Les Kings ont-ils perdu la tête ?

Nik Stauskas, drafté avec le 8e choix l’an passé, Jason Thompson, Carl Landry, un premier tour de Draft (protégé) en 2018 et la possibilité d’inverser leurs tours de Draft en 2016 et 2017. C’est ce que les Kings ont envoyé à Philadelphie cette nuit contre des contreparties dérisoires.

Le but de la manoeuvre est clair : libérer de la masse salariale pour recruter cet été. Ce qui est beaucoup plus flou, c’est la stratégie à long terme de la franchise. On peut ainsi s’interroger sur le plan des Sixers mais il est au moins cohérent avec la philosophie de Sam Hinkie, le GM cherchant à mettre la main sur une superstar lors de la Draft. Beaucoup moqués, les Knicks de Phil Jackson ont également fait des choix intéressants. Certes, ils ne plaisent peut-être pas à Carmelo Anthony mais ils sont sans doute nécessaires si l’équipe de Big Apple veut redevenir compétitive sur la durée.

Le problème de Sacramento, c’est ce manque de constance de l’équipe dirigeante, qui paraît sans cesse jouer à la pinata avec sa propre équipe…

Un propriétaire qui multiplie les changements de direction

Alors que les fans des Kings étaient extrêmement soulagés que les frères Maloof vendent la franchise au lieu de la déménager, l’arrivée de Vivek Ranadive en 2013 avait provoqué un souffle d’espoir dans la capitale californienne, qui n’avait plus connu les playoffs depuis 2006.

Sauf que l’homme d’affaires indien découvrait la gestion effective d’une franchise NBA et qu’il a parfois buté sur ses subtilités. Une règle implicite dans la ligue veut ainsi qu’une franchise choisisse son GM avant son coach afin d’éviter les tensions autour de l’effectif et de la philosophie de jeu par la suite. Il y a deux ans, Vivek Ranadive a lui engagé Mike Malone avant de faire venir le dirigeant Pete D’Alessandro.

Là où c’est plus embêtant, c’est que le propriétaire commet plusieurs fois les mêmes erreurs. Après avoir viré Mike Malone, il a ainsi offert le poste de coach à George Karl… avant de changer à nouveau sa direction sportive.

Mis au placard, Pete D’Alessandro est parti pour laisser les commandes à Vlade Divac, qui doit rappeler à son coach de lui laisser faire son travail. L’anarchie au sein de l’organigramme est telle que les employés découvrent les décisions du propriétaire dans la presse. Pas terrible pour bosser sereinement.

Un GM qui découvre le métier

« Beaucoup de ces gars pensent que je suis un rookie et ils me proposent de mauvais échanges. Je m’en fiche, j’ai passé toute ma vie dans le basket, je sais ce que je fais ».

Quand Vlade Divac explique comment les autres dirigeants ont essayé de le rouler à l’approche de la Draft, on comprend bien la position de faiblesse dans lequel l’ancien pivot serbe se trouve. Placé à la tête d’un bateau ivre, il doit essayer de redonner de la cohérence à la stratégie du club tout en essayant de satisfaire DeMarcus Cousins, qui s’impatiente après 131 victoires en cinq saisons.

Le licenciement de Mike Malone par la direction du club, alors qu’il était malade, a ainsi fait très mal à la relation de confiance entre le pivot et ses dirigeants. Le coach avait ainsi remis de l’ordre en développant une identité défensive.

Néanmoins, souhaitant que son équipe joue plus vite, Vivek Ranadive et Pete D’Alessandro avaient préféré changer de direction, une nouvelle fois. En D-League, la franchise expérimente ainsi avec son équipe affiliée à partir d’une formule mathématique qui les pousse à prendre près de 50 tirs à trois points par match ! C’est sans doute une des raisons qui a poussé le propriétaire à faire le forcing pour que son staff sélectionne Nik Stauskas l’an passé.

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Un an plus tard, l’ancien shooteur de Michigan est offert aux Sixers tandis que les Kings pensent recruter Rajon Rondo. Dans une ligue qui penche de plus en plus vers la ligne à trois points et alors que les Kings semblaient décidés à faire partie du mouvement, on leur souhaite bon courage pour appliquer la formule de leur équipe de D-League et réussir un bon pourcentage de leurs tirs de loin avec un cinq majeur composé de Rajon Rondo (19 tirs de loin réussis l’an passé), Ben McLemore (140), Rudy Gay (79), Wille Cauley-Stein (0) et DeMarcus Cousins (2).

Un agent qui tente de déstabiliser la franchise

Et comme si cette cacophonie interne ne suffisait pas, Vlade Divac doit également faire face aux assauts du puissant Dan Fegan, l’agent de DeMarcus Cousins. Celui qui représente également Dwight Howard semble ainsi nourrir la presse de rumeurs afin soit :

1/ De forcer les Kings a échanger DeMarcus Cousins
2/ De forcer les Kings à renvoyer George Karl

Adrian Wojnarowski, de Yahoo! Sports, a ainsi successivement annoncé que George Karl voulait transférer DeMarcus Cousins, que les Kings voulaient engager John Calipari en tant que coach/GM et que Sacramento avait engagé des avocats pour tenter de virer George Karl sans lui payer l’intégralité de son contrat.

À chaque fois, les intéressés ont démenti mais ces « scoops » ont définitivement fragilisé la position du coach. De toute façon, personne n’est dupe et Vlade Divac sait sans aucun doute très bien d’où viennent toutes ces rumeurs.

Si les Kings tiennent tellement à DeMarcus Cousins, il semble impossible de garder George Karl tant les efforts de l’agent du pivot pour savonner la planche du coach sont violents. Dans tous les cas, la franchise est dans une position bien instable et doit à tout prix définir une stratégie viable et enfin s’y tenir. Quant à Vivek Ranadive, qui déclarait récemment qu’acheter une franchise NBA était un peu comma acheter « une oeuvre d’art », il doit se rendre compte que les meilleurs mécènes font rarement de grands artistes.