Après sa tournée en Asie, Stephen Curry a fait un détour par la France ! C’est en compagnie de Sonya et Dell, ses parents, que la star des Warriors s’est présentée sur le playground de Saint-Paul à Paris, dans le cadre d’une tournée promotionnelle pour Under Armour. Si le rythme de la journée fut haletant et ponctuée par le clinic destiné à des adolescents triés sur le volet par la fédération, le numéro 30 de Golden State a accordé quelques minutes à Basket USA et quelques confrères.
Avec Golden State, vous êtes encore les favoris pour la saison prochaine. Comment faites-vous face à cette pression ?
On essaie le plus possible de rester dans le moment présent car toutes les équipes se préparent pour la saison… Il y a 29 autres équipes qui essayent de nous battre, de nous dégager du sommet donc nous devons être intelligents. Je sais que chaque gars de notre équipe s’est donné à fond tout au long de l’été pour progresser mais je comprends aussi que cette année sera totalement différente de l’an passé. On ne peut pas répéter exactement la même chose et s’attendre au même résultat. Nous devons évoluer, ajouter les nouveaux éléments. Je pense que… l’on a ce qu’il faut, évidemment. Il faut juste être patient et rester dans l’instant présent.
Comment avez-vous appris que DeMarcus Cousins pourrait signer à Golden State et quelles sont vos attentes après son arrivée ?
Entre le moment où je l’ai appris et le moment où il a signé, ça a duré quatre heures. C’était rapide. Mais je sais simplement ce qu’il a traversé ces six derniers mois, comment il veut revenir de sa blessure… Ça va être incroyable d’essayer de l’intégrer à notre système, à notre équilibre et je pense qu’il sera la pièce supplémentaire pour nous amener à un niveau encore plus haut. Et il a une grande opportunité, sa blessure était un coup dur mais le fait qu’il puisse revenir avec notre groupe et apporter son talent, ça devrait être sympa.
Auparavant, tous les enfants voulaient être Mike (Michael Jordan). Désormais, tout le monde, coaches compris, disent que les enfants veulent être comme Steph. Qu’est-ce que cela vous fait ?
C’est vraiment dingue. J’ai grandi en regardant certains gars et en essayant d’imiter ce qu’ils faisaient : Steve Nash et Reggie Miller, je voulais être ces deux gars réunis. Tout le monde voulait être Jordan, tout le monde voulait abaisser le cercle et dunker comme Shaq ou voler comme Vince Carter, ce genre de trucs. Donc le fait d’être dans cette position où le jeu change, avec des équipes où les joueurs pensent pouvoir influencer les choses en shootant à 3-points, j’apprécie ça. J’espère aussi que cela permet de faire comprendre le message, de l’intensité de ma façon de travailler, de l’importance des détails. Un peu comme je viens de l’enseigner à ces gamins [sur le playground de Saint-Paul]. On peut tous apprendre à shooter mais au bout du compte, il faut aussi le travailler. C’est une façon très sympa de jouer mais on ne peut pas juste se pointer au gymnase, shooter de 10 mètres et s’attendre à ce que cela rentre.
Malgré votre état d’esprit collectif, pensez-vous à la trace que vous souhaitez laisser à titre personnel et, de fait, aux trophées qui vous manquent comme le MVP des Finals ?
J’y pense de temps en temps car cela fait partie du jeu en termes de réussite et d’objectifs à atteindre. Le piège, c’est plutôt la façon dont vous y pensez. Personnellement, je l’ai à l’esprit puisque si vous gagnez des matchs, faites votre travail au quotidien, jouez à un haut niveau, continuez de progresser, poussez vos coéquipiers à progresser, tout cela arrivera naturellement. Tout le monde se donne à fond en NBA, tout le monde est là pour une raison. Le talent est dingue, c’est une ligue compétitive donc j’apprécie chaque récompense que je reçois. Le trophée de MVP des Finals fait partie de ceux que je n’ai pas reçus mais je sais comment j’ai joué dans chacune de ces finales et j’ai trois titres NBA grâce à ma manière de jouer… Cela ne gâche aucunement comment je me sens. Ce serait bien d’en avoir un, ne vous méprenez pas mais si tout se passe bien, cela m’arrivera à l’avenir.
« J’ai pu rencontrer Ray Allen à mes 10 ans »
Le directeur artistique du Ballet d’Oakland a évoqué la beauté de votre jeu et sa dimension artistique. Avez-vous conscience de ça ?
J’ai toujours eu un état d’esprit créatif quand il s’agit du jeu, que ce soit le shoot ou la passe. Je me suis regardé en vidéo, dans chaque détail, notamment au niveau de l’équilibre, comment mon corps se positionne lorsqu’il reçoit la balle mais pour être honnête, je maîtrise la façon dont mon corps fonctionne et je m’y entraîne, cela devient de la mémoire musculaire et ça prend le pas. Ainsi, pendant un match, je n’ai plus à y penser. C’est donc en partie dû au travail que je fais mais il y a peut-être une part artistique en termes de mouvement, de fluidité, ce qui est plutôt cool.
Comme Reggie Miller, son parrain pour la cérémonie, Ray Allen vient d’être présenté au Hall of Fame. Quand on parle du shoot à 3-points, cela fait un « Big Three » avec vous. Quelle est votre relation vis-à-vis d’eux ?
Quand tout le monde parlait du tir à 3-points, c’était les deux noms qui me venaient immédiatement à l’esprit. Je crois que c’était un an avant mon entrée dans la ligue lorsque Ray Allen a dépassé Reggie au nombre de 3-points en carrière. C’était évidemment une réussite incroyable, quelque chose que j’espère faire moi-même à l’avenir. Quand je pense aux plus grands shooteurs de tous les temps, je suis dans la course mais la longévité a évidemment quelque chose à faire dedans. J’adorais Reggie, tout ce qu’il faisait, sa manière de bouger constamment, de se démarquer pour avoir un tir ouvert. Ray Allen, mon père a joué un an avec lui à Milwaukee donc j’ai pu le rencontrer à mes dix ans, c’était une super expérience. Quand je pense à ma position, j’ignore combien de 3-points il me manque mais je respecte tellement Ray et Reggie, c’est déjà une grande réussite que d’être dans la discussion avec eux.