« Ne donne pas le ballon au pivot qui dribble 15 fois. Ça, c’est pour la NBA. Pas ici! »
Vincent Collet châtie bien car il sait que Rudy Gobert (22 ans) va être un maillon essentiel de son équipe. Du haut de ses 2m16, le pivot du Jazz s’avère de plus en plus comme l’homme de la situation après l’avalanche de forfaits au poste de pivot (Noah, Turiaf, Mahinmi, Ajinça et désormais Séraphin).
Auteur d’un bel été avec sa franchise du Jazz, Rudy arrive en tout cas en pleine forme et avec les dents qui rayent le parquet. Le garçon a envie de ballon et veut prouver que sa progression ne fait que commencer. On en est bien aise !
Rudy, tu reviens des ligues d’été de Las Vegas où tu as été plutôt bon, recevant au passage une nomination dans le deuxième meilleur cinq du tournoi. Comment tu te sens ?
Je me sens bien. Je suis en forme. Je suis content d’être ici pour continuer à apprendre auprès du staff et de Vincent. Il faut encore que je me remette dans le bain du jeu FIBA mais normalement, ça devrait bien se passer.
Tu as tourné à un double double de moyenne quasiment, te montrant dominateur par séquences. On imagine que tu avais envie de tout déchirer après une saison frustrante…
J’avais vraiment envie de me montrer. On peut dire que ça bouillait en moi. Je voulais montrer à tous les gens qui pensaient que je suis parti trop tôt et puis au staff d’Utah surtout que j’avais bien bossé et bien progressé. Le nouveau coach est très satisfait et les préparateurs physiques avec qui je bosse toute l’année, ils me connaissent bien… et ils m’adorent ! Ils m’écrivent de temps en temps et me suivent. Même s’ils savent qu’il y a encore du travail à faire, ils sont excités pour le futur de la franchise.
Tu te situes où au niveau de ta progression ? Tu es content de tes progrès après ta saison rookie ?
Oui. Je suis très satisfait. L’équipe aussi. J’ai eu de très bons retours de la part du staff. Tout avance bien.
Tu t’es étoffé physiquement en tout cas…
J’étais à 102 kg il y a deux ans et là, je suis à 111 kg. Sachant que j’ai perdu un peu avec les summer leagues. Mon poids de forme serait autour des 112 – 113 kg.
Quel a été ton programme, notamment en musculation ?
C’est un travail continu sur deux ans mais c’est vrai que cette année, j’ai passé un cap, surtout au niveau des jambes. C’est le plus important pour moi pour jouer et dominer en NBA. Je suis plus grand que les autres donc si je suis solide sur mes jambes, j’aurai une bonne chance. Je veux devenir une bête physique. Avec ma taille et mes bras, ça va être dur de m’arrêter. Le staff est intelligent à Utah donc on saura faire les ajustements pour que je ne perde pas de mobilité.
Tu as joué aux côtés du rookie australien, Dante Exum, que l’on ne connaissait pas ou très peu. Tu l’as trouvé comment toi ?
J’aime bien. Je pense qu’il a du potentiel. Il n’a que 19 ans donc il lui faudra du temps. Il n’a jamais joué au niveau pro donc il a eu du mal à enchaîner les matches, et il était vraiment fatigué. Mais il a un vrai potentiel et je vais essayer de le pousser à aller en muscu car il a beaucoup de talent.
Est-ce que tu trouves comparables vos situations respectives à votre arrivée en NBA, à un an d’intervalle ?
J’étais plus préparé que lui, du moins, mentalement. J’avais encore beaucoup de boulot à faire mais j’étais plus prêt. J’avais quand même joué deux ans en pro avec Erman Kunter [à Cholet]. Donc, je connaissais la routine avec plusieurs entraînements par jour et ce genre.
Pour parler Equipe de France, il y a un coup à jouer : sans Ajinça [et désormais sans Séraphin, ndlr]…
Pour moi, il y a toujours un coup à jouer. Avec le forfait d’Alexis, on va dire que j’aurai peut-être plus de poids sur les épaules mais ça me va. C’est parfait pour moi.
Tu n’es certes plus un rookie en Equipe de France car tu as 3 sélections, mais comment tu arrives dans ce groupe ? Quel est ton état d’esprit ?
Je viens avec l’intention de dominer. J’étais déjà très content d’avoir obtenu 3 sélections l’an passé mais cette année, c’est la première fois que j’ai une chance d’avoir un rôle important dans l’équipe. J’ai toujours voulu jouer en Equipe de France, ça fait partie de mes objectifs de carrière. Donc, j’ai bien l’intention de profiter au maximum de mes opportunités que ce soit pour progresser individuellement que pour aider l’équipe à aller le plus loin possible.
On a vu Vincent Collet te replacer, arguant qu’on n’est plus en NBA maintenant. C’est difficile pour toi de te réajuster au jeu FIBA ?
Ca fait un an, avec deux summer leagues et une saison NBA que je n’ai pas joué en FIBA. Donc quand tu t’entraînes tous les jours en NBA, tu oublies un peu. Mais je pense être quelqu’un d’intelligent. Je pense que je vais me réadapter. C’est pour ça que je pose beaucoup de questions à Vincent et aux arbitres. Dans quelques semaines, je devrais être au top. J’ai besoin de me remettre dans le système FIBA. Et plus j’obtiens de conseils, mieux c’est.
Propos recueillis à l’INSEP