Non, Mike Malone n’a pas eu un problème de lessive. Il y aurait pourtant eu de quoi se poser la question en voyant le coach des Nuggets habillé en vert sur son banc, comme en conférence de presse.
Denver a voulu proposer un clin d’œil à la Saint-Patrick avec une tenue aux teintes très « Celtics ». Un bon moyen d’invoquer « la chance des Irlandais », comme l’a évoquée le coach pour expliquer la victoire probante des siens sur le parquet de Golden State (105-114), malgré les forfaits de trois joueurs majeurs : Nikola Jokic, Jamal Murray et Christian Braun.
Sans son triple MVP, son artificier et son atout numéro un en transition, Mike Malone a dû bricoler. Denver a très bien su limiter les shooteurs de Golden State en « switchant » systématiquement en tête de raquette pour forcer les Warriors à jouer davantage près du cercle, presque contre-nature. Le plan a fonctionné à merveille : jamais une équipe dans toute l’histoire de la NBA ou de la WNBA n’avait shooté à moins de 25% à 3-points, 60% aux lancers-francs sur un volume important (30 tirs de loin et 25 lancers minimum), tout en perdant au moins 20 balles perdues dans le même match…
« Ils ont été extraordinaires » s’est-il félicité. « Je ne pourrais pas être plus fier d’un groupe. On sortait d’une défaite difficile à Washington pour conclure cinq matchs en sept jours et on savait qu’on débutait une série de quatre matchs vraiment compliqués à l’extérieur. Puis vous vous retrouvez sans trois titulaires. Alors, tout ce que j’avais demandé aux gars, c’était juste de se battre, être là les uns pour les autres. Et qu’est-ce qu’ils se sont battus ! »
Aaron Gordon, la gloire de son frère
« On voulait être la plus dure des deux équipes sur le terrain » a insisté Peyton Watson après le match. « On savait qu’on n’allait pas pouvoir répondre à leurs tirs et on ne pouvait pas laisser Stephen Curry monter en température. »
Mike Malone avait alors de quoi sourire. Son cinq décimé, l’entraîneur a tout de même pu compter sur ses cadres du soir, Aaron Gordon et Russell Westbrook, tous les deux exemplaires – 38 points et record avec les Nuggets pour le premier, triple-double pour le second – malgré du déchet (sept ballons perdus chacun, 5/18 au tir pour le meneur).
« La psychologie des joueurs est vraiment intéressante » analyse Mike Malone. « Avec certains joueurs, si vous leur dites que Nikola, Jamal et Christian sont absents et que vous jouez à l’extérieur contre cette équipe des Warriors qui joue à un niveau tellement élevé, ils vont réagir façon ‘Je ne sais pas, je ne le sens pas trop ce soir’. Et ce que vous aimez avec Russell ou Aaron, c’est que pour eux, c’est ‘le prochain gars prend le relais’. Cela veut dire plus d’opportunités pour eux. Et j’ai senti dès l’entame de match la ténacité et l’intensité de Russell. C’est ce qu’il nous apporte chaque soir, de la création, du rebond, il a mis un gros tir en fin de match. Et il a été un leader lorsque les joueurs se rassemblaient, à les encourager, à leur donner ce dont ils avaient besoin à ce moment. »
La soirée était d’autant plus spéciale pour Aaron Gordon, originaire de San José, autre ville de la Baie de San Francisco, à un peu moins d’une heure de route du Chase Center des Warriors. Là où de nombreux souvenirs ont pu rejaillir, comme ceux de son frère Drew, décédé dans un accident de voiture en mai 2024.
« J’ai eu des grandes conversations avec ‘AG’ au fil de la saison » a raconté Mike Malone. « Tout ce qu’il doit faire face en tant que jeune homme, au sujet de sa famille, de son frère, et d’essayer de jouer malgré ça tout en étant là pour tout le monde, ce n’est pas facile, c’est beaucoup demander. Et en plus on lui demande d’être notre ailier-fort, notre roc, le joueur le moins égoïste de toute la NBA. Je n’ai que de l’amour et du respect pour Aaron Gordon, et ce qu’il traverse. Revenir dans la Baie, là d’où il vient, et faire le match qu’il fait, je suis aux anges pour lui, heureux, et tellement fier de lui. »
Deux vols et un troisième match en trois jours pour Spencer Jones
Les Nuggets ont su compenser leurs limites de talent et d’expérience du soir par beaucoup de cœur et d’efforts pendant 48 minutes. Des valeurs symbolisées par un autre guerrier du soir : Spencer Jones, signé en contrat « two-way », cinq points cumulés en carrière dans quelques bouts de matchs au scénario déjà ficelés.
Lundi, il a débuté la journée en tant que joueur de G-League qui sortait tout juste d’un back-to-back, avant un périple de deux vols pour arriver quelques heures avant le coup d’envoi et finir comme deuxième plus gros temps de jeu de Denver en sortie de banc.
« Une heure et demie avant la rencontre, j’étais dans ma routine d’avant-match et le coach Saunders (Ryan Saunders, assistant de Mike Malone) est venu me voir et m’a dit que je jouais ce soir. Je croyais qu’il se moquait de moi, sincèrement. J’ai dû lui redemander trois fois. »
Le rookie a finalement passé près de 19 minutes sur le parquet pour six points et un bon travail en défense. Un motif de satisfaction supplémentaire dans une soirée que la « logique » aurait voulu difficile pour les Nuggets.
« Les gars ont tout donné sur le terrain, c’est pour ça que je suis aussi soulagé que l’on ait décroché cette victoire » a résumé Mike Malone. « J’aurais détesté qu’ils aient tant donné et que ce match n’aille pas dans notre sens. On s’est battu, on a trouvé une manière de l’emporter et c’est ce que les grandes équipes font. »