lui aussi apprendre et adopter une toute autre approche que celle qu’il a pu connaître en NBA. Il s’agit là de jeunes adolescents, dans un petit lycée tranquille du « finistère » canadien.
« J’adore ça mais c’est aussi frustrant par moments parce que ça me donne matière à réflexion sur mon propre parcours et les problèmes que j’ai pu rencontrer avec différents coachs et ce qu’ils essayaient de me faire comprendre. Je comprends maintenant mieux ce qu’ils voulaient, d’essayer de me pousser à donner ce petit truc en plus. Je comprends ce qu’ils voulaient dire quand ils me disaient que j’étais meilleur que ça, que j’avais du potentiel, que je devais faire ci ou ça. Maintenant, j’ai des gamins qui ont eux aussi du potentiel mais il faut d’abord apprendre comment jouer et comment jouer dur. »
« Paul Silas n’avait pas de filtre ! »
Élevé à la dure dans le Michigan, Eddie Robinson doit s’adapter à sa nouvelle situation. Le monde, et le basket, ont bien changé depuis les années 90, quand il dominait la deuxième division de la NCAA, en terminant meilleur scoreur en 1999 à Central Oklahoma, dont il est encore, à ce jour, le seul joueur qui a atteint la Grande Ligue.
« Je ne peux pas être trop sympa parce que je dois être sur leur dos aussi. À notre époque, certains gamins prennent ça personnellement quand on les critique mais ça n’est pas le cas. C’est ce que tu as fait, donc je vais forcément en parler pour essayer que tu t’améliores et tu ne fasses pas les mêmes erreurs. »
Eddie Robinson fait souvent appel à sa propre expérience. En l’occurrence, sa période à Charlotte sous les ordres de Paul Silas.
« C’est comme ça qu’était Coach [Paul] Silas [le paternel de l’actuel coach des Rockets, Stephen Silas, ndlr]. Il te disait exactement pourquoi tu ne jouais pas. La première fois que ça m’est arrivé, j’étais rookie. J’avais réussi cinq tirs de suite et j’ai refusé six tirs derrière. Il m’a sorti du match et j’étais fou. Il me dit : ‘Ne me regarde pas comme ça, tu as lâché 12 putain de points. Va donc poser ton cul sur le banc et joue un peu de défense’. On ne peut pas être plus dans le vrai que ça ! Il n’avait pas de filtre. »
Au lycée, nul besoin d’être aussi vindicatif évidemment, mais Eddie Robinson aspire néanmoins à être dur et juste avec ses joueurs. À défaut de les faire arriver au niveau professionnel, sans parler de NBA, il serait déjà pleinement satisfait d’en envoyer quelques-uns en NCAA. Peu importe la division…
« Il faut être capable d’accepter les critiques. Mon équipe doit comprendre que ce sport nécessite plusieurs efforts. On a des gars qui vont tenter les interceptions en défense et ils croient que c’est fini. Mais non ! Si tu restes immobile sur un terrain de basket, tu es mort ! Il faut faire quelque chose, que ce soit poser un écran, aller au rebond, passer l’écran. Il faut comprendre tous les aspects du jeu. »
Un petit mix d’époque