Samedi, le Hall of Fame fera entrer quelques légendes dans son panthéon : Rick Adelman, Yolanda Griffith, Lauren Jackson, Paul Pierce, Bill Russell (comme coach), Ben Wallace, Chris Webber, Jay Wright et Chris Bosh.
Le chemin a été long et compliqué pour ce dernier, qui espérait bien être intronisé avant, mais l’institution de Springfield avait préféré réserver la cuvée 2020 pour Kobe Bryant, Tim Duncan et Kevin Garnett. L’ancien membre des « Three Amigos » a donc dû attendre, lui qui a si souvent été relégué dans l’ombre, durant toute sa carrière.
« Beaucoup de gosses ne veulent même pas entendre parler d’un « scouting report ». Là, ce gamin avait fait le sien »
C’est que Chris Bosh, désormais reconverti comme producteur musical depuis sa brusque fin de carrière en 2016, est une « sorte de geek ringard », comme le décrit affectueusement son petit frère, Joel.
En 2002, alors qu’il se prépara à affronter Shelden Williams lors de sa dernière année de lycée à l’établissement Dallas Lincoln, l’intérieur surprend son coach, Leonard Bishop, en ayant fait son propre « scouting report ».
« L’Internet et tous ces trucs commençaient juste, et Chris en savait plus que moi », explique ainsi l’entraîneur à NBA.com. « J’ai appelé Chris dans mon bureau pour lui parler de ce duel. Il m’a dit : ‘Coach, j’ai fait des recherches sur lui sur Google, et j’ai vu certaines choses qu’il aime et qu’il n’aime pas faire’. Il s’agissait d’un lycéen. Quand il est venu me dire ça, j’ai su qu’il était totalement différent. Beaucoup de gosses ne veulent même pas entendre parler d’un « scouting report ». Là, ce gamin avait fait le sien ».
Cette approche méthodique et consciencieuse est aussi ce qui lui a ouvert les portes de Georgia Tech.
« On l’a découvert parce qu’il était un étudiant brillant », raconte ainsi Paul Hewitt, qui l’a recruté et entraîné chez les Yellow Jackets. « On pensait qu’il avait un gros potentiel. Un de mes anciens assistants, Dean Keener, était sur cette mission (de recrutement). Georgia Tech est une fac très exigeante sur le plan académique, et on avait appris qu’il était intéressé par l’infographie et l’informatique. C’est pour ça qu’on a commencé à le recruter. C’était un étudiant brillant, et on n’entendait que des bonnes choses sur son caractère. ‘Pourquoi pas ? Essayons de le recruter !’ Keener pensait qu’il pourrait contribuer en tant que sophomore ou comme junior (soit lors de ses deuxième et troisième années en NCAA). Mais quand on l’a vu au printemps de son année junior au lycée (l’équivalent de la 1ère), il avait tellement progressé. »
« À mes yeux, le basket, c’était là où les décisions étaient les plus simples. La vie, c’était dur. Mais le basket et la préparation, je le comprenais. Même quand je commençais à comprendre où chercher, je savais où j’allais »
Chris Bosh n’était pas seulement un bon élève capable de jouer au basket, il était devenu l’un des meilleurs joueurs de sa classe d’âge, comme il allait le démontrer au cours de l’été suivant.
« Cet été-là, il était au camp ABCD dans le New Jersey. Il y avait LeBron également, Carmelo Anthony était là aussi. Et Chris faisait partie des trois meilleurs joueurs du camp. Je me rappelle l’avoir vu jouer lors d’un tournoi à St. Louis lors de sa dernière année au lycée, et il se comportait comme un « role player » alors qu’il aurait pu demander tous les tirs. Mais il était plus concentré sur la défense, les contres, le rebond, les courses pour remonter le terrain rapidement. Toutes les choses qu’on s’attend davantage à demander à un « role player ». »
Chris Bosh, c’est en effet ce geek timide qui n’aimait pas trop la lumière, cette star prête à mettre de côté son ego pour se placer au service des autres. Un comportement symbolisé par l’action clé de sa carrière : ce rebond offensif et cette passe décisive pour Ray Allen, lors du Game 6 des Finals 2013 face aux Spurs.
« Je ne peux pas vous dire. Je ne peux pas l’expliquer » répond-il lorsqu’on l’interroge d’ailleurs sur sa volonté d’accepter ce rôle. « À mes yeux, le basket, c’était là où les décisions étaient les plus simples. La vie, c’était dur. Mais le basket et sa préparation, je le comprenais. Même quand je commençais à comprendre où chercher, je savais où j’allais. J’ai toujours suivi mon intuition, j’ai toujours suivi mon instinct, et Dieu merci ça a payé. »
https://www.youtube.com/watch?v=IXl0nb7Owts