Quand il a décidé de rejoindre l’université d’Howard, Makur Maker a marqué les esprits. Cela faisait quatre décennies (depuis Earl Jones en 1980) qu’un prospect aussi bien classé n’avait pas privilégié une université historiquement noire, les HBCU (« Historically Black Colleges and Universities »), devant les facs traditionnelles.
Le cousin de Thon et Matur a donc écarté les offres de la G-League ou d’universités prestigieuses, comme UCLA, Kentucky et Memphis. Pourquoi donc avoir fait ce choix si peu banal ?
« J’ose être différent », explique-t-il à The Undefeated. « Je me suis toujours considéré comme un leader. Je veux changer la culture actuelle, qui empêche des lycéens classés comme moi d’imaginer les HBCU comme des choix possibles. Je ne sais pas pourquoi, depuis 40 ans, pas un seul joueur classé aux États-Unis n’a décidé d’aller dans une HBCU. Mais je sais que, avec le mouvement Black Lives Matter, il ne faudra pas attendre 40 ans de plus pour que cela arrive à nouveau. »
Touché par l’histoire et les grands anciens de l’université
Peut-être est-ce la peur de voir sa place à la Draft être mise en danger par ce choix qui pousse les jeunes talents à le négliger. Pour Makur Maker, l’argument existe mais n’est pas assez fort pour le faire changer d’avis.
« Regardez des légendes comme Scottie Pippen, Rick Mahorn, Ben Wallace ou encore Charles Oakley. Ils ont tous fait carrière sans passer par une grande université. Oui, beaucoup ne considèrent pas les HBUC car ils sont nerveux. Ils pensent à la Draft, et aux critiques, aux commentaires qui seront faits sur eux. Ils ne veulent pas faire ce sacrifice. Je ne le vois pas ainsi. Je considère ça comme une contribution. Je suis un joueur capable d’être en NBA, donc je ne pense pas que ce choix aura un impact sur mon futur. »
Son intérêt pour l’université d’Howard est apparu en 2017-2018 et Makur Maker a été séduit par l’histoire du lieu, son atmosphère et ses anciens élèves. Parmi lesquels on retrouve la prix Nobel de littérature Toni Morrison, la star du rap P. Diddy (anciennement Puff Daddy) ou encore les acteurs Anthony Anderson et Chadwick Boseman.
« Peut-être qu’un jour on reviendra à l’époque où les meilleurs joueurs noirs pensaient aux HBUC »
Il pense également que le jeu pratiqué ressemble plus à celui de la NBA qu’ailleurs.
« Je me dis que si LaMelo Ball peut aller en Australie et tout de même être considéré comme un haut choix de Draft, pourquoi pas le faire à Howard ? Les gens négligent beaucoup le niveau de compétition de la MEAC (Mid-Eastern Athletic Conference). Le style et le rythme sont similaires à celui de la NBA d’après moi. Il faut lire et réagir face aux situations. Donc cela va m’aider à me préparer pour la NBA. »
Une NBA qu’il pourrait intégrer en 2021 après avoir laissé derrière lui l’image qu’un lycéen de renom peut réussir dans une HBUC. C’est son objectif.
« Qui sait, peut-être qu’un jour on reviendra à l’époque où les meilleurs joueurs noirs pensaient aux HBUC. Une époque où ce ne sera pas une surprise de voir un joueur de HBUC être drafté et devenir un grand professionnel. J’ai choisi cette université car je m’y sentais chez moi. C’est là que je vais commencer et laisser mon héritage. Si je peux aider à changer cette culture en allant à Howard, pour que des joueurs me rejoignent ou suivent mes pas. En passant de ‘et si ?’ à ‘qui sera le prochain ?' »