Lamar Odom a intercepté le titre NBA la saison où, pour la première fois, il n’était plus starter.
Après dix années passées en NBA, le plus souvent pour le pire, le champagne pouvait couler sur la tête de « Candyman ». Un homme pas vraiment épargné par la vie…
Lamar Odom éclate souvent en sanglots lorsque la charge émotionnelle devient trop forte. Elle l’était à Orlando en juin dernier, dans un vestiaire silencieux deux heures avant le happy end que l’on sait. Le visage perlé de larmes, Odom s’efforçait d’écrire sur ses sneakers le prénom de sa mère, celui de sa grand-mère et celui de Jayden, son garçon de six mois et demi décédé en juin 2006 à New York. L’histoire du n°7 californien est faite de tragédies mais le small forward des Lakers en parle avec dignité. Comme si la psychanalyse qui suivit la disparition de Jayden n’était pas terminée.
« Ma vie a été faite de hauts et de bas en permanence. Les tragédies en font partie intégrante. Je n’ai jamais baissé les bras même si je me suis souvent demandé : « Pourquoi moi ? » »
Lorsqu’il est moins performant, Phil Jackson ne s’en offusque plus.
« Je sais pourquoi. Il y aura toujours les séquelles de la vie. »
Lamar se bat pour ceux qui restent : sa compagne Liza Morales, sa fille Destiny (10 ans) et son fils Lamar Jr (7 ans), toujours placés derrière le même panier au Staples Center. DeGregorio sert de parrain aux deux enfants. C’est lui qui entraînait Odom au lycée, à St. Thomas Aquinas, dans le Connecticut. La petite famille vit à Manhattan Beach (Californie). Et Lamar, originaire du Queens (New York), n’imagine pas sa vie ailleurs. Il a certes traîné des pieds pour renouveler son contrat chez les champions en titre durant l’été. Pat Riley et Dwyane Wade militaient pour son retour au Heat. Mais on ne quitte pas une équipe qui vient de connaître le nirvana et encore moins une franchise qui s’adjoint les services d’une connaissance new-yorkaise, Ron Artest. Odom a resigné pour 4 ans et 33 M$. Son salaire va passer de 11 à 7,5 M$. Sacrifice indispensable pour poursuivre l’aventure sur la Côte Ouest.
« Même si je dois démarrer les matches sur le banc, Los Angeles était ma priorité. C’est ma ville depuis que j’ai 19-20 ans. »
Odom est trop content d’avoir trouvé un coin où il se sent bien. Et puis il en a marre. Marre de cette vie de nomade du basket. Il n’était qu’un pion, au mieux un faire-valoir chez les Clippers comme à Miami. Une monnaie d’échange pour permettre au Heat d’accrocher Shaquille O’Neal au cours de l’été 2004. Aujourd’hui, les choses rentrent dans l’ordre. Odom goûte à la consécration. Il est à sa place. Il n’a rien volé. Bob Oliva l’avait coaché entre le lycée et l’université. Une fac qui allait couper un élément décrit comme perturbateur. Oliva rapporte qu’Odom est allé le voir il y a quelque temps et lui a dit :
« Je suis chanceux d’être encore en vie ».
Son histoire ferait pleurer dans toutes les chaumières. Sa mère décède d’un cancer du côlon alors qu’il est âgé de 12 ans. Son père, héroïnomane, est incapable de s’occuper de lui. Aussi Lamar est-il élevé par sa grand-mère, Mildred Mercer. Sous le toit de « grandma », il retrouve chaleur et apaisement. Très provisoirement… Comme son père Joe, qui se soigne depuis quelques mois et avec lequel il a renoué le contact, Odom tombe dans les drogues dures. Les facs et la NBA le mettent au frigo sans chercher à comprendre. Grâce à William Parham, un psychanalyste qui le prend sous son aile, Lamar refait lentement surface. Mais il était dit que le destin ne cesserait de frapper à sa porte. Lorsque « grandma » s’éteignit le 28 juin 2003, il se réfugia à Lincoln Park, dans le Queens, pour shooter toute la nuit. Il se souvient aussi être resté prostré pendant des heures avec Jayden mort dans ses bras ce funeste 29 juin 2006.
« Le cauchemar de ma vie. Alors très franchement, tout ce qui arrive aujourd’hui ne peut qu’être meilleur », expliquait-il à Orlando.
A le voir serrer contre lui le trophée Larry O’Brien le 11 juin 2009, on se demandait si ce n’était pas Jayden, disparu trois ans plus tôt, qu’il enlaçait… Le regard perdu dans le néant, Odom semblait ailleurs, étranger au groupe de joueurs qui l’entourait. Comme loin du fracas, du tumulte d’un vestiaire de champion NBA. Avec Jayden, définitivement ailleurs.
Crédit photo : Keith Allison