Comme à chaque intersaison, le meneur espagnol Ricky Rubio, qui vient de boucler sa 6e saison aux Wolves, entend son nom circuler un peu partout. La nuit dernière, c’était du côté du Jazz mais les Wolves n’ont pas donné suite…
Présent à Barcelone le week-end dernier à l’occasion du lancement de la nouvelle Crazy Explosive made in Adidas, « Tricky R » a réaffirmé son attachement à la franchise de Minneapolis, mais aussi au maillot national de la Roja, alors que se profile un nouvel Eurobasket et un possible 4e sacre continental sur les cinq dernières compétitions pour l’Espagne.
Quels souvenirs gardez-vous de votre Draft en 2009 ?
C’était comme un rêve qui devenait réalité. J’étais très nerveux. Mon anglais n’était pas aussi bon qu’aujourd’hui, ce qui me stressait d’autant plus. J’étais dans la même « room » que Steph Curry, Blake Griffin, James Harden… beaucoup de grands joueurs. Je ne les connaissais pas si bien que ça à l’époque, moi arrivant d’Europe et eux évoluant à l’université. Je me rappelle de tout comme si c’était hier, depuis ma table, à regarder David Stern appeler les joueurs. Le mien est finalement sorti en 5e position. Quelle joie ça a été de pouvoir me dire : « J’y suis ! », de monter sur la scène et de lui serrer la main. Après ce moment, j’étais dans les nuages.
Être pris en 5e position, c’était la place que vous attendiez ?
Avant la draft, je discutais avec mon agent. Je ne savais pas vraiment ce qui allait se passer, j’avais 18-19 ans. Je savais que beaucoup d’équipes étaient intéressées mais je n’avais pas pu faire beaucoup de workouts du fait que je jouais encore en Europe. Ça m’avait un peu inquiété. Mais Minnesota, qui avait le 5e choix, a franchi le pas. À ce moment-là, j’ai regardé mes parents et j’ai dit : « ça va le faire ! ». J’avais emmené toute ma famille à New York, nous avons passé 3-4 jours là-bas ensemble avant et après la draft. Malgré l’emploi du temps plutôt serré, j’ai pris le temps de visiter avec ma famille et on avait beaucoup aimé pour notre première là-bas.
« Tant que je ne suis pas échangé, je serai heureux de faire partie des Wolves »
Vous avez terminé votre saison en boulet de canon d’un point de vue personnel avec vos meilleurs stats en carrière. Comment l’expliquez-vous ?
Je dirais que l’expérience joue un peu. Mon corps a également été préservé des blessures, ce qui m’a permis de donner le maximum chaque soir. C’est une situation vraiment agréable pour moi. Je dirais que ça a commencé en janvier, et ensuite le All-Star break m’a permis de récupérer et de continuer à jouer de cette façon.
Les rumeurs avant la deadline ont-elles pesé sur votre deuxième partie de saison ?
Non, il s’est passé ce qu’il s’est passé, mais mentalement, il n’y a rien qui change. Il y a des rumeurs, mais rien ne s’est passé. Mon rôle est de continuer à jouer.
Mais, ce sera encore le cas cet été…
Oui, c’est la NBA. Un jour on t’annonce dans une équipe, puis le lendemain dans une autre. Mais j’ai déjà eu l’occasion de le dire, tant que je ne serai pas tradé, je serai heureux de faire partie des Wolves et de jouer pour eux.
Désormais ils connaissent votre position, à savoir que vous aimeriez rester…
Exactement, j’aime mon rôle dans cette équipe, être important, et j’arrive à un moment de ma carrière où j’ai besoin d’être dans un groupe qui me permette de continuer à progresser, à jouer mon meilleur basket.
On vous sent à l’aise à la tête d’une jeune équipe aussi talentueuse ?
Oui, c’est assez fun, mais c’est dur aussi parfois. Quand on est jeune et talentueux, on fait parfois de bonnes choses, mais on fait aussi des choses un peu folles. Mon rôle est de leur apporter cet équilibre afin de leur permettre de s’exprimer, mais aussi de gagner des matchs et rivaliser face aux meilleurs. Je pense qu’on l’a fait par intermittence, c’est là que l’expérience doit intervenir et nous aider à progresser. On est une équipe jeune et si on reste ensemble dans le futur on peut espérer le même avenir que des franchises comme Utah ou Golden State qui sont passées par cette phase de reconstruction il y a quelques années.
Qu’est-ce qui vous manque pour franchir le cap des Playoffs ?
Je crois que la marge est très serrée entre les 5-6 équipes qui se disputent les dernières places. Il y a tellement de matchs serrés qu’on a laissés filer. Ça peut arriver quand on a une jeune équipe mais il faut désormais s’en servir pour avancer. Quand je regarde notre saison, je vois qu’on a très mal débuté, par un 6-18, mais on n’a jamais lâché. Si on peut améliorer quelque chose pour la saison prochaine, ce serait certainement ces fins de matchs qui se jouent sur une ou deux possessions, et qu’on doit être en mesure de gagner. Si on y arrive, on sera en playoffs.
« La rivalité avec la France tire les deux équipes vers le haut »
Sinon, quel est votre état d’esprit à quelques semaines de retrouver l’équipe nationale pour l’Eurobasket ?
Je suis super heureux de faire partie de cette équipe qui a accompli de merveilleuses choses ces dernières années. Ça pourrait bien être l’une des dernières fois que la « Gold Generation », menée par Pau Gasol et Juanca Navarro, se retrouvera au complet. Je vis juste un rêve éveillé rien que de les côtoyer. Si j’ai la chance de pouvoir le faire encore, je ne veux pas rater cette occasion. J’ai hâte d’y être.
Qui peut empêcher l’Espagne de gagner à nouveau ?
C’est peut-être encore un peu tôt pour en parler. Il y a tellement d’équipes dangereuses dans un championnat d’Europe, ce qui fait qu’il faudra être très vigilant. Lors des deux ou trois derniers Eurobasket, on a perdu contre l’Italie, la Turquie, la France. Notre force a été de les battre au bon moment. Mais je pense que la France, la Serbie, la Turquie ont un gros réservoir de noms. Mais je préfère attendre les compositions finales, car ces pays ont 20 joueurs potentiels qui peuvent figurer dans leurs rosters, et voir dans quelle forme les différentes nations vont arriver avant de me prononcer. Notre objectif sera d’aller au bout, comme toujours.
Pourriez-vous laisser la France gagner encore une fois avant d’arrêter votre carrière ?
Non ! (rires) On ne veut laisser personne gagner ! Ils nous ont battus lors de notre Coupe du monde en 2014 et puis à l’Eurobasket 2013. Ils ont déjà assez gagné (rires).
Comment décririez-vous la rivalité qui est née avec l’équipe de France ?
Le hasard a fait que nous nous sommes souvent affrontés lors de matchs clés, de moments clés, et ce depuis plus de dix ans. Je dirais que c’est une belle et saine rivalité. Pouvoir jouer contre Tony Parker qui est une de mes idoles et être en mesure d’être compétitif contre lui, c’est super ! J’aime la façon qu’on a de se retrouver à chaque fois. Je n’avais pas eu la chance de jouer, mais je me rappelle en 2015, en France, lorsque Pau Gasol a scoré 40 points… C’était l’une des plus grandes performances de l’histoire. C’est avec ce genre de matchs qu’on construit une rivalité, et c’est une bonne chose pour le basket en général. La France a tellement de joueurs de talent, pas seulement de niveau européen, mais mondial. Je trouve que c’est une très bonne chose, de pouvoir nous affronter chaque été, ça nous permet de tirer nos deux équipes nationales vers le haut.
La rivalité s’arrête une fois le match terminé ?
Oui, bien sûr, on s’apprécie ! On a cette passion commune pour le basket. J’aime regarder jouer les joueurs talentueux, peu importe leur nationalité. J’ai vu Valence jouer l’autre soir, et Antoine Diot joue actuellement à un très haut niveau. J’aime regarder ce genre de joueurs. Comme je vous ai dit, Tony Parker est une de mes idoles, et de pouvoir jouer contre lui, en NBA et en compétition internationale reste pour moi quelque chose d’assez exceptionnel.
Propos recueillis à Barcelone