La fin de saison régulière a été compliquée, les Spurs ont pris l’avantage du terrain dès le premier match, mais Denver montre son caractère et n’est plus qu’à une victoire des demi-finales de conférence, le tout face à une référence de la postseason à l’Ouest depuis 22 ans.
« J’ai beaucoup aimé la façon dont nous avons répondu. Cette équipe a bien grandi depuis le Game 1 ». Mike Malone a bien résumé la progression de ses protégés après ce Game 5 remporté avec la manière pour permettre à Denver de mener 3-2.
Apprentissage accéléré
Après avoir comparé son opposition avec Gregg Popovich à une partie d’échecs face à une des légendes de ce jeu, Pop lui a donné le plus beau des compliments cette nuit : « Dites à Mikey que Bobby Fischer a fait de son mieux. Ils nous ont dominés dans tous les secteurs de jeu ».
Punis depuis deux saisons où ils ont terminé à la pire place, aux portes des playoffs, les Nuggets ont réussi un exercice 2018-2019 exceptionnel, conclu à trois petits matchs des Warriors. Malgré ça, la fin de saison régulière difficile et le premier match de playoffs perdu à la maison face aux Spurs, experts en la matière, avaient participé à noircir le tableau et à tout remettre en cause. Il faut dire que dans les rangs de Denver, près de 80% de l’effectif disputait sa première série éliminatoire (seuls Will Barton, Paul Millsap et Mason Plumlee – sans oublier Isaiah Thomas – y avaient déjà pris part).
Autant dire qu’au soir du Game 1, les Nuggets semblaient repartir de loin. Mais depuis, les troupes de Mike Malone ont retrouvé de leur superbe, notamment grâce à leur coach qui a su faire les choix justes pour remettre son équipe sur les rails. Après le Game 3, il a notamment fait passer Gary Harris en défense sur Derrick White et a décidé d’intégrer Torrey Craig à la place de Will Barton dans son cinq majeur pour mieux contenir DeMar DeRozan. Résultat : deux victoires !
Jamal Murray a repris le contrôle
Dominé par Derrick White, héros du Game 3 avec ses 36 points, Jamal Murray a lui repris des couleurs, avec son tomar sur Rudy Gay en guise de détonateur dans la deuxième mi-temps du Game 4 et deux derniers matchs conclus à 24 et 23 points. De son côté, Derrick White est redescendu de son nuage, cumulant 20 points à 8/19 au tir lors de ses deux dernières sorties.
« Je crois que nos gars ont réalisé après les trois premiers matchs que Derrick White était en passe de devenir le MVP de cette série », souligne Mike Malone. « On a vraiment fait un super job ces derniers matchs, à essayer de limiter son impact. Ça a beaucoup joué dans notre succès ».
Difficile en même temps de pointer du doigt un joueur sophomore qui vit sa première saison en tant que titulaire et ne comptait que 18 minutes au compteur en playoffs avant le début de la série.
« Les playoffs sont différents de la saison régulière. Il continue de grandir, chaque soir participe à son éducation, qu’il joue bien ou mal », a rappelé Gregg Popovich. « C’est un jeune homme plein de bonne volonté qui a un grand avenir. Il doit passer par ce genre d’expériences. J’espère qu’il rebondira lors du prochain match ce jeudi ».
L’impact retrouvé de Nikola Jokic
Son premier match avait été marqué d’une performance historique puisqu’il était devenu le quatrième joueur à enregistrer un triple-double pour son premier match de playoffs. Mais les prises à deux avaient terriblement limité à la finition. Avec ces 14 rebonds et 14 passes décisives, Nikola Jokic n’avait ainsi pu inscrire que 10 points. Depuis, il tourne à 22 points, 11 rebonds, 8 passes et son impact est un peu plus important à chaque rencontre. À mesure qu’il lit mieux la défense adverse.
« C’est un défi de défendre sur tous les grands joueurs » poursuit Gregg Popovich. « Il peut faire un peu de tout et fait bien toutes ces choses. C’est le joueur d’équipe par excellence, qui a de grandes qualités, mais qui est aussi compétitif. Il fait un excellent travail et possède un QI basket très élevé. »
Catalyseur de l’attaque des Nuggets, le pivot serbe a donné le ton cette nuit avec un dunk en sortie de pick-and-roll sur sa première action. Il s’est ensuite distingué avec deux paniers à 3-points de suite pour boucler le 3e acte. Deux missiles qui ont mis fin aux derniers espoirs des Spurs et poussé Gregg Popovich à garder ses starters au chaud dans le dernier acte.
« La ligue est remplie de super joueurs. Mais ce que fait Nikola Jokic dans sa première série de playoffs n’est pas arrivé souvent dans l’histoire de ce jeu », ajoute Mike Malone. « Encore ce soir, 16 points, 11 rebonds, 8 passes…J’ai failli le mettre sur les rotules. Ces 3-points à la fin du 3e quart-temps ont aussi été importants. Il peut impacter le jeu de tellement de façons différentes. J’espère que le public, les gens derrière leur télé nous regardent et disent : « Ce Nikola Jokic, c’est quelque chose ». Nous, on le sait, mais il est temps que tout le monde le réalise ».
Enfin, l’apport du banc a encore été à mettre à l’avantage des Nuggets : Will Barton, Malik Beasley et Monte Morris ayant (encore) dominé le fameux trio de benchers texans Patty Mills, Marco Belinelli et Rudy Gay.
Deux balles de match
L’appétit vient en mangeant et les Nuggets sont loin d’avoir la panse bien remplie. « On prend beaucoup de plaisir actuellement », confirme Jamal Murray. « On apprend de nos erreurs, de nos hauts et de nos bas. On a eu des pépins physiques durant toute la saison, mais, playoffs ou pas, on prend beaucoup de plaisir à faire le boulot ».
Mike Malone met davantage les choses en perspective par rapport à son groupe et ce premier tour qui est tout sauf un cadeau face à une telle mécanique, un collectif bien pensé à la hiérarchie bien établie. Mais lui aussi ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. L’objectif reste le même qu’il y a dix jours : passer ce premier tour avant de penser à Portland.
« C’est la première série de playoffs pour beaucoup de nos joueurs, rappele-t-il. « Premier match de playoffs, premier match de playoffs à l’extérieur… Se présente maintenant notre première opportunité de terminer la série. La plupart de nos joueurs n’ont jamais connu cette situation. Tout ce que je leur ai dit, c’est que ça allait être le match le plus dur de leur carrière. Sortir un adversaire comme San Antonio chez eux va être une des choses les plus compliquées qu’on ait eu à faire. »
Tel un tennisman avec deux balles de match en poche, le stratège des Nuggets sait que les échanges à venir ne seront pas les plus simples. Son groupe est prévenu. Rendez-vous demain soir à l’AT&T Center pour voir comment il se comportera dans cette situation inédite pour beaucoup d’entre eux.