Personnage complexe et fin psychologue, avec les joueurs mais aussi les médias, Phil Jackson sort de « The Last Dance » sans trop d’égratignures. Sa difficile relation avec Jerry Krause fut évoquée en début de documentaire, mais le GM des Bulls avait une image tellement négative que le « Zen Master » ne pouvait que gagner la bataille de la communication. Surtout que Jerry Krause, décédé en 2017, n’a pas pu donner sa version des faits.
C’est davantage son échec à New York, comme président des Knicks, qui pourrait valoir des critiques (justifiées) à l’ancien coach des Bulls et des Lakers. Avec cette volonté farouche d’utiliser l’attaque en triangle.
« Les gens doivent comprendre que Michael Jordan et Scottie Pippen puis Shaquille O’Neal et Kobe Bryant n’ont rien gagné ensemble avant d’être dirigés par Phil Jackson », rappelle Charley Rosen, le meilleur ami du « Zen Master », qui fut aussi son biographe et un de ses assistants avec les Albany Patroons (en CBA) dans les années 1980, au New York Post. « Avec lui, ils ont franchi un palier. Grâce à l’attaque en triangle. »
Cette vérité irréfutable n’empêche pas de souligner l’échec de l’attaque en triangle sans ces quatre légendes du jeu. Chez les Knicks, comme partout ailleurs sans Phil Jackson, la mayonnaise n’a jamais pris. Pourquoi ?
« Carmelo Anthony a travaillé dans son dos, en disant à Kristaps Porzingis de ne rien dire de positif sur l’attaque en triangle publiquement »
« Engager Derek Fisher, ce fut une erreur », avance Charley Rosen. « Et pour plusieurs raisons : il n’était pas prêt et il existait une division au sein du staff, entre les hommes de Derek qui venaient d’Oklahoma City (Brian Keefe, Josh Longstaff, Dave Bliss) et les anciens de Jackson (Kurt Rambis, Jim Cleamons). Les hommes de Fisher ne voulaient pas bosser avec ceux de Phil. Ensuite, Jeff Hornacek disait connaître l’attaque en triangle, mais il s’est avéré que ce n’était pas vraiment le cas. Il a été intimidé par New York et a changé de comportement avec les joueurs, cool au début et dur ensuite. Il faut faire le contraire. »
La responsabilité serait donc en partie imputable à Phil Jackson, qui a mal choisi ses hommes.
Mais Charley Rosen estime aussi que l’homme aux onze bagues de champion remportées sur les bancs NBA n’a pas été aidé, notamment par le comportement de Carmelo Anthony.
« Carmelo a travaillé dans son dos, en disant à Kristaps Porzingis de ne rien dire de positif sur l’attaque en triangle publiquement. Carmelo a refusé de jouer dans ce système. Jackson l’a prolongé car James Dolan lui a mis la pression. Si Melo avait pratiqué l’attaque en triangle, il aurait eu des espaces à mi-distance et la défense aurait été trop loin pour le prendre à deux. Il serait devenu un tueur, un Michael Jordan, un joueur inarrêtable. Mais il était un joueur de catch-and-shoot et c’est tout ce qu’il voulait faire. »