Il est l’attraction du moment, celui à qui tous les gamins fans de basket veulent ressembler et essaient d’imiter. Pour nous, spécialistes ou observateurs, le voir jouer est un vrai bonheur car rarement on avait vu un joueur au physique d’apparence anodine révolutionner et dominer le jeu comme Stephen Curry le fait actuellement. Lui-même reconnait d’ailleurs qu’il est dans une sorte d’état de grâce.
« Le jeu semble au ralenti. Je me sens tellement à l’aise et naturel. J’ai une telle confiance quand je suis sur le terrain qu’il ne peut en résulter que de bonnes choses, » confie-t-il à ESPN. « Je réussis chaque geste que je tente. Je suis sur un nuage. »
S’il s’attendait à être un bon meneur et qu’il espérait naturellement décrocher un titre dans sa carrière, Curry reconnait qu’il n’aurait jamais imaginé remporter un titre de MVP et encore moins être en course pour un second, même s’il ne manque pas de confiance en lui comme tous les joueurs NBA.
« Quand je suis sur le terrain, je pense l’être [le meilleur joueur du monde], évidemment. Je ne m’invite pas dans les débats pour savoir pourquoi je suis meilleur qu’untel ou untel, mais c’est ma motivation quand je travaille. »
Une place dans le club des 50-40-90 pour objectif
Toutefois, ce serait mal connaitre Curry que de croire qu’il se considère à son apogée. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, il aimerait être un meilleur finisseur près du cercle (ce qu’il fait déjà très bien) afin de trouver un meilleur équilibre avec « tous les shoots à 3-points que je prends », plus deux ou trois autres petites choses à améliorer.
« Je peux m’améliorer. Mes pertes de balles ne sont pas hors norme, mais ça me rend toujours fou quand je tente une passe idiote. Sinon, sur 82 matches, mon objectif est de rentrer dans le club des 50/40/90 (d’adresse au shoot, 3-point et lancer-franc). C’est un de mes objectifs et pour moi la marque ultime de l’efficacité et de la régularité. Je veux réussir cela. »
Pour l’instant, il est dans les cordes (53/46/90) et ce qui est fou, c’est qu’il le fait en marquant plus de 30 points par match, un exploit jamais réalisé jusqu’ici et que seuls Larry Bird et Kevin Durant ont approché.
« Vous pouvez essayer de copier notre small ball mais vous n’aurez pas l’effectif pour »
Il n’y a pas que sur le plan personnel que Stephen Curry est actuellement sur un nuage, collectivement aussi. Avec 23 victoires pour zéro défaite (meilleur départ de l’histoire), 13 victoires consécutives à l’extérieur (record) ou encore 27 victoires consécutives si on prend en compte la fin de la saison dernière (deuxième plus longue série de l’histoire à égalité avec le Heat), les Warriors sont aussi sur un nuage… ou plutôt, sur une autre galaxie.
« Individuellement, tout le monde est monté d’un cran. En tant qu’équipe, c’est une question d’alchimie. Notre noyau est ensemble depuis quatre ou cinq ans pour certains et nous sommes dans notre deuxième années dans le système de Steve Kerr. On a appris à gagner des matches dans toutes les situations. On joue avec beaucoup de confiance et de flair et je pense que nous sommes une équipe humble. Nous savons que nous pouvons encore progresser. »
Surtout, les Warriors ont révolutionné la NBA avec un jeu « small ball » qui fait souvent très mal aux adversaires, au point que certain surnomme leur cinq « small ball » (Curry-Thompson-Barnes-Iguodala-Green) le cinq de la mort.
« Moi je l’appelle le « Uh-Oh Lineup ». Je sais que quand je suis sur le terrain avec ce cinq, quelque chose de bon va arriver. J’ai tellement d’options. Ce cinq se décrit en un mot : polyvalence. Tout le monde peut tout faire. »
Et surtout, personne ne peut l’arrêter. Du coup, comme chaque fois que quelque chose marche au point de mener au titre, les autres franchises s’y mettent aussi, espérant faire tomber le champion avec ses propres armes.
« Vous pouvez essayer de le copier, mais vous n’aurez pas le personnel. Il n’y a pas d’autre Draymond Green, pas d’autre Klay et pas d’autre Andre. Si vous mettez un cinq « small ball » face au notre, nous sommes plutôt confiants sur nos chances. »
« A quoi ça sert de remporter 73 matches si on ne gagne pas le titre ? »
Comme il suffit de regarder les matches des Warriors pour savoir que Curry dit vrai, on commence à se demander si cette équipe ne pourrait pas atteindre des records qu’on pensait bien ancrés dans le temps. A commencer par les 33 victoires consécutives des Lakers de 1971-72.
« Pourquoi pas ? Ca serait fantastique. En même temps, on ne veut pas se projeter trop vite. C’est comme notre départ, personne n’y avait pensé avant d’être à 12-0. Il y a tellement à accomplir entre les deux. »
Pour l’égaler, il faudra battre Boston et Milwaukee à l’extérieur, puis Phoenix, Milwaukee, Utah et enfin Cleveland, le 25 décembre, à domicile ce qui serait un beau cadeau de Noël.
De toute façon, même en cas de première défaite avant cela, les Warriors sont toujours bien partis pour aller titiller le record des Bulls de 1995-96 (72v-10d) qui en étaient à 30v-3d après 33 matches.
« Oui [on le veut], mais il faut le faire de la bonne façon. On veut continuer de progresser et être à notre meilleur niveau en avril. Si on ne gagne pas le titre, qu’est-ce qu’il y a de bon à remporter 73 matches ? »
En attendant, les Warriors ont jusqu’à vendredi pour se reposer et préparer le match contre Boston pour peut-être une 24e victoire consécutive cette saison.