Pendant que les quatre meilleures équipes de la NBA s’arrachent en playoffs, les équipes non qualifiées se concentrent déjà sur l’intersaison. Pour les « lottery team », c’est l’opportunité de réfléchir à de nouvelles bases ou de poursuivre leur plan de reconstruction. Après Philadelphie et les Lakers, Basket USA continue son tour d’horizon avec les Nets.
LE BILAN
Pour la première fois depuis quatre ans, les Nets ne sont pas en playoffs. Démantelée durant plusieurs mois, l’équipe a ainsi progressivement perdu Kevin Garnett, Deron Williams, Alan Anderson puis Joe Johnson, entre autres, dans l’optique d’assainir les finances et de reconstruire autour de Brook Lopez et Thaddeus Young.
Rondae Hollis-Jefferson longuement blessé à partir de décembre, Jarrett Jack blessé pour la saison dès janvier, les Nets ont viré Lionel Hollins dans la foulée (et rétrogradé le GM Billy King) afin de tourner pour de bon une page bien décevante (48-71). Sous la houlette de Tony Brown, les Nets n’ont guère fait mieux (11-34) mais la franchise a aussi laissé ses stars au repos avant la clôture de la saison.
Sur le plan du jeu, signalons qu’il y a eu un avant et un après Tony Brown. Sous Lionel Hollins, les Nets shootaient ainsi à 44.7% (13e), 32.1% à 3-pts (28e), et compilaient 21.7 pds par match (14e) pour une attaque à 98.6 pts sur 100 possessions (28e). Sous Tony Brown, Brooklyn a shooté à 45.7% et surtout, 36.9% derrière l’arc (5e), 22.8 pds par match pour une attaque à 102.4 pts sur 100 possessions (25e). En attaque, le successeur de Lionel Hollins a donc fait mieux.
En revanche, en défense, les Nets ont pris l’eau avec le coach intérimaire, passant de 104.9 pts concédés sur 100 possessions avec Lionel Hollins (22e) à… 110.7 pts avec Tony Brown (30e).
Globalement, Brooklyn a souffert tout au long de la saison en grande partie à cause de l’instabilité liée à l’effectif, les limites évidentes à la mène, notamment avec Shane Larkin et Donald Sloan, et les lacunes en termes de tir extérieur.
LE MVP : BROOK LOPEZ
Lorsque Brooklyn a prolongé Brook Lopez pour 3 ans l’été dernier, nombre d’observateurs ont craint une imprudence en raison de la santé fragile du pivot (134 matchs manqués entre 2011 et 2014).
Mais depuis deux saisons, le frère de Robin dispute des saisons presque pleines (19 matchs manqués en deux ans), et il prouve sur le terrain que ses blessures au pied à répétition n’ont pas entamé son talent. Parmi les meilleurs pivots offensifs de la ligue (20.6 pts à 51.1% et 2 pds en 33.7 min cette saison), Brook Lopez n’a que peu d’équivalents dans ce secteur à l’Est.
Tout au long de la saison, il a donc porté son équipe sur ses épaules sans rechigner malgré les déceptions et les départs, notamment celui de Joe Johnson en fin de campagne. Auteur de performances remarquables, tels que ses 26 points et 12 rebonds dans le succès à Miami fin décembre, ses 30 points et 13 rebonds pour la victoire à Boston en janvier, ses 31 points et 10 rebonds pour battre le Thunder fin janvier, Brook Lopez a souvent donné tout ce qu’il a pu… même si ce fut rarement suffisant.
À tout juste 28 ans, le pivot a désormais besoin d’être entouré afin d’espérer mieux. C’est une volonté de la nouvelle direction et c’est par là que passera sa réussite. All-Star en 2013, il a tout ce qu’il faut individuellement pour y revenir.
LA SITUATION
Après avoir dépensé plusieurs centaines de millions de dollars pour conquérir le titre, en vain, Mikhaïl Prokhorov se poserait-il finalement les bonnes questions ? Les derniers mouvements en coulisses le laissent penser puisque le propriétaire a finalement remercié Billy King (dans un premier temps rétrogradé, ce dernier est désormais à la recherche d’une nouvelle destination) pour engager Sean Marks, jusqu’ici assistant GM aux Spurs.
Admiré au-delà même du simple cercle de la NBA, ce dernier a rapidement pris ses aises en engageant l’ancien joueur Trajan Langdon pour le suppléer. Ex-scout des Spurs, depuis dans l’administration des Cavs, l’ex-star du CSKA Moscou a lui aussi déjà montré des gages de qualité en tant que responsable.
Dans la foulée, Sean Marks s’est rué sur l’assistant-coach des Hawks, Kenny Atkinson, pour prendre les rênes de l’équipe dès la saison prochaine. Puis, les deux hommes ont récupéré Jacque Vaughn en tant que premier assistant. En un rien de temps, le nouveau general manager a donc établi un environnement très Spurs puisque son nouveau coach était l’un des bras droits de Mike Budenholzer, lui-même ex-assistant de Gregg Popovich. Enfin, Jacque Vaughn était encore cette saison intendant de San Antonio, après avoir longtemps été assistant.
Ces mouvements auront d’ailleurs autant d’importance pour le terrain que les coulisses.
« Les agents et les joueurs auront vent que quelque chose de différent se produit ici, » avait ainsi expliqué Sean Marks après son arrivée. « Je ne veux pas que les gens disent que comme ce sont les Nets, rien ne changera. Il va y avoir des changements ici. Je veux les bonnes personnes ici, puis dans la free agency pour amener l’équipe plus loin. »
Sans tour de draft, le nouveau management n’a pas toutes les cartes en main pour renforcer l’équipe dès cet été mais une chose est certaine : la volonté de Sean Marks est d’instaurer une nouvelle culture, proche de ce qu’il a connu à San Antonio.
« Ma tâche est de trouver les gens qui vont implanter cette culture de la victoire, de manière à ce que les joueurs, pas seulement à Brooklyn mais partout dans la ligue, disent qu’ils veulent joueur ici, qu’ils veulent faire partie de ça car quelque chose de spécial se passe. »
Pour le moment, le changement se produit en coulisses et c’est prometteur.
COACH : Kenny Atkinson
Même si le nom de Kenny Atkinson est peu connu du grand public, son historique parle pour lui : ancien joueur professionnel, notamment passé par le championnat de France, il a commencé sa carrière de coach en tant qu’assistant du Paris Basket Racing avant de partir aux Knicks en 2008. Après quatre ans à New York, il a rejoint Mike Budenholzer à Atlanta et pris la tête de la sélection dominicaine.
Acharné de travail, réputé pour sa formation des joueurs, le coach a été salué partout où il est passé, récemment par Kyle Korver et Kent Bazemore. C’est d’ailleurs l’une des raisons principales qui a poussé Sean Marks à l’engager : les Nets n’ont pas de tour de draft mais ils ont des joueurs à former avec Rondae Hollis-Jefferson, Markel Brown (free agent mais encore proche de l’environnement du club) ou Sean Kilpatrick.
« Je pense que nous pouvons construire quelque chose et cela ne va pas se produire en une nuit, » expliquait-il à CBS il y a peu. « Mais ce que j’aimerais voir, c’est des progrès conséquents au quotidien. Je ne vais pas vous donner des chiffres de victoires ou parler de titre, je vais juste parler de progrès au quotidien. »
Sur la même longueur d’onde que son general manager, Kenny Atkinson devra donc en premier lieu établir une identité de jeu. Pour cela, il lui faudra aussi s’entourer. Hormis Jacque Vaughn, Brooklyn n’a pour le moment recruté aucun autre assistant. Selon les dires du coach, la période n’est pas la meilleure pour le faire puisqu’il a confié être en difficulté pour construire son staff en raison des nombreuses places vacantes de head coach, visées par les meilleurs tacticiens en recherche d’emploi.
L’ENVELOPPE À DÉPENSER : entre 30 et 44 millions de dollars
L’EFFECTIF : cinq contrats garantis, trois player options
FREE AGENTS : Sergey Karasev, Donald Sloan, Henry Sims, Willie Reed (protégé), Markel Brown (protégé)
TOUR DE DRAFT 2016 : 55e choix
LA DRAFT :
Sauf changement, ce sera la partie la moins amusante de l’année pour Brooklyn puisque le Barclays Center accueillera la grand messe annuelle de la ligue… alors que sa franchise n’a que le seul 55e choix de draft en main. L’histoire est connue de tous, et elle n’arrange pas les affaires de Sean Marks.
« Nous allons évidemment regarder la draft, et on nous rappelle constamment ce qu’il s’est passé, » a t-il répondu à ESPN. « C’est comme ça. Il n’y a rien que nous pouvons faire à ce sujet. Nous allons réfléchir et voir quelle méthode nous allons pouvoir adopter à l’approche de la draft. Mais nous voulons être actifs. »
Très clairement, le front office de Brooklyn tentera un échange pour obtenir un premier tour de draft, ou du moins un ou des seconds tours de haut de tableau.
En l’état, avec le 55e choix, tout ce que peut espérer la franchise est de réussir un steal. À ce stade de la draft, il est très compliqué de spéculer sur les noms disponibles mais il est très possible que Brooklyn fasse un choix à l’international.
Le staff des Nets comporte de nombreux anciens joueurs d’Europe et scouts avec Kenny Atkinson, Trajan Langdon et Shelden Williams et le neo-coach évoque régulièrement le reste du globe comme un moyen de se renforcer : s’ils sont disponibles, pourquoi pas un peu de taille intérieure avec Ante Zizic (Zagreb) ou le français Petr Cornelie (Le Mans). À moins qu’un arrière comme Isaia Cordinier ne tape dans l’oeil de la franchise.
LA FREE AGENCY :
Ce sera la priorité de Brooklyn cet été : se renforcer via le marché estival. Parmi toutes les lacunes de l’équipe, le poste de meneur constituera le principal objectif du front office.
Sur cette position, de nombreux joueurs sont libres : Mike Conley, Rajon Rondo, Brandon Jennings, Ty Lawson. Parmi eux, le premier semble le plus intéressant, notamment par ce qu’il amène aussi de l’autre côté du terrain, en défense. Mais Mike Conley devrait être très courtisé.
Comme Kenny Atkinson a qualifié de « quaterback » le poste de meneur, Rajon Rondo pourrait être une éventualité mais le meneur n’apporte pas toutes les garanties attendues en termes de leadership dans le vestiaire, et compte tenu du modèle « Spurs » déjà évoqué par Sean Marks, cela pourrait poser problème.
Une piste à considérer : Jeremy Lin (player option). Le meneur de Charlotte est très proche de Kenny Atkinson et il le crédite pour son explosion new yorkaise. Le Hornet pourrait aussi aimer revenir sur les terres de sa « Linsanity », d’autant que dans ce gros marché, il peut espérer de nouvelles retombées médiatiques.
Éventuellement, par un échange, Brooklyn pourrait tenter d’acquérir Jeff Teague, de moins en moins heureux à Atlanta, et probablement ravi de retrouver son ancien assistant-coach.
Sur les postes extérieurs, Brooklyn cherchera sans doute de l’adresse : Courtney Lee, Evan Fournier, Kent Bazemore ou Eric Gordon sont des options envisageables. Nicolas Batum et Harrison Barnes semblent destinés à rester dans leur équipe et si ce n’est pas le cas, Brooklyn n’a jamais été lié à eux.
Reste aussi à connaître la position de Brooklyn par rapport à ses propres free agents. Si ce n’est pas encore officiel, Thomas Robinson devrait tester le marché selon le San Antonio Express-News. Encore très peu utilisé cette saison (12.9 min par match), il pourrait nourrir des envies d’ailleurs… à moins que la perspective de progresser sous les ordres de son nouveau coach l’intéresse. Quant à Wayne Ellington et Donald Sloan, ils sont très probablement destinés à prendre la porte de sortie.
Ce n’est pas le cas de Markel Brown, free agent protégé, qui s’entraîne toujours actuellement dans les infrastructures du club. En ce qui concerne Jarrett Jack, sa saison à 6.3 millions de dollars n’est garantie qu’à hauteur de 500 000 dollars. À 32 ans, en convalescence, il pourrait faire ses valises ou être inclus dans un échange.
PRÉCEDEMMENT :
Intersaison 2016 – Los Angeles Lakers
Intersaison 2016 – Philadelphie Sixers