Les Bucks enfin pris au sérieux

Il suffit parfois du coach idoine pour qu’une franchise décolle.

Les Warriors peuvent en témoigner puisque c’est l’arrivée de Steve Kerr qui a permis d’en faire une formidable machine à gagner. À Milwaukee, on espère que Mike Budenholzer sera l’homme de la situation. Ça en prend le chemin puisque l’équipe pointe à la deuxième place de sa conférence, et elle vient carrément de gifler les Warriors à l’Oracle Arena.

« Je pense que leur situation est très similaire à la nôtre il y a quatre ans » estime Stephen Curry, interrogé par ESPN. « Un changement de décor est parfois utile. Il en sort un petit surplus d’énergie, un petit changement dans l’objectif et les perspectives, et cette petite différence peut débloquer les choses. C’est encore très tôt. Ils font ce qu’il faut. C’est important quand on possède un tel potentiel de prendre un bon départ, mais la saison est censée donner forme à tout ça. »

Plus de passes, beaucoup plus de 3-points

Plus ancien joueur de l’effectif, Khris Middleton a tout vécu à Milwaukee, et il a joué pour six entraîneurs en… sept ans. Difficile de construire quelque chose avec autant d’instabilité.

« Je pense que les équipes commencent à comprendre et réaliser que nous ne sommes plus les Bucks d’il y a six ans, quand je suis arrivé. On est une équipe totalement différente de la saison passée. »

Pour Eric Bledsoe, c’est la philosophie de jeu du coach qui change tout. Comme aux Hawks, Mike Budenholzer mise d’abord sur le jeu collectif. Certes, l’ancien bras droit de Gregg Popovich possède en Giannis Antetokounmpo un joyau exceptionnel, mais les Bucks ne cherchent plus les exploits personnels. Et quand les Warriors, privés de Draymond Green, ne montrent aucune envie en défense, ça se traduit par des paniers faciles, près du cercle, avec 84 points inscrits dans la peinture !

« Je pense qu’on adhère complètement. On fait une tonne de passes décisives » adore Eric Bledsoe, très bon cette nuit. « L’année dernière, nous n’avons sans doute pas fait un seul match à 20 passes, et cette saison, on tourne sans doute à 20 passes de moyenne. C’est énorme pour nous. »

Pour être précis, et corriger les chiffres du meneur, les Bucks tournent à 27 passes de moyenne cette saison, et ils sont 2e de la NBA derrière… les Warriors. La saison passée, ils étaient 14e avec 23 passes en moyenne. Eric Bledsoe exagère donc, mais c’est aussi la preuve que les joueurs eux-mêmes, au-delà des stats, ressente un vrai changement dans le jeu.

« On est beaucoup plus structuré »

Autre changement notable : l’utilisation du tir à 3-points. Milwaukee est numéro 1 de la ligue avec 45% de leurs tirs pris de loin pour plus de 40 tentatives ! La saison passée, les Bucks prenaient moins de 25 tirs à 3-points par match… Là encore, ce n’est pas surprenant dans le basket de Mike Budenholzer, mais tous ses joueurs s’y mettent. Même John Henson. L’intérieur contreur des Bucs n’avait pris que 13 tirs à 3-points en six ans, et il en déjà à… 24 en 11 matchs !

« Je pense que ça surprend les gens », estime Malcolm Brogdon. « Coach Bud nous permet de shooter en confiance, et le fait d’en mettre beaucoup nous apporte une dimension totalement différente. Je ne dirais pas que c’est la plus grosse différence. Je dirais qu’on est beaucoup plus structuré. On a de multiples systèmes dans lesquels on peut se positionner, et il y a simplement davantage de fondation plutôt que d’évoluer en freestyle. »

Conscients de leur potentiel et de la solidité du système mis en place, les Bucks n’ont plus peur d’affirmer leurs ambitions : « On a le sentiment d’être l’une des meilleures équipes » conclut ainsi Khris Middleton. « On a perdu un match à Portland mais on continue de penser qu’on fait partie des meilleurs. On entre sur le terrain en essayant de gagner à l’extérieur dans des conditions difficiles. Même en difficulté, on va se battre pour revenir au score. »