Boris Diaw et son art de vivre ont conquis le petit monde de la NBA

Avec une pause de quatre jours sans match, toujours bienvenue, les Spurs se la coulent douce. Forts de leur bilan de 36 victoires pour 6 défaites, la troupe texane répète ses gammes sereinement. À l’abri des regards, pour vivre heureux, comme le veut l’adage… Celui qui s’y conforme avec le plus grand plaisir, c’est bien Boris Diaw.

Le capitaine des Bleus l’été venu est effectivement comme un poisson dans l’eau dans ce système libertaire de San Antonio. Et il joue bien en ce moment avec 11 points, 3 rebonds, 3 passes en janvier.

« Tout est relatif dans la vie. On a une vie plutôt privilégiée. On ne peut pas baisser la tête quand on a une mauvaise journée. Il y a des gens sur cette terre qui sont bien plus à plaindre que nous. Je n’ai pas à râler parce que j’ai une vie heureuse. »

Manu Ginobili : « Il vit dans un autre monde »

Toujours aussi détonnant dans ce contexte de productivité et d’enchaînement frénétique de mouvements et d’efforts physiques, Boris le tranquille n’a pas changé son attitude d’un iota pendant sa carrière NBA. Malgré les contextes et les attentes différentes, il a gardé sa ligne directrice, son mantra.

« Je le lui ai dit plusieurs fois, j’aimerais tellement être comme toi, » explique sans rire Manu Ginobili. « Sa pire journée est probablement bien meilleure que la plupart de nos meilleures journées. Il vit dans un autre monde. »

Détaché, Boris l’est sans aucun doute, au point d’installer sa propre machine à café dans son casier du vestiaire. Mais cette « cool attitude » n’est aussi qu’une apparence quand le ballon est en jeu.

« J’entendais que Charlotte disait des trucs sur lui, et je trouvais que ce n’était pas croyable. » se souvient Tony Parker dans l’Express News, alors qu’il finissait de convaincre les Spurs de signer son pote d’enfance. « J’ai joué avec lui en sélection et Boris n’est pas comme il était décrit. En fait, Boris a besoin d’une équipe autour de lui qui n’est pas individualiste. Si vous le mettez dans une équipe où il y a trop de jeu perso, il ne sera pas aussi bon. »

Recrue idéale pour le système Spurs, basé sur le collectif et le partage de la gonfle, Diaw est un éternel sous-estimé. Une sorte de génie incompris. Il faut dire que quand on le voit parfois sur le terrain, si facile, avec son physique bien portant, le spectateur lambda peut se tromper sur sa valeur intrinsèque.

Un des joueurs les plus intelligents de la ligue

Mais pour les initiés, Diaw, c’est du basket pur sucre. Rick Carlisle, qui n’est pas le premier venu, abonde.

« Il leur a donné une dimension unique sur ces trois ou quatre dernières années. Il peut jouer tout type d’opposition. »

Débarqué à San Antonio après que les Bobcats ont racheté la fin de son contrat, Diaw avait donc quelques casseroles (et kilos) à éliminer. Mais Gregg Popovich n’a pas eu besoin de beaucoup d’argumentaires.

« C’est un joueur de basket intelligent, probablement un des plus intelligents de la ligue, » expose le coach. « C’est quelqu’un qu’on a toujours estimé avec beaucoup de respect. »

Tous deux grand amateurs de vin, et de bonne chair, Popovich et Diaw sont un mariage de raison. Dans tous les sens du terme, car les deux hommes sont avant tout des cérébraux. N’en déplaisent aux fans qui ne réagissent qu’à la virilité exacerbée, aux muscles saillants ou à l’artificielle domination physique.

Le domaine de prédilection de Boris Diaw, c’est avant tout la technique. Le savoir-faire, le coup d’oeil, le placement, la petite roulette. Pas de poudre aux yeux. Du basket pur et dur pour ce passionné de photographie.

« Je n’ai pas besoin de prouver quoique ce soit. Je veux gagner. Quand on ne gagne pas, j’essaie toujours de m’améliorer mais je ne vais pas me taper la tête contre le mur, » philosophe-t-il. « Je suis sûr que j’énerve Pop’ de temps en temps mais je pense qu’il me comprend. »

REPORTAGE DE L’EQUIPE 21