Michael Jordan, médiateur idéal entre propriétaires et joueurs

La NBA et le syndicat des joueurs se sont mis d’accord pour prolonger leur accord collectif jusqu’en 2024, même si les joueurs doivent encore le valider. Cela ne devrait néanmoins être qu’une formalité et, après le lockout de 2011, les négociations ont cette fois été beaucoup plus apaisées.

« Michael Jordan est capable de désamorcer tout ça »

En bonne partie grâce à Michael Jordan, médiateur idéal entre les deux camps.

« Quand on pense aux négociations entre joueurs et propriétaires, on voit les joueurs d’un côté et les propriétaires de l’autre, manoeuvrant pour faire passer leurs positions, ne voulant pas céder et essayant de se montrer le plus dur possible. Le ton et la rhétorique sont essentiels », confirme James Jones, secrétaire et trésorier du syndicat. « Mike est capable de désamorcer tout ça. Il comprend la passion des joueurs. Il comprend leur discours et il peut le récupérer et le relayer aux propriétaires. Il peut aussi relayer les sentiments et les points de vue des propriétaires aux joueurs. Ça rend une situation tendue beaucoup plus supportable ».

Considéré par beaucoup comme le meilleur basketteur de l’histoire, modèle ultime pour une grande partie des basketteurs actuels, Michael Jordan est une voix particulière chez les propriétaires. Avec lui, le rapport de force est forcément différent car les joueurs le voient toujours comme une icône, sur et hors du terrain.

D’autant que le président du syndicat des joueurs, Chris Paul, et Carmelo Anthony sont liés à Jordan Brand…

« Nous avons chacun notre façon de communiquer dans les négociations », explique Glen Taylor, le propriétaire des Wolves. « Michael est un peu différent. Il peut parler aux joueurs des deux points de vue. Il va dire : ‘En tant que joueur, je verrais ça comme ça. Maintenant, en tant que propriétaire, je le vois comme ça. Et c’est pour ça…’ Je pense que ça aide beaucoup. J’ai vu les joueurs, même s’ils ne le disent pas mais je le vois à leurs expressions et sur leurs visages, se concentrer et vraiment écouter quand il avait quelque chose à dire. Il parle d’une manière posée, sans crier, en étant à l’aise et de façon, je crois, honnête ».

« Adam Silver savait ce que ça voulait dire d’avoir Michael dans la pièce »

Vice-président du syndicat, Kyle Korver confirme l’importance de « His Airness ».

« Il a permis de créer et de mettre en place des discussions qui étaient très compliquées lors des précédentes négociations. Souvent, il y avait de la frustration, de la colère, des deux côtés, et les deux camps défendaient ce qu’ils estimaient leur revenir de droit. L’une des raisons pour lesquelles ces négociations ont été bien meilleures, c’est parce qu’il y a eu beaucoup plus de communication. Pour cela, il faut des gens qui comprennent les deux positions. Michael a été très impliqué et il a vraiment aidé le processus ».

En 1998, Michael Jordan avait pourtant marqué les esprits en se prenant à Abe Pollin, le propriétaire des Wizards, qui exposait aux joueurs ses problèmes financiers. « Si vous n’arrivez pas à faire de profits, vous devriez vendre votre équipe », avait déclaré le sextuple champion NBA. En 2011, il avait complètement changé d’opinion, s’alignant avec les propriétaires les plus durs (Robert Sarver, Dan Gilbert, Paul Allen) pour réduire au maximum la part des joueurs.

À l’époque, cette prise de position avait beaucoup déçu. Mais après avoir connu les deux extrêmes, il s’est cette fois glissé dans la peau du médiateur, Adam Silver n’hésitant pas à utiliser cette carte pour désamorcer les problèmes.

« Adam est intelligent », confirme un joueur. « Il savait ce que ça voulait dire d’avoir Michael dans la pièce et il savait utiliser cette ressource pour marquer les joueurs. Quand quelqu’un parlait, il se tournait toujours vers Michael et il lui demandait : Tu en penses quoi, Michael ? »