Si Nicolas Batum incarnait un film depuis mercredi dernier, ça serait « La Haine ». La haine du sang versé par l’obscurantisme, Batman la digère mal. Dimanche, l’ailier international aurait sûrement préféré défiler à Paris ou Portland, mais le devoir NBA n’attend pas. Le Normand était donc au Staples Center hier pourdélivrer un match complet (11 pts, 9 rbds, 6 passes) et aider Portland à gagner son 30e match de la saison. Après cette journée historique de rassemblement, Basket USA était allé recueillir sa réaction.
Nicolas, quel est le sentiment qui domine chez toi aujourd’hui : de la rage, de la consternation, de la tristesse ?
Un peu de tout mais surtout de la haine. Tu sais, quand tu te réveilles un bon matin que tu regarde les news et que tu vois que 12 personnes se sont fait massacrer pour rien en plein Paris, des journalistes, des dessinateurs, des policiers, qu’un autre policier se fait tuer à bout portant alors qu’il est déjà touché, ça rend triste, ça énerve et ça choque. Franchement, sur le coup tu te dis que c’est un film, que c’est pas réel. Et le lendemain, encore un mort à Montrouge puis la prise d’otages Porte de Vincennes, en plein Paris, tu te dis « mais quand est-ce que ça va s’arrêter ? ».
Tu as été surpris par l’ampleur de la réaction populaire historique ?
C’est le fait que ça soit à ce point historique qui me surprend, mais heureusement que cela est arrivé. Heureusement ! C’était un devoir citoyen de descendre dans la rue. Samedi il y avait une marche à Portland, avec dans les 300 français dans les rues, mais on jouait au même moment donc malheureusement je n’ai pas pu y aller. Je voulais absolument, c’est dommage. Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas que la France dans cette histoire, tout le monde est touché. Les joueurs de la Lazio dans le derby de Rome avaient un t-shirt « Je suis Charlie », même George Clooney avait un pin’s aux Golden Globes. C’est beau. C’est la France qui a été attaquée et donc indirectement chaque Français, moi y compris, mais la répercussion de ces attaques vont au-delà de notre pays.
Que doit maintenant en tirer le pays selon toi, pour que ceux qui sont morts ne soient pas décédés pour rien ?
C’est exactement ça, comment faire en sorte qu’au moins cela nous serve… Il ne s’agit pas que de la liberté d’expression mais d’un fléau qui tue au nom d’une religion qui prône l’inverse. Après les politiques auront leur responsabilité mais il ne faut pas tout mélanger.
En tant que personnalité publique, tu te sens une responsabilité encore plus grande de t’exprimer et de faire passer un message ?
Oui. Il faut montrer l’exemple aux jeunes et à la génération qui arrive derrière, c’est primordial. On doit être encore plus un exemple aujourd’hui. C’est grave ce qui se passe en ce moment et la France de demain doit avoir en face d’elle des exemples, pas seulement des sportifs mais de tout le monde en général.
L’impact des événements sportifs est énorme en France, eux seuls quasi sont capables d’unifier le pays depuis la Coupe du monde. Est-ce que le prochain Euro peut servir de porte-voix pour justement afficher et promouvoir l’exemple dont tu parles ?
On verra cela, c’est dans longtemps quand même. La dernière fois que les rues étaient noires de monde comme dimanche, c’était pour France 98 donc oui, je sais bien que le sport peut rassembler ce pays. Il est important dans une compétition comme ça de montrer que la France est forte et unie.