Dans un magnifique papier d’ESPN, truffé d’anecdotes, Erik Spoelstra raconte ses souvenirs de Ray Allen. On ressent toute l’admiration du coach du Heat pour son ancien joueur et adversaire, qui transpire ligne après ligne. Ainsi que le respect qu’il entretient pour son travail, son élégance et son éthique.
De « oh merde ! » à « et merde… »
La première vraie rencontre d’Erik Spoelstra et Ray Allen restera en playoffs quand le Heat avait affronté les Celtics en 2010. Le technicien de Miami a préparé ses joueurs pour éviter les moments où le shooteur se déplace entre les défenseurs puis, en une seconde avec une feinte de corps ou un écran, prend de la vitesse et distance son défenseur.
« Avant tout, on passait 20 minutes à essayer de prévenir ces instants où Ray provoquait ce ‘oh merde’ », explique Erik Spoelstra. « Vous savez, ce « oh merde comment il a fait ? » Ou « oh merde’ il a réussi ! » Pendant des années, cela nous a tués. »
Ensuite, balle en main, Ray Allen cricifiait ses adversaires avec son shoot à 3-pts.
« Et souvent, ce ‘oh merde’ se transformait en ‘et merde’, quand il avait marqué le tir. »
La répétition du plus grand shoot de sa carrière
Puis en 2012, Ray Allen débarque à Miami pour le plus grand bonheur d’Erik Spoelstra. Le coach du Heat n’a plus à s’inquiéter de dessiner des systèmes défensifs pour le contrer. Désormais, il faut imaginer des conditions idéales pour profiter au maximum du talent de l’ancien Sonic.
En septembre 2012, quelques semaines avant le début de saison régulière, Erik Spoelstra observe son joueur allongé sous le cercle. Soudain, un assistant coach siffle. Ray Allen est au sol. Il se relève, recule vers le corner le plus vite possible et place ses pieds derrière la ligne, comme il savait si bien le faire avec la précision chirurgicale de ses appuis. La passe arrive dans ses mains, il shoote.
Erik Spoelstra, étonné, ne comprend pas ce qu’il vient de voir : « Pat Riley et moi avions inventé tellement d’exercices au fil des années mais là, c’était nouveau pour nous. »
Ray Allen répète ce mouvement plusieurs fois. Le coach intervient enfin pour en saisir son utilité.
« Pourquoi tu essaies de faire ça ? », demande-t-il.
La réponse est rapide et naturelle pour un shooteur de ce niveau.
« Pour le rebond offensif. Si je suis au sol après un lay-up et que je dois aller dans le corner pour un 3-pts. Je dois prendre l’habitude. On ne sait jamais. »
Durant la saison, Ray Allen s’infligera ce déplacement entre le cercle et le corner, à reculons, pour shooter à 3-pts. Le 18 juin 2013, dans le Game 6 des Finals contre les Spurs, cette habitude prise au fil des semaines et ce « on ne sait jamais » se transformeront en une perfection de tir, devenu l’un des plus clutchs de l’histoire de la NBA.