Lorsqu’il débarque à sa toute première Summer League, en 2007, Marco Belinelli est nerveux. L’Italien vient pourtant d’être drafté à la 18e position par les Warriors mais il a peur de ne pas se faire remarquer. La raison ? Il ne parle pas un mot d’anglais. Alors il se fixe une règle simple : « Chaque fois que je touche le ballon, je shoote. C’est le basket, non ? Tout le monde comprend ça. » Ce jour-là, il plante plus d’une trentaine de points et réalise que l’anglais est moins important que le « langage » basket.
Plus de 10 ans après ce premier contact, il est toujours en NBA. Avec un titre avec les Spurs (2014) en poche et un paquet de belles saisons passées à jouer au joker offensif en sortant du banc de nombreuses franchises, dont Atlanta aujourd’hui.
L’ancien vainqueur du concours à trois points (2014) n’oublie que sa réussite en NBA est aussi liée aux nombreux « Européens » qui ont ouvert la voie, au début des années 2000. Aussi, « je n’aurais pas pu venir ici sans avoir appris le langage du basketball de certains des meilleurs joueurs d’Europe », écrit-il sur Player’s Tribune.
Le premier des joueurs les plus coriaces qu’il ait affronté s’appelle Dirk Nowitzki, « un des cinq meilleurs joueurs de l’histoire ». Marco Belinelli se souvient lorsque l’Allemand est arrivé sur la pointe des pieds dans la ligue.
« Tous les Européens de mon âge savaient qui il était. Nous savions tous qu’il serait énorme, bien avant que tout le monde le réalise en NBA. Lorsqu’on me demande le meilleur européen contre qui j’ai joué, Dirk est la première personne à laquelle je pense. Il a changé le basket de tant de façons. Mes coéquipiers et moi étions tellement impressionnés par sa façon de se déplacer, sa facilité à scorer. »
Au rayon des shooteurs, Marco Belinelli a une autre référence en tête : Peja Stojakovic. « J’étais un lanceur de briques comparé à lui », s’amuse l’Italien. Les deux hommes ont fait un bout de saison commune alors qu’ils étaient aux Hornets de la Nouvelle-Orléans, à la fin de l’ère Chris Paul. Beli se souvient d’un entraînement commun où Peja l’a défié à 3-points.
« Il m’a botté les fesses ! J’étais sans voix. J’ai déjà perdu des concours avant… mais pas comme ça. Il a démarré par en mettre 40 de suite. Pour moi, il est le meilleur shooteur avec lequel j’ai joué, probablement le meilleur jamais connu en NBA. »
La mémoire folle de Ginobili
Marco Belinelli a également fait équipe avec une autre légende passée par l’Europe avant la NBA : Manu Ginobili, avec qui il a gagné son titre en NBA. L’Argentin était une « star absolue lorsqu’il jouait dans ma ville natale, au Virtus Bologne ». Son ancien coéquipier raconte un aspect sans doute méconnu du Spur : sa mémoire sur tout.
« Manu fait attention aux détails. Je vais être honnête, les coaches et le staff nous donnent beaucoup d’informations à propos de l’équipe adverse, parfois on oublie. C’est dur de se souvenir de tout, tout le temps. Pas pour Manu. Il se souvient de tout, comme s’il était resté toute la nuit éveillée pour mémoriser tous les faits possibles sur l’adversaire. »
Et l’Italien de prendre l’exemple de ce joueur du bout du banc qui venait de lui coller un 3-points. « Tu ne savais pas que ce joueur était bon dans le corner à trois points ? », l’avait engueulé Manu Ginobili.
« Anthony Parker, c’était Jordan »
L’autre Européen cité est également passé par les Spurs pendant une saison et a été le coéquipier de Peja Stojakovic aux Kings : Hedo Turkoglu, passé aux Raptors comme Marco Belinelli.
« Hedo n’était pas vraiment un shooteur comme la plupart des Européens à cette époque, alors il en a toujours tiré profit. Les joueurs qui n’étaient pas préparés le défendaient comme s’il était un shooteur au prétexte qu’il était Européen. […] Hedo est costaud, plus que moi mais il était aussi très rapide et très bon sur le pick-and-roll. Vous vous souvenez les playoffs où il mène le Magic en finales NBA, en pénétrant et servant Dwight (Howard) ? C’est tout ce qu’il faut voir. Hedo connait le basket. »
Le cinquième homme n’est ni Tony Parker ou Pau Gasol, mais une surprise. Qui plus est un « faux » européen puisqu’il s’agit d’Anthony Parker, l’Américain qui a fait le bonheur du Maccabi Tel-Aviv et est devenu « l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de l’Euroleague ». L’Italien se souvient d’un affrontement avec lui dans ce cadre.
« On avait pris plus de 40 points. Anthony a marqué 21 points et je ne crois pas qu’il ait raté de tir, peut-être un ou deux maximum. Anthony Parker, pour les Européens au moins, n’était pas juste comme Jordan. Il était Jordan. Il était tellement rapide. Il pouvait passer la balle entre les jambes, faire des contres chase-down comme LeBron, ce que personne en Europe n’avait jamais vu. En tant que jeune qui rêvait de NBA, je me suis senti chanceux d’être sur le même terrain que lui. »