Avant d’arriver à Dallas en 2011, Vince Carter n’avait débuté les matchs sur le banc qu’à dix-neuf reprises en treize ans de carrière. Si, aujourd’hui, l’ancien All Star joue à peine plus d’un quart-d’heure par match à Memphis, il faut se souvenir que longtemps, et dès son arrivée, il fut l’un des joueurs les plus emblématiques de la ligue. Malgré un palmarès collectif vierge (hors sélection nationale), Vince Carter a fréquemment tutoyé les étoiles comme l’attestent ses huit sélections au All-Star game. On l’oublie un peu, mais il était l’égal d’un Kobe Bryant, d’un Tracy McGrady ou d’un Allen Iverson, cumulant les perf’ individuelles, et les highlights de légende.
Rick Carlisle : « Les gars en fin de carrière veulent être titulaires, pas Vince »
Mais si Vince Carter monte toujours ponctuellement au cercle, son temps de gloire est aujourd’hui révolu. La star d’antan s’est progressivement muée en role-player, sans rechigner à la tâche.
« Généralement, les gars en fin de carrière veulent toujours être titulaires. Ce que fait Vince n’est pas la norme. » explique ainsi Rick Carlisle, son ancien coach à Dallas.
C’est sous ses ordres que l’ex-Raptor a accepté de changer de rôle, devenant progressivement l’un des remplaçants les plus dangereux de la ligue au cours de ses trois saisons dans le Texas. Conscient qu’il en fallait passer par là pour prolonger une carrière remplie de sauts et de chutes, le Floridien d’origine n’a pas sourcillé lorsque Rick Carlisle l’a sorti du cinq majeur.
« Honnêtement, je m’en foutais, je voulais juste jouer au basket. » commente l’intéressé auprès de Sports Illustrated, tout en confiant qu’il a dû travailler dur pour s’adapter à sa nouvelle fonction, notamment en défense. « C’était dur. Je ne vais pas vous dire que c’était une évolution rapide. J’ai regardé beaucoup de vidéos et je me suis fait patient. Quand on arrive dans ce rôle, on se demande vraiment si on est capable de le faire, mais il faut se donner cette chance. Je l’ai fait et je me suis amélioré de plus en plus. »
Dave Joerger : « Chaque jour à l’entraînement, il demande comment être utile »
Avec un temps de jeu réduit, Vince Carter a dû apprendre à contribuer dès son entrée sur le terrain. C’est ce que l’on demande aux joueurs du banc : maintenir le niveau installé par les titulaires et si possible, apporter une plus-value. L’attaquant s’est pris au jeu.
« Il est venu à moi et m’a dit qu’il voulait ce rôle, qu’il voulait être ce gars. Il était prêt à faire tout ce qu’il fallait. » se souvient Rick Carlisle. « En tant que titulaire, on peut se relâcher au cours du jeu tout en restant agressif. Quand on joue moins, il faut être prêt immédiatement. Les minutes sont limitées. L’approche change. » poursuit Carter.
Afin de satisfaire à ces conditions, le joueur a travaillé sans relâche pour maintenir son corps en forme. À l’approche de la quarantaine, l’organisme ne répond évidemment plus avec la même facilité. Ce retour nécessaire aux fondamentaux, cette acceptation humble du temps qui passe, sont autant de facteurs qui ont aussi modifié son usage de la voix. Lui qui, jadis, fut souvent tancé pour son manque de leadership dans les moments importants est désormais un vétéran qualifié que les joueurs écoutent.
« Ils parlent aux jeunes, les encouragent, les amènent à diner. Il a une loyauté immuable au jeu dans son ADN. Il donne beaucoup. » confie l’entraîneur des Mavericks. « Chaque jour, il demande comment être utile. » poursuit son homologue de Memphis, Dave Joerger, où joue Vince Carter depuis cette saison. « C’est rafraichissant. Souvent, on voit des joueurs en fin de carrière essayer de rester importants. Vince se fout de tout cela. »
Parmi les derniers dinosaures du siècle dernier avec Kobe Bryant, Tim Duncan Dirk Nowitzki et quelques autres, Vince Carter continue sa route par plaisir du jeu. Les plus jeunes n’ont parfois pas vu ses envolées les plus folles, ses dunks inhumains réalisés en plein match, son concours légendaire lors du All-Star Game 2000 à Oakland, ses buzzer-beaters ou sa croisade endiablée lors des demi-finales de la conférence Est en 2001, mais lui continue de s’éclater dans une équipe qui gagne.
Memphis lui offre une chance de gagner un titre, consécration suprême toujours absente de son curriculum vitae. Après 17 ans de carrière, c’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter.