Après quatre apparitions en présaison, Elie Okobo tourne à 4 points en 15 minutes de moyenne. Le rookie français de 20 ans est, de son propre aveu, encore timoré chez les Suns, mais il poursuit son tout jeune apprentissage de la Grande Ligue.
Souvent en discussion avec son coach, Igor Kokoskov, en bord de terrain, il n’a pas forcément développer son meilleur basket face aux Blazers, avec 4 points et 1 passe en 15 minutes mais l’ancien de Pau continue de tracer sa route. Avec un poste de meneur à prendre, Elie Okobo continue son travail de l’ombre à l’entraînement pour gagner ses galons en toute discrétion.
BasketUSA a rattrapé le Frenchy dans les vestiaires du Moda Center pour faire le point sur les objectifs de sa saison rookie, ses premières impressions et les perspectives qui s’ouvrent à lui en Arizona.
« Je veux apporter quelque chose à l’équipe le plus rapidement possible »
Elie, comment vous sentez-vous sur ces premiers matchs de présaison ? Quelles sont vos premières impressions de l’univers NBA que vous découvrez ?
« Ça va, je suis content, ça se passe assez bien. Après, c’est sûr qu’il reste beaucoup de travail à faire. Mais c’est ce que je fais. Je travaille beaucoup tous les jours pour être prêt pour la saison, progresser et apporter quelque chose à l’équipe. Je suis motivé. »
Votre coach, Igor Kokoskov, nous précisait qu’il vous balance beaucoup d’informations dans la tête en ce début de saison. Est-ce que vous confirmez ? Et comment faites-vous pour intégrer toutes ces données ?
« C’est sûr. En tant que meneur, il y a beaucoup d’informations. Il faut savoir comment joue chacun de ses coéquipiers, il faut connaître les systèmes, savoir à quel moment on est dans le match, mais c’est mon rôle aussi. Et c’est ce qu’il faut pour devenir un très bon meneur. J’écoute, j’apprends, je fais des erreurs, je n’en fais pas, c’est mieux, c’est moins bien… Mais dans tous les cas, je continue à travailler dur, que ça se passe bien ou mal, et il me tarde que la saison commence. Et que ma progression avance en même temps. Sur ces trois dernières années, j’ai connu une progression constante. Chaque année, j’évolue et je veux continuer. Je suis motivé et j’ai envie de progresser. La NBA, c’est un niveau au-dessus… »
En termes de déplacements entre les villes, d’intensité physique en match, votre adaptation au jeu NBA se passe-t-elle comme vous l’aviez prévu ?
« On en a parlé avant la saison. Il faut prendre le rythme, c’est un autre monde, ça change de la France. Il y a beaucoup de déplacements, on a 82 matchs. On en avait 36 je crois en France. Donc il faut vraiment prendre soin de soi, de son corps. Bien savoir quand il faut se reposer ou aller travailler. »
Votre charge de travail a bien changé on imagine par rapport à la France, comment s’est passée la préparation (le camp d’entraînement) avec les Suns en amont de la présaison ?
« C’était intense quand même en préparation. On a fait beaucoup de travail individuel avant de commencer avec l’équipe au complet. Les joueurs sont arrivés petit à petit mais, nous les rookies, on est arrivé beaucoup plus tôt. Ensuite, il y a eu le camp d’entraînement à Flagstaff, à 2h de Phoenix. C’était intense, c’était pendant cinq jours. Ça m’a rappelé un peu les prépas qu’on fait avec les équipes de France avant les grosses compétitions. C’était intense, il faut être prêt. Mais c’est ce qu’il faut aussi pour trouver de la cohésion dans le groupe. Et remplir notre objectif d’être la meilleure progression de la NBA cette saison. »
Coach Kokoskov est un entraîneur avec une grosse expérience, en NBA comme en FIBA. Est-ce un point positif pour vous d’avoir un coach européen, qui connait les deux mondes en quelque sorte ?
« C’est un coach très intelligent, qui est très précis, qui nous fait travailler très dur. Il a beaucoup de systèmes en tête et il nous en parle souvent. Il faut que tous les joueurs arrivent bien à les comprendre pour les mettre en place sur le terrain. Il est très carré, très droit. Il nous fait bosser dur parce qu’il ne veut pas qu’on reproduise la même saison que la saison passée. »
Est-ce qu’il est encore plus strict avec vous ? Avec les rookies en général ?
« Je ne sais pas trop. Il peut pousser tout le monde, sur le terrain comme à la vidéo. Mais c’est vrai que pour nous, les rookies, il faut qu’on soit prêt et qu’on soit présent. C’est comme quand j’ai fait mes débuts en Pro A avec les coachs que j’avais. Il faut se donner à fond, apporter de l’énergie et progresser. Comprendre le jeu et comprendre ce qu’on nous demande de faire. »
Le poste de meneur est ouvert chez les Suns, pensez-vous pouvoir décrocher la place de titulaire à terme ? Est-ce votre objectif de rentrée si on peut dire ?
« C’est sûr, mais ça va venir avec le travail. Et avec la confiance aussi. Je suis très motivé pour ça, j’ai envie de me donner, d’apporter quelque chose à l’équipe le plus rapidement possible. Et ça passe par le travail. Et c’est ce que je fais depuis que je suis arrivé ici, et c’est ce que je vais continuer à faire. »
« J’ai Golden State le 22 octobre, et les Lakers le 24. Et le 23, c’est mon anniversaire »
Justement, en sachant que le tir va et vient, pensez-vous pouvoir apporter très tôt en étant présent en défense ? En trouvant une identité d’energizer d’emblée ?
« C’est ça. Etant un joueur de première année qui n’aura pas forcément un grand temps de jeu, la chose que le coach veut voir avant tout, c’est l’énergie. On a pas mal de joueurs qui peuvent apporter offensivement mais quand je suis sur le terrain, je ne dois pas faire d’erreurs, bien gérer le jeu en tant que meneur et apporter de l’énergie des deux côtés du terrain. C’est la clé. »
De l’extérieur, on a un peu l’impression que vous manquez encore de confiance en vous (sur le tir, sur le drive même), et ce depuis la ligue d’été quand on avait un peu discuté déjà : est-ce une mauvaise impression ou est-ce fondé ?
« Oui, un peu. L’adaptation de tout ça. Il y a eu la Summer League, maintenant, c’est la présaison. On se rapproche vraiment de la vraie saison NBA. Il y a toujours un peu de nervosité car je veux être performant et bien jouer mais il faut vraiment que j’arrive à me relâcher et jouer comme je sais le faire. Parce que je sais jouer au basket aussi, je ne suis pas là pour rien non plus. Il faut pouvoir se relâcher et ça ira tout seul. »
Quel peut-être le déclic ? Quand va-t-il se faire selon vous ?
« Avec le travail aussi, je vais voir ma progression. Je vais me sentir plus à l’aise. C’est un travail à faire sur soi mais ça va venir. »
Avec un peu de recul maintenant, comment s’est passé votre été de drafté ? Quelles ont été les émotions en revenant en France après la ligue d’été, quand vous nous disiez justement avoir hâte de vous poser un peu ?
« Déjà à la Draft, j’étais l’homme le plus heureux du monde. En plus, j’ai pu partager ça avec ma famille, ma copine, mes agents. Tout le monde à New York avec moi, c’était quelque chose d’incroyable. Et derrière, j’ai enchaîné le travail pour préparer la Summer League. Tout s’est enchaîné rapidement et je suis arrivé en France le jour-même de la finale de la Coupe du Monde. Je suis arrivé trois heures avant la finale. J’ai posé ma valise chez moi et je suis parti en ville, à Bordeaux, pour voir le match. Et la victoire derrière. C’était un bel été. Et puis, j’ai pu me poser aussi un peu, j’ai pris quelques jours de vacances. Ensuite, retour au travail en France, puis à Phoenix où j’ai pu m’installer comme il faut aussi. »
Maintenant, tout ça est derrière vous…
« La Draft, c’était un rêve quand j’étais petit. Ensuite, c’est devenu un objectif et maintenant que c’est passé, c’est juste une étape de ma carrière. Place à la saison NBA, ma saison rookie. Être performant et essayer d’avoir un rôle de plus en plus important dans l’équipe au fur et à mesure. »
Avez-vous un mentor, un joueur qui vous a pris sous son aile comme le veut l’expression consacrée ?
« Pas vraiment, je parle beaucoup à tous les joueurs. Je peux parler à DeAndre [Ayton], à Isaiah Canaan, avec Tyson Chandler, avec Booker, avec Josh [Jackson]… Enfin, un peu tout le monde. On se dit les choses. On échange beaucoup, tous. »
Avez-vous coché un match en particulier sur votre calendrier de la saison ? Y a-t-il un joueur que vous avez hâte de croiser sur les parquets cette année ?
« J’ai Golden State le 22 octobre, et les Lakers le 24. Et le 23, c’est mon anniversaire. Donc, ce serait pas mal d’avoir ces deux victoires en tant que cadeau. C’est Steph Curry et Kevin Durant d’un côté, et puis LeBron de l’autre. Ce sont des joueurs que je regarde depuis pas mal d’années. Surtout LeBron, c’est mon joueur préféré et ça sera la première fois que je le rencontrerai. Ça va être impressionnant. Mais maintenant, je suis un joueur NBA comme lui et c’est la compétition. »
Vous n’avez effectivement plus le droit d’être fan maintenant…
« C’est ça, je ne serai plus fan. C’est sûr que ça va faire bizarre de le voir en vrai au début, que ce soit à l’échauffement ou sur le terrain. Mais c’est la compétition, je suis un joueur comme lui et j’ai envie de gagner. »
Propos recueillis à Portland
Son match à 8 points, 5 rebonds, 3 passes face à Sacramento
https://www.youtube.com/watch?v=NAJ4R7tqDmo