« Tant que c’est quelqu’un de notre équipe qui le décroche, ça veut dire qu’on a gagné. »
MVP pour la deuxième année consécutive, Stephen Curry pourrait être de nouveau champion sans être désigné meilleur joueur des Finals, et ça ne le dérange pas le moins du monde. L’important, ce sont les bagues, pas les trophées de MVP des Finals…
Un MVP qui n’est pas MVP des Finals, c’est très, très rare…
Avant lui en 2015, seul Kareem Abdul-Jabbar avait été élu Most Valuable Player en saison régulière mais pas en finale. C’était en 1980 et son absence dans le Game 6 décisif avait fait oublier ses 33 points, 14 rebonds et 5 contres de moyenne sur la série. Le rookie Magic Johnson, auteur de 42 points dans l’ultime manche, avait raflé le trophée. Au total, ils sont 15 à avoir réalisé le doublé MVP/MVP des Finals la même saison, de Michael Jordan à Hakeem Olajuwon, en passant par Tim Duncan, Larry Bird et… LeBron James.
Plus que les chiffres, c’est l’impact du joueur qui est mis en avant, et si l’an passé Stephen Curry avait été en mesure de porter ses Warriors comme en saison régulière, Andre Iguodala ne lui aurait pas chiper le prix.
« Je ne sais pas quoi répondre à ça » expliquait-il après le Game 2. « Vous pouvez tomber amoureux des chiffres, comparer des moyennes à ce que les gens attendent ou pas… »
La saison dernière, le meneur de jeu avait compilé des moyennes similaires en playoffs avec 26 points, 5 rebonds et 6 passes contre 24 points, 4 rebonds et 8 passes en saison régulière. Avec certes 10 points de réussite de moins au pourcentage aux tirs, mais à l’époque c’est surtout la belle histoire d’Iguodala, remplaçant propulsé titulaire, scorant à tout va et défendant comme un mort de faim sur LeBron James, qui l’empêcha obtenir la récompense. Stephen Curry n’était plus celui qui rend les autres meilleurs, celui dont tout le monde parle, celui qui est indispensable pour gagner. C’est exactement le même constat cette année avant d’aborder le Game 4.
Confusion chez les Warriors
Le double MVP est-il à 100%, complètement remis de ses pépins à la cheville et au genou ? Steve Kerr assure que oui. Ses déplacements et son impact dans le jeu des Warriors disent le contraire. À moins que ce ne soit la pression qu’il ait du mal à gérer ? Le numéro 30 a marqué à trois reprises plus de 30 points lors de la remontée des siens face au Thunder, semblant avoir retrouvé son aura de meilleur joueur du monde au moment où les Warriors en avaient le plus besoin. Mais contre Cleveland, malgré un bon Game 2 à 18 points à 64% et 9 rebonds en 25 minutes lors d’une grosse victoire, Curry n’inspire de nouveau pas vraiment confiance et déjoue.
Sur les trois premières manches, il tourne à 16 points de moyenne, la moitié de son total en saison régulière, à 43% aux tirs. Pire, c’est le banc des Warriors qui a fait la différence lors des deux premières victoires, souvent quand Curry se reposait. Le franchise player de la Baie n’est pas à son niveau pour le moment mais du côté d’Oakland on met en avant… ses problèmes de fautes.
« Il a pris des fautes bêtes » regrettait Kerr après le Game 2. « Il était son pire ennemi dans ce match mais heureusement on a bien joué sans lui et gagner le match. Il doit être plus discipliné que ça, on a besoin de lui sur le terrain. »
Même son de cloche pour le principal intéressé, cette fois-ci après le Game 3.
« C’était un combat » décrit-il. « Simplement, une fois de plus j’ai eu des problèmes de fautes et j’ai dû faire avec, mais je n’ai pas été aussi agressif que j’aurais dû l’être. Je ne sais pas quelle en est l’explication, mais ce ne sera pas comme ça dans le Game 4. »
Un manque d’agressivité générale
Début d’explication pour Steve Kerr : l’équipe peut faire mieux pour le mettre en position d’être de nouveau décisif.
« On peut vraiment aider Steph et on va le faire » assure-t-il. « On peut le mettre dans une meilleure position, le staff doit trouver les meilleurs cinq et les meilleures opportunités. Les joueurs doivent être performants. Ça dépend de nous tous d’être meilleur. »
Au centre de toutes les attentions dans cette finale, sur et en dehors du terrain, Curry n’a jamais été du genre à tirer la couverture à lui, ou à compter son nombre de shoots. Dans cette finale, il prend ce que la défense lui donne, mais deux chiffres démontrent qu’il est moins agressif : 4, comme son nombre de lancers-francs tentés en trois matches ; 0.7, comme sa moyenne d’interception par match.
C’est peu, et c’est le signe que Curry manque de percussion, peut-être trop concentré sur son tir extérieur en attaque, tandis que ses fautes rapides l’empêchent d’être agressifs en défense. En bon champion, et en bon double MVP, le meneur des Warriors va réagir. Il l’a fait face au Thunder dans trois matches couperets, et on peut s’attendre à ce qu’il fasse taire les critiques ce soir.
« Je n’ai pas joué mon jeu et si je veux aider mon équipe, je dois jouer 100 fois mieux, en particulier en premier quart temps, pour contrôler le tempo » avait-il expliqué après le Game 3. « Je suis déçu de ma performance, je dois être meilleur. »
Certains diront qu’il ne peut que faire mieux.