Deuxième meilleur passeur de NBA, Luka Doncic est cette saison le véritable meneur de jeu des Mavericks. « Meneur de jeu » et « meneur du jeu » à la fois puisque Rick Carlisle lui fait une confiance absolue, et il expliquait en début de semaine qu’il laissait même son joueur appeler les systèmes. ESPN rapporte que le coach des Mavericks était plutôt réticent au départ, et il y a un an, il y avait même quelques étincelles entre les deux. Il faut dire que le coach de Dallas découvrait le phénomène, et qu’il ne savait pas ce dont il était capable…
« Il faut avoir confiance dans des joueurs uniques comme ça. Des gars comme Doncic, Bird, Jason Kidd, Magic Johnson » énumère le coach de Dallas. « Parfois, ils s’ennuient, et ils veulent être créatifs et faire des choses qui plus ou moins brisent la monotonie. J’ai conscience que c’est un artiste, un showman. C’est important pour lui de sentir qu’il est là pour faire son boulot pour faire gagner des matches, mais aussi qu’il est là pour divertir les gens. Je l’ai compris. Ce que les plus grands sportifs de l’histoire ont en commun, c’est cette prise de conscience du côté divertissement du sport, de le faire coller au collectif, tout en faisant de la victoire une priorité. »
Bien sûr, les coaches apprécient peu qu’un joueur se laisse aller à quelques friandises, notamment sous la pression des réseaux sociaux avides de highlights, mais lorsque le joueur en question possède un talent incroyable, forcément, on y réfléchit à deux fois. Même s’il est tout de même nécessaire de conserver un cadre.
« Un super joueur a besoin d’une laisse » explique ainsi Mike Procopio, ancien responsable de la formation aux Mavericks. « Je ne crois pas que c’était nuisible mais on avait d’un côté un jeune joueur qui en voulait davantage, et de l’autre un coach qui n’avait pas l’habitude de le faire avec un jeune joueur. »
« Quand on doit composer avec des gens qui pensent qu’ils n’ont rien à apprendre, c’est là qu’on va au conflit »
Mais avec Luka Doncic, « Age ain’t nothin’ but a number » puisqu’il joue chez les « grands » depuis cinq ans, qu’il a tout gagné en Europe, et que sa maturité est plus élevée que celle des joueurs de son âge.
« Pour l’évolution d’un super joueur si jeune, le mieux à faire, c’est de le laisser faire des erreurs, et d’en retenir des leçons » poursuit Mike Procopio. « On ne peut pas s’emporter à chaque erreur. Rick en a conscience. Rick est intelligent. Il sait que le gamin est le futur de la franchise. Il ne peut pas en échapper. »
Ce qu’apprécie Rick Carlisle, c’est aussi que Luka Doncic écoute. Il n’en fait pas qu’à sa tête, et sans le nommer, le coach pense évidemment à Rajon Rondo avec qui le courant n’était pas passé. « Quand on doit composer avec des gens qui pensent qu’ils n’ont rien à apprendre, c’est là qu’on va au conflit. Luka est une éponge, sur et en dehors du terrain. Le plus important, c’est de comprendre qu’il y a une place et un moment pour tout. Et le plus important, c’est ne pas de compromettre la possibilité de gagner. »
En clair, Luka Doncic peut laisser libre cours à son génie créatif, mais ça ne doit pas se faire au détriment de l’efficacité et donc de la victoire. Une chose est sûre, le Slovène a les clés de l’attaque et ça lui plaît. « Je lui demande toujours : « Qu’est-ce que tu veux qu’on lance ? » » raconte le Rookie Of The Year 2019. « Pendant le match, il me laisse appeler les systèmes. C’est bien. Ça permet de laisser le match se dérouler et de jouer avec davantage de rythme. Je pense que c’est le meilleur basket à jouer. »
Il y a huit ans, l’année du titre, Rick Carlisle raconte qu’il n’avait pas demandé un seul système. Il faut dire qu’il avait Jason Kidd, l’un des meilleurs meneurs de l’histoire, qui avait alors 38 ans, quasiment le double de Luka Doncic.