Chris Mullin, Tim Hardaway, Mitch Richmond et… Patrick Ewing dans la même équipe ? Au début des années 1990, l’idée d’une telle association du pivot des Knicks au trio infernal du « Run TMC » aurait eu de quoi faire saliver plus d’un fan des Warriors. L’ancien président des Knicks, Dave Checketts, rapporte aujourd’hui que la franchise californienne avait un plan en tête pour faire de ce fantasme une réalité.
Retour en 1991. Dave Checketts, tout juste arrivé à la tête de la formation new-yorkaise, doit négocier la prolongation de contrat de Charles Oakley, avec l’agent de ce dernier, Bill Pollak. Au cours du dîner entre les deux hommes, le dossier Ewing s’invite à la table. Le président des Knicks apprend alors que les Warriors manigancent quelque chose pour récupérer le pivot déjà multiple All-Star.
Outre Oakley, Bill Pollak est également le représentant de Chris Mullin. Et selon l’agent, les Warriors pousseraient leur shooteur à changer son contrat pour lui permettre d’être mieux payé. Injecter plus d’argent sur une vedette avec l’espoir d’en attirer une autre ? À première vue, l’opération semble paradoxale.
Être dans le Top 4 de plus gros salaires
L’explication tient au contrat signé par Patrick Ewing en 1985 et à une clause pour le moins notable. Elle stipule que le joueur pourrait devenir « free agent » si, au bout de six ans, il ne compte plus parmi les quatre joueurs les mieux payés de la ligue. Avec ses 4,3 millions de dollars touchés pour la saison 1990-1991, Patrick Ewing dispose tout simplement du plus gros salaire NBA alors que Chris Mullin occupe la 5e place (2,9 millions).
Seulement pour la saison suivante, le contrat du pivot prévoit une baisse de salaire conséquente, à hauteur de 3,1 millions de dollars. L’équation des Warriors est simple : si la rémunération de Patrick Ewing baisse et que celle de Chris Mullin augmente, le pivot peut sortir du Top 4 des meilleurs salaires et ainsi avoir la liberté de signer à Golden State ! Une idée, selon Dave Checketts, à laquelle adhère le pivot.
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Encore faut-il convaincre Chris Mullin de jouer le jeu… « Écoute, Mullin vient de New York, » lâche alors l’agent du joueur au président des Knicks. « Il ne veut pas coopérer et être la raison pour laquelle Ewing quitte New York. Il est assis entre deux chaises parce que s’il fait en sorte que cela arrive, tu as Mullin, Tim Hardaway, Mitch Richmond et Patrick Ewing aux Warriors, ils gagneraient un paquet de titres. »
Les Knicks menacent de poursuivre les Warriors
La réponse de Dave Checketts aux Warriors ne se fait pas attendre : « Messieurs, je sais ce que vous faites et je comprends tout à fait pourquoi. Et je vous dis que si vous allez au bout, j’ai 17 avocats au Madison Square Garden qui se tournent les pouces. Si vous le faites, je vous poursuis pour ingérence contractuelle. »
Et le dirigeant new-yorkais, furieux, de poursuivre sa menace : « Je ferais en sorte que vous ne puissiez pas jouer au basket pendant des années parce que la mauvaise foi que vous allez générer dans la ligue parmi les propriétaires sera dévastatrice pour vous. »
Mais les velléités des Warriors ne sont pas le seul souci que Dave Checketts doit gérer car dans le même temps, Patrick Ewing lui-même réclame un arbitrage… pour pouvoir devenir « free agent » ! « J’ai déposé cette requête pour exercer les droits qui m’ont été accordés par les Knicks en 1985 », justifie le joueur qui veut visiblement faire grimper son salaire.
Patrick Ewing « jaloux » du salaire de Larry Bird
« Patrick savait que ce geste serait critiqué et savait également ce qu’il risquait de perdre, » lâche son agent David Falk. « Mais par principe, il se devait de contester sa situation dans la mesure où 7,1 millions de dollars est supérieur à 3,1 millions de dollars (ndrl : le salaire du pivot pour la saison suivante). » L’agent fait ici référence au salaire record qu’un certain Larry Bird doit toucher et qui est susceptible d’éjecter Patrick Ewing de ce fameux Top 4 des plus gros salaires.
Bémol : sur ce total de 7,1 millions de dollars, seuls 2,2 millions de dollars sont considérés comme du salaire tandis que le reste provient de primes à la signature de son contrat. Daniel Collins, le médiateur du contentieux entre Patrick Ewing et son club estime ainsi qu’à la date du 1er juin 1991, seuls Michael Jordan, John Williams (Cavaliers) et Hakeem Olajuwon sont mieux payés que le pivot.
« Je n’accepte pas l’affirmation d’Ewing selon laquelle il y avait un quatrième joueur, Larry Bird », écrit Daniel Collins en donnant ainsi raison aux Knicks, au grand dam d’Ewing, soutenu par l’association des joueurs.
Bilan des comptes : ni Chris Mullin, ni Patrick Ewing ne changeront finalement leur contrat à l’époque. Et malgré ce contentieux contractuel, le pivot restera neuf saisons supplémentaires à « Big Apple ».