« Je pense que mon histoire aurait pu être différente si j’avais l’occasion de jouer avec LeBron quand j’avais 18 ans. »
De fait, si on se penche à nouveau sur la carrière de JR Smith, ce dernier n’a pas tout à fait tort. Drafté en 2004, c’est-à-dire juste après la saison rookie de LeBron James, Smith avait une chance réelle de débuter sous le maillot des Cavs.
Le mauvais coton
Ayant réalisé un workout à Cleveland, le lycéen fougueux finira néanmoins à la Nouvelle Orléans avant de partir ensuite vers le Colorado pour rejoindre Melo… Pas LeBron !
« J’y ai pensé tellement souvent. Je ne suis pas déçu de ma carrière, mais je suis déçu de la manière dont je suis décrit. Beaucoup de gars qui ont joué avec LeBron ont eu beaucoup de succès. Mais je ne peux plus rien y faire. J’ai essayé de changer mon image un million de fois. »
Envoyé ensuite à New York, où il a suivi Anthony, Smith a effectivement développé une réputation de joueur volatile, fêtard et au final, pas très consciencieux. Un talent brut mais pas un bosseur en somme.
« Quand tu es à New York, il y a toujours beaucoup de femmes. Mais en fin de compte, quand je suis tout seul, ou même avec une femme à mes côtés, je me sens seul. Ce n’était pas la même chose que je ressens désormais avec ma femme. Ma fille a sept ans et je ne faisais pas partie de sa vie. Elle ne pouvait pas vivre avec moi. Après mon transfert, je ne pouvais même plus aller la chercher à la sortie de l’école parce qu’elle est à Jersey et moi à Cleveland. »
Mais cet été, tout a changé dans la tête de JR Smith. Alors que les salaires des uns et des autres étaient revus à la hausse, dont celui de son coéquipier Iman Schumpert (40 millions de dollars sur 4 ans), le téléphone de JR est resté désespérément muet.
La révélation
« Le marché est devenu fou, c’était n’importe quoi. » rappelle Smith sur ESPN. « Il y a eu tellement de gars qui ont obtenu des gros contrats. Et j’ai commencé à me poser des questions. Merde, suis-je vraiment ce qu’on dit que je suis, un cancer ? On vient d’aller en finale et, sans me passer la brosse à reluire, je pensais avoir eu un rôle majeur dans ce parcours. »
Après un long test de sa patience, Smith a finalement accepté de signer à Cleveland pour 5 millions la saison. Pendant ce temps, JR l’homme a changé. Et par suite, le joueur aussi…
Et tout ça après un échange tout ce qu’il y a de plus naturel avec sa fille, Demi, alors que J.R. rassemblait des vieux jouets qu’il voulait donner au Emmaüs local.
« Elle m’a dit : je ne veux pas donner ces jouets. Je lui ai dit qu’il fallait faire des sacrifices. Si tu veux des nouveaux jouets, il faut en donner d’autres. Et elle m’a répondu : et toi, tu vas sacrifier quoi ? J’étais sur le cul. J’ai dû y réfléchir. Qu’est-ce que j’allais sacrifier ? »
Et le tireur fou s’est ainsi transformé en chien de garde de premier plan. L’approche du jeu de JR Smith a fait un demi-tour complet.
La révolution
« J’ai toujours dit que j’étais un bon défenseur, mais je n’ai jamais vraiment fait les efforts. En général, si je jouais bien en attaque, je pensais avoir bien fait mon boulot. Cette année, j’ai décidé de changer tout ça. J’ai commencé à regarder des vidéos de Tony Allen, de Kobe Bryant jeune. Je regardais des vidéos d’Iverson, Jordan, Kobe, tout un tas de highlights. Avant cette année, tu me parlais de changements défensifs ou d’autres ajustements, je ne te calculais pas… »
Mais ça, c’était avant la révélation. Au cours d’une discussion simplissime avec sa petite fille… qui vient d’atteindre l’âge de raison, faut-il le souligner.
En tout état de cause, JR Smith a réalisé un match 3 de très bon aloi, avec 20 points, 4 rebonds et 3 interceptions. Une nouvelle victoire ce soir relancerait complètement la finale alors que les Warriors ont semblé complètement désarçonnés il y a deux jours…
Fort de sa nouvelle maturité, et de ce regard neuf sur la vie, JR Smith semble enfin avoir passé le cap. Finies les plaisirs de la chair, l’ivresse et autres joyeusetés immédiates, l’ancienne tête brûlée a compris ce qu’était le vrai bonheur.
« J’ai toujours été impressionné par coach Lue. Je me demandais toujours comment il arrivait à tirer autant de joie de la vie. Il a de l’argent mais il ne boit pas, ne fume pas. Tout ce qu’il fait, c’est le basket et il est tout le temps heureux. Maintenant je sais pourquoi. C’est parce qu’il a gagné. Il a eu ses bagues de champions et c’est comme ça qu’on accède au bonheur. C’est pour ça qu’il m’en faut une pour être heureux sans artifice. »