À la découverte de Jakob Poeltl, l’immense prospect autrichien

Quand on pense Autriche, on pense assez facilement aux cafés viennois, à Mozart, à la beauté des alpages ou encore aux magnifiques architectures héritées de l’empire austro-hongrois… Pas vraiment au basket. Pas du tout au basket même ! Mais le jeune Jakob Poeltl est peut-être bien celui qui va changer la donne.

Une pépite bien cachée en Autriche

Le jeune pivot autrichien (2m13 pour 107kg) effectue sa première saison en NCAA, au sein de la fac d’Utah, et le gamin de 19 ans est plutôt convaincant pour ses premiers pas aux Etats-Unis. En effet, avec 12 points, 9 rebonds, 3 contres à 74% de réussite aux tirs, Jakob prouve qu’il a du talent plein les mains du haut de ses 7 pieds.

« Jakob a un grand corps avec une belle envergure [221cm – comme Scottie Pippen, ndlr]. » détaille son coach, Larry Krystkowiak, pour le Deseret News. « Il change et modifie beaucoup de shoots en défense. Il court bien et a de bonnes mains. Il est également très habile aux rebonds offensifs. Il fait beaucoup de choses bien. C’est une très belle surprise pour nous. »

Contacté par Davidson (la fac de Stephen Curry) au tout début, ce sont ensuite Utah mais aussi Arizona, Cal, Indiana, Marquette et Wake Forest qui se sont manifestées pour essayer de recruter le géant autrichien. Mais Poeltl a finalement jeté son dévolu sur la fac d’Utah pour une raison simple, c’est qu’il y retrouvait un ami allemand, Kenneth Ogbe, qui est depuis rapidement devenu son coturne… et son guide sur le campus.

« Il est une des principales raisons pour laquelle je suis ici. Je le connais depuis quatre ans et je savais qu’il était à Utah. On a repris contact et il m’a expliqué comment tout se passait ici. Il m’a beaucoup aidé à me décider. Et puis, je pensais que mes chances de jouer était meilleures ici. J’ai beaucoup apprécié l’équipe. Lors de ma visite, j’ai tout de suite été à l’aise. »

Harcelé de messages et de coups de fil de la part du staff d’Utah lors du processus de recrutement, Poeltl est un peu la surprise du chef cette saison dans la ligue universitaire. Mais comment est-il passé si rapidement de l’obscure ligue autrichienne au Top 20 du Big Board de Chad Ford sur ESPN ?

« L’Autriche est un petit pays et le niveau de basket n’y est pas très élevé. Le nombre de scouts qui vient en Autriche est très limité. Mon nom est enfin sorti quand j’ai participé au championnat d’Europe [des – de 18 ans en 2013, ndlr] et c’est là que tout a commencé pour moi. »

En route pour la NBA dès juin prochain ?

Et pour cause ! Scout d’Utah, Andy Hill raconte sa première rencontre avec Jakob.

« Il arrive parfois qu’on voit un gamin et qu’on comprenne immédiatement qu’on va vouloir le signer. Il était l’un de ceux-là. » relate Hill sur Yahoo. « D’emblée, il était à part. Il prenait tous les rebonds, jouait avec une grande énergie et son attitude était excellente. Son équipe n’était pas très forte, mais Jakob continuait d’encourager ses coéquipiers. C’était impressionnant de voir ce gamin si talentueux traiter les autres avec autant de respect. »

La phase d’adaptation déjà engloutie, Jakob suit un programme spécifique mis en place par son coach Kystkowiak. Certes, il avoue qu’au début, les schnitzel et kaiserschmarrn lui manquaient mais maintenant, le pivot des Utes pense surtout à améliorer son jeu en vue de jouer avec les vrais « grands », en NBA…

« En général, le basket américain est beaucoup plus physique. Mes coéquipiers sont bien plus costauds et physiques que moi. Je jouais contre des hommes [en Autriche] mais ici, on autorise beaucoup plus de contacts. Pour l’instant, je continue de m’adapter, j’essaie de ne pas penser [à la NBA]. Je veux juste bien terminer cette saison et après, on pensera à l’avenir et ce que je ferai l’an prochain. C’est possible mais je n’y pense pas trop. »

Après à peine un quart de saison, Poeltl est effectivement projeté en 19e choix par Chad Ford d’ESPN alors que son nom était complètement inconnu aux bataillons il y a à peine quelques mois. Avec sa taille, sa mobilité et ses bonnes mains, Poeltl est assurément un prospect à suivre mais il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir, ainsi qu’en attestent ses 48% aux lancers francs ! Une statistique digne du Shaq.

Pour s’éviter une carrière à la Darko Milicic ou à la Zarko Cabarkapa, Jakob Poeltl aurait tout intérêt à prendre son temps sur le campus paisible d’Utah. Alors que l’on sait que les intérieurs mettent plus de temps à se développer, la pépite viennoise devrait certainement rester (au moins) une année supplémentaire en NCAA… ne serait-ce que pour essayer de ramener une bannière à sa nouvelle alma mater !