L’histoire de ces Rockets version Clutch City, c’est l’histoire d’une équipe qui est souvent passée au second plan. Que ce soit derrière la retraite de Michael Jordan en octobre 1993, son retour en mars 1995 ou la course poursuite d’OJ Simpson le 17 juin 1994, les coéquipiers d’Hakeem Olajuwon se sont souvent fait voler la vedette. Ce documentaire leur rend l’hommage qui leur est dû.
Et pour cause, « Clutch City » revient en long et en large sur la genèse de cette équipe qui va aller conquérir le titre, deux années de suite, en 1994 et en 1995. Souvent minoré, c’est bel et bien un exploit phénoménal qu’a réalisé la bande à Rudy Tomjanovich. Avec de nombreuses anecdotes et un plateau de rêve, NBA TV a mis les petits plats dans les grands pour revenir sur la somptueuse aventure des Rockets.
Hakeem Olajuwon voulait partir
Tout commence avec l’arrivée d’Hakeem Olajuwon à Houston. Prodige de la fac locale aux côtés de Clyde Drexler, le jeune pivot d’origine nigériane fait rapidement des dégâts dans les raquettes NBA, avec son incroyable cocktail de vitesse et de toucher pour sa taille. Mais les Rockets sont encore loin de faire des vagues en NBA au début des années 90. Au contraire, il n’y a aucun concept d’équipe.
« Hakeem était le seul gars qui était investi dans l’équipe, » souffle Kenny Smith.
Petit à petit, année après année, Houston va se construire un collectif. Et les différentes étapes énumérées dans le film sont évocatrices d’un parcours chaotique. À l’image de leur coach Tomjanovich, qui a flirté avec la mort après un vilain coup de poing en plein match, ces Rockets seront des durs à cuire. Les « outsiders ultimes », ceux dont on n’arrive jamais à se débarrasser…
Lors d’un match contre Seattle, Vernon Maxwell (« Mad Max ») se fait expulser et crache sur le parquet. De retour dans les vestiaires, il se fait logiquement sermonner… et crache à nouveau sur le sol ! Hakeem Olajuwon le plaque alors au sol et lui fout une bonne claque sur le visage. Après un long voyage de présaison au Japon, pour y affronter les Sonics, Mad Max frappe à nouveau. Il est expulsé pour une énorme faute sur Nate McMillan et, dans le vol retour (12h d’avion), c’est « The Dream » en personne qui vient parler avec Maxwell.
Eliminé par ces mêmes Sonics en 1993, les Rockets reprennent cependant leur progression la saison suivante, avec une préparation à Galveston, dans un tout petit lycée de campagne. Leur début de saison à 22 victoires sur 23 matchs est tout simplement historique, et sur les épaules d’un Olajuwon MVP, Houston réalise sa meilleure saison.
Les « outsiders ultimes »
En coulisses cependant, on s’agite. Après avoir surmonté les rumeurs (fondées) d’un possible départ d’Olajuwon lors de sa première saison en tant que coach, Rudy Tomjanovich fomente pour échanger son rookie Robert Horry contre Sean Elliott, le shooteur des Pistons. L’échange est même officialisé… mais Elliott ne passe pas la visite médicale avec ses problèmes aux reins. Robert Horry revient à Houston mais le jeune ailier timide est transfiguré.
Avec cette bande de joueurs revanchards, autour d’un MVP en puissance, les Rockets renversent des montagnes. Ils passent de Choke City à Clutch City ! La finale face aux Knicks est à l’image de leur identité d’équipe, avec un retour du diable vauvert aux Games 6 et 7.
Les histoires sont nombreuses dans ce documentaire, notamment autour de l’arrivée controversée de Clyde Drexler en échange d’Otis Thorpe la saison suivante ou le retour en arrière sur « le coup de poing » de Kermit Washington sur Rudy Tomjanovich en 1977, mais elles sont toutes plus savoureuses les unes que les autres. Avec des joueurs haut en couleur, et forts en gueule, les Rockets vont bel et bien réalisé le doublé… après être partis de la 6e place à l’Ouest, un record jusqu’alors inégalé dans l’histoire NBA !
Du « fat cat hiatus » décrit par Kenny Smith après le premier titre qui les avait repus pour un temps, au « Kiss of Death », « le tir le plus important de l’histoire de Houston » selon Fran Blinebury, alors journaliste au Houston Chronicle, on s’est régalé du début à la fin avec Clutch City. Et maintenant, vous le savez, il ne faut jamais sous-estimer le coeur d’un champion !