Malgré la correction reçue face aux Warriors samedi, les Sixers continuent de développer un jeu séduisant. À Golden State, ils ont même tenu deux quart-temps et demi avant de lâcher face au rouleau compresseur de Steve Kerr. Si leur bon début de saison est unanimement attribué aux performances de Ben Simmons et de Joel Embiid, les bases de leur succès proviennent avant tout du système mis en place par leur entraineur, Brett Brown.
Après de longues années en Australie, où il entraina d’ailleurs le père de Ben Simmons, Brown a passé plus de dix ans à San Antonio sous l’égide de Gregg Popovich avant de prendre la tête des Sixers en 2013. Pendant que Sam Hinkie mettait le « process » en route et que les défaites s’enchainaient, Brown était lui à l’ouvrage pour poser les fondations de sa philosophie de jeu. Altruisme, mouvement de la balle et des joueurs, sacrifice pour le collectif, une recette qui a fait ses preuves avec les Spurs et que l’on retrouve mot pour mot dans le vestiaire des Warriors.
« Steve (Kerr) et moi, nous nous connaissons depuis une éternité, » décrivait Brown avant la rencontre entre leurs deux équipes. « Son expérience en tant que joueur, mon expérience avec Pop, et la façon dont nous voyons le monde en général sont similaires. L’altruisme est roi, la passe est reine. »
« L’avenir leur appartient »
Il n’est donc pas surprenant de trouver les Warriors et les Sixers en tête du classement des passes décisives. Brett Brown n’hésite d’ailleurs pas à aborder les similitudes entre les deux équipes.
« Quand vous regardez ce qu’on essaie de mettre en place en terme de mouvement et de passes… la volonté de jouer pour l’autre, de jouer pour la passe décisive, nos principes sont similaires et les chiffres le démontrent, » explique le technicien des Sixers.
Avec 350 passes en moyenne par match, Philly domine même les Warriors en termes d’altruisme. Pour une équipe aussi jeune que les Sixers, c’est un réussite majeure et Steve Kerr n’y est pas insensible.
« C’était impressionnant de voir leur jeunesse, le mouvement et l’altruisme avec lesquels ils jouent. Ils font un super boulot, » avouait Kerr après la rencontre de samedi. « J’aime leur effectif. C’est une jeune équipe talentueuse. L’avenir leur appartient. »
Avant de dominer la ligue, les Sixers doivent toutefois continuer leur progression tant sur le plan collectif qu’individuel. Si l’arrivée de J.J. Redick les aide à créer du mouvement, la défaite face aux Warriors a exposé encore un peu plus certains points faibles, en particulier l’incapacité de Ben Simmons à prendre des tirs extérieurs.
« Le pouvoir de la passe est sous-estimé »
D’après Cleaning The Glass, le premier choix de la draft 2016 prend en effet 90% de ses tirs à moins de quatre mètres du cercle, et en douze matchs, il n’a tenté que six tirs à trois points. Face à l’Australien, Draymond Green est donc non seulement passé sous tous les écrans sachant qu’il ne prendrait pas de tirs extérieurs mais il a également complètement ignoré son vis à vis loin de la balle pour aider ses coéquipiers et couper les actions vers le cercle.
À l’image d’un jeune LeBron James, Simmons apprend à maximiser ses qualités en attaquant le cercle mais sa progression en tant que shooteur sera déterminante pour mettre la pression sur les défenses adverses. Autre point commun entre les deux joueurs, tout comme James, Simmons est avant tout un passeur. Une aubaine pour un entraineur qui essaie de copier la dynamique désintéressée des stars de Golden State.
« La passe est reine, et je pense que c’est ce qui vous aide à avoir une bonne cohésion collective, » analyse Brown. « L’égoïsme offensif peut se glisser dans votre vestiaire et détruire votre cohésion défensive, c’est pour cette raison que je pense que le pouvoir de la passe est sous-estimé. Quand vous voyez l’état d’esprit avec lequel les superstars de Golden State jouent, c’est incroyable. C’est pourtant difficile à faire mais ils y arrivent. Ça rend mon boulot plus simple car je peux parler de tous ces principes mais jouer contre cette équipe et voir comment ils s’entraident est une apprentissage inestimable pour notre groupe. »
Après des mois de cours magistral, Simmons et Embiid ont eu droit à leurs premiers travaux pratiques. Malgré la défaite, professeur Brown peut voir venir avec optimisme.
Propos recueillis à Oakland