« J’ai vécu dans un monde complètement à part, dans un système politique bien différent. Quand je suis arrivé dans le vestiaire de Golden State, j’étais le vilain petit canard… »
Débarqué en NBA en 1989, Sarunas Marciulionis ouvrait la voie pour d’autres européens. Véritable pionnier, l’arrière lituanien a été intronisé au Hall of Fame avec la promotion 2014, un honneur tout particulier du fait qu’il y figure aux côtés de son ancien coéquipier Mitch Richmond, mais également aux côtés de David Stern, celui qui a permis de faire sauter le verrous soviétique à la fin des années 1980.
Avec un anglais rudimentaire fortement marqué par son accent lituanien, Marciulionis a cependant fait preuve de beaucoup d’humour lors de son discours d’intronisation. Projeté dans le Nouveau Monde américain après n’avoir connu autre chose que la rigueur soviétique, l’arrière « bulldozer » des Warriors a appris les choses sur le tas. Notamment que les femmes pouvaient parfois entrer dans les vestiaires en NBA… Ou que les glaçons y sont une véritable religion.
« Chez nous, les glaçons, c’est pour le whisky. Deux, c’est bien. Trois, c’est trop. Mais quand j’ai débarqué dans le vestiaire des Warriors, j’ai découvert les poches de glaçons, les seaux de glaçons. Des glaçons partout. Je voyais Chris [Mullin] mettre ses pieds dans des seaux de glace, ça m’effrayait. Tout était nouveau pour moi. En NBA, pour chaque entraînement, il fallait se bander les chevilles. En URSS, on ne faisait jamais ça. Ou juste après une blessure… Je me suis aussi aperçu à la fin de ma première saison que vous gardez toutes les feuilles de statistiques après les matchs. Et je n’ai jamais compris pourquoi vous faisiez ça en NBA, même pour les défaites. Pour moi, quand on perd un match, ça y est, c’est terminé. Il n’y a rien d’autre à dire. »
« Quand on perd un match, pourquoi garder la feuille de stats ? »
Dans sa liste de remerciements, Sarunas Marciulionis n’a pas oublié de saluer Donnie Nelson, le fiston du coach des Warriors, qui a bien aidé le balte à s’adapter à la vie américaine à ses débuts. Et comme il dit : « qui lui a servi de traducteur d’anglais en anglais lent. »
Ambassadeur de sa nation et grand promoteur du basket, reconnu d’ailleurs par la FIBA comme un de ses 50 meilleurs joueurs (en 1991), Marciulionis ne s’est pas contenté d’ouvrir les portes de la NBA pour les générations futures, il les prépare dès leur plus jeune âge à travers son Académie de basket.
« Ce que j’ai appris en NBA, sur et en dehors du terrain, je l’ai ramené avec moi en Lituanie. On a créé une ligue, une académie. Et je suis fier de voir que la Lituanie fait partie des cinq meilleures nations de basket actuellement. Je suis fier d’être Lituanien et je vous remercie de m’accueillir dans le Hall of Fame. C’est un immense honneur. Merci à tous. »
Un immense honneur pour un grand monsieur du basket mondial…
Son discours d’intronisation