Depuis le 1er juillet, la NBA est en grève pour une période indéfinie. Cette grève qui oppose les joueurs aux propriétaires des 30 franchises bloque toutes les activités (transferts, négociations…), et comme en 1998, elle va toucher dans les prochaines semaines et les prochains mois les professionnels de la NBA en France.
La presse écrite et internet, les pigistes, la télévision, les photographes et autres seront privés d’actualités et donc d’informations à donner à leurs lecteurs.
Jonathan Demay, qui collabore régulièrement à Basket USA, a recueilli pour En Pleine Lucarne les réactions de huit acteurs de la presse NBA pour connaître leurs sentiments sur cette grève et l’influence qu’elle aura sur leurs activités.
Témoins
Fred Lesmayoux, rédacteur en chef du magazine Mondial Basket.
Fabrice Auclert, rédacteur en chef du site BasketUSA.com.
Christophe Elise, photographe du site Basketsession et du magazine Reverse.
Guillaume Laroche, directeur artistique du magazine Reverse et rédacteur en chef de Basketsession.
Frédéric Schweickert, commentateur NBA pour Ma Chaîne Sport.
Pascal Giberné, correspondant aux Etats-Unis pour Basket News et le Parisien.
Pascal Legendre, directeur de la rédaction de Basket News, Maxi-Basket News et BAM.
Arnaud Lecomte, journaliste basket pour L’Équipe.
Quelle influence aura ce lock-out sur votre activité ?
Fred Lesmayoux
Tout dépendra de la durée, sachant qu’on est mensuel et que ça tombe à une période généralement calme puisqu’elle correspond aux vacances.
Après, là où c’est plus embêtant, c’est sur la durée, de manière à prévoir un peu les choses vis-à-vis des fans de la NBA, c’est eux les plus touchés.
Ensuite, le fait que l’on soit mensuel peut permettre de nous laisser du temps maintenant. On a la chance d’avoir un gros championnat d’Europe qualificatif pour les Jeux Olympiques en septembre. Normalement en octobre, on fait le guide NBA, si le lock-out est débloqué, pas de souci, par contre si ce n’est pas le cas….
Ensuite, à nous d’être réactifs et originaux pour satisfaire nos lecteurs, par rapport à l’abonnement par exemple. Dans un premier temps malgré les conséquences économiques, ça ne remet pas en cause la périodicité du magazine, c’est au niveau de l’activité que ce sera difficile sachant que dans le lock-out, les joueurs n’ont pas le droit de communiquer, et les clubs n ‘ont pas le droit de faire de transferts. Soyons donc patients.
Fabrice Auclert
Clairement, c’est une très mauvaise nouvelle. Nos revenus proviennent à 100% de la publicité. S’il y a grève, mécaniquement les internautes ne viendront plus sur le site. C’est difficile à encaisser lorsqu’on a mis autant de temps à parvenir au sommet, mais c’est pareil pour la concurrence. C’est un sale coup pour tout le monde : presse écrite, Internet et télévision.
Mais pour l’instant, seule la NBA est en grève, pas le basket. Cela reste donc un été quasi classique avec priorité au basket international que nous couvrons chaque année. Nous étions à l’Euro 2009 et au Mondial 2010. Nous serons donc en Lituanie pour l’Euro 2011. Tout cela va nous emmener en septembre. A ce moment-là, on verra s’il y a des changements à prévoir au niveau éditorial. Au niveau humain, j’ai prévenu ceux qui pigeaient toute l’année pour Basket USA que je ne pourrais pas les rémunérer pendant le lock-out.
Christophe Elise
Le lock-out va nécessairement fortement réduire mon activité et mes déplacements aux USA dès la fin de l’année 2011. Si je couvre aussi des matchs MLB et NFL, la NBA reste majoritaire dans mon activité outre-Atlantique car c’est le seul championnat réellement suivi en Europe, donc potentiellement rentable pour un free-lance. Il est probable que je n’aille pas en octobre/novembre aux USA comme je le fais chaque début de saison. En termes de revenus c’est une perte sèche immédiate dès la rentrée. Je suis tributaire du traitement que va mettre en place Reverse de la NBA. Moins de pages sur la NBA signifie moins de parutions photos, donc moins de revenus.
Guillaume Laroche
Pour l’instant, l’influence se ressent pas vraiment dans le sens où cela fait une semaine donc l’actu NBA est beaucoup plus calme, après comme nous sommes pas mal occupés par l’actualité des transferts en Pro A et Euroligue, on a quand même une bonne activité. Au niveau du magazine, comme nous sommes bimestriel, on sort un numéro tout les deux mois, on espère que cela ne va pas trop nous toucher, car si tout se passe bien la saison ne sera pas amputée, et commencera en octobre. Si ça se passe mal, il pourrait y avoir un ou deux mois d’amputés.
Ça pourrait agir sur notre numéro de novembre-décembre mais comme nous ne sommes pas un magazine d’actualité, plus un magazine de fond avec des enquêtes ce sera vraiment problématique si la saison 2011-2012 était annulée.
C’est dur de dire quel impact ça va avoir sur nous, sur le court terme pas trop d’impact, sur le long terme ça pourrait être beaucoup plus compliqué.
Frédéric Schweickert
Vu que le nom « NBA » ne doit plus être cité, vu que l’on n’a plus le droit de diffuser une image NBA, du coup ça risque de compliquer un petit peu les choses. J’espère juste que la saison ne sera pas annulée, mais maintenant tout est possible. On espère une reprise rapide, et que seulement un mois ou deux seront amputés. Maintenant rien n’est à exclure au vu de l’avancée des négociations.
Ce qui est certain, c’est que tant qu’il n’y aura pas de match, que ce soit pour les journalistes ou les consultants, on risque d’être au chômage technique comme on dit.
Pascal Giberné
Il faut attendre un peu, là c’est l’été donc pour l’instant les deux parties vont se rencontrer, la semaine prochaine normalement. On va suivre ça donc quoi qu’il arrive on va pouvoir écrire sur ça, sur les différents joueurs NBA qui veulent jouer en Europe, comme Deron Williams qui a été contacté par Besiktas.
Jusqu’à fin septembre en fait, on ne va pas trop être affecté. On parle normalement des transferts en NBA mais là on n’en parle pas. À la mi-septembre, si aucun accord est trouvé on va être bloqué jusqu’à décembre et le championnat ne va pas démarrer avant janvier.
A titre personnel, je continuerai d’écrire sur les discussions autour du lock-out. Chaque semaine il y aura des choses à dire, moins que d’habitude certes. Il y a aussi la NCAA, le championnat universitaire à couvrir.
Pascal Legendre
Ça dépend. Sur Maxi-Basket qui est consacré au basket français et européen, ça n’aura aucune conséquence. Sur Basket News, pas beaucoup non plus, puisque que BN s’intéresse à toutes les formes de basket et il pourra toujours suivre le basket américain avec les conséquences du lock-out.
Après sur BAM évidemment, les conséquences seront moindres si le lock-out dure quelques mois, si ça dure toute l’année il n’y aurait plus d’actualité donc forcément… Il peut aussi y avoir une baisse d’intérêt des lecteurs. Il y a plein de choses qui entrent en compte.
Arnaud Lecomte
Difficile à dire pour l’instant, c’est encore un peu frais, le lock-out n’est en place que depuis une dizaine de jours. On a encore trois mois pour prévoir avec le début du championnat NBA.
L’Équipe c’est un quotidien, donc ça n’a aucune influence sur le contenu rédactionnel. A part quelques signatures spectaculaires comme celle de Lebron James à Miami l’an dernier, il ne se passe pas grand chose l’été. Team USA (l’équipe nationale américaine) n’est pas en compétition cet été donc c’est pas maintenant que les choses vont se faire ressentir. La NBA dans L’Équipe c’est une présence quasi quotidienne à partir du début de la saison, maintenant c’est dans la page basket, le reste du basket va vivre, la Pro A et l’Euroligue.
Le seul impact à imaginer dans L’Équipe papier, c’est depuis l’an dernier, la présence le mardi d’une page spéciale NBA, qui n’existera plus. C’est pas la NBA qui détermine la pagination du journal, par contre si c’était la ligue des champions de football, là ça posera problème mais si il n’y a pas de NBA dans le journal c’est pas très grave.