De tous les discours de samedi soir au Hall Of Fame, le plus poignant fut sans doute celui de Chris Bosh. Sous les yeux de LeBron James et de Dwyane Wade, et aux côtés de Pat Riley et Ray Allen, l’ancien intérieur du Heat a parlé pendant 17 minutes, et il a notamment évoqué Kobe Bryant, son coéquipier aux Jeux olympiques. Bosh a alors 24 ans.
« C’était en 2008. On venait de former la Redeem Team. On était à Las Vegas pour le début du camp, et on se préparait pour aller à Pékin pour les Jeux olympiques » rappelle-t-il. « Je voulais m’imposer comme un jeune leader en étant le premier à me lever le premier jour. Le but était d’être le premier au petit déjeuner. Je règle mon réveil pour être sûr d’être lever à l’aube. Je sors du lit, je m’habille, et je descends les escaliers. »
« Les légendes ne se caractérisent par leurs succès. Elles se caractérisent par leur capacité à se relever de leurs échecs »
Et là… il découvre qu’il n’est pas le premier. « Mais quand j’arrive en bas, Kobe est déjà là, tout transpirant, avec de la glace sur les genoux. » A l’heure où Bosh pensait être le premier au petit déjeuner, Kobe avait fini de s’entraîner.
Ce jour-là, l’ancien All-Star avait retenu une leçon, et ce n’était pas forcément celle qu’on imagine. « L’implication qu’il montrait quelques jours après avoir perdu en finale NBA m’a enseigné quelque chose que je n’ai jamais oublié : les légendes ne se caractérisent pas par leurs succès. Elles se caractérisent par leur capacité à se relever de leurs échecs. »
Le plus cruel pour Bosh, c’est qu’il n’a pas pu rebondir sur les terrains après avoir appris qu’il souffrait d’une embolie pulmonaire. A 31 ans seulement, il doit mettre un terme à sa carrière.
« Après avoir finalement atteint le sommet de la montagne avec, dans mon esprit, tellement de travail encore à faire, tout s’est arrêté » regrette-t-il. « J’ai fini par comprendre que nous avons tous le pouvoir de tirer le meilleur parti de chaque jour malgré ce qui arrive, de transformer les revers en atouts. »
« J’ai vécu de grands moments qui n’ont été possibles que parce que j’ai été capable de rebondir de moments où j’étais tout en bas »
Sur cette estrade, au Panthéon du basket, voilà ce qu’il aimerait qu’on retienne de lui.
« Ce que j’espère transmettre ce soir, et surtout aux enfants qui regardent. Quand vous regarderez ma carrière, quand vous viendrez au Hall Of Fame et que vous verrez ma plaque, on aura le sentiment que c’était inévitable que j’y entre, et c’est comme ça que je l’interprétais quand je pensais à mes héros en grandissant. Je pensais qu’ils étaient automatiquement destinés à y entrer par leur grandeur. Mais quand je pense à ma carrière, je me dis qu’aucune réussite n’est garantie. J’ai vécu de grands moments qui n’ont été possibles que parce que j’ai été capable de rebondir de moments où j’étais tout en bas. De ces moments où on se demande si ça en vaut la peine ou je me demandais si je ne perdais pas mon temps. Ou simplement si j’étais vraiment bon. Ces moments où je craignais ne jamais devenir le joueur que je pensais être. »