LeBron James : quand l’isolation mène à l’isolement

On a tellement critiqué dans le passé Carmelo Anthony ou Kobe Bryant pour leur jeu en « isolation », qu’il serait injuste de passer sous silence la simplicité des systèmes des Cavs dans ces playoffs. On écrit « dans ces playoffs » car l’overdose d’isolations observée cette nuit était dans la lignée de ce qu’on voit depuis près de deux mois.

Avant la finale, LeBron James avait ainsi joué 192 situations d’isolations en 14 matches, pour 0.68 point inscrit par possession. Aucun joueur n’en a jouées autant, et c’est même plus que 14 équipes dans ces playoffs ! Surtout, il est moins efficace qu’en saison régulière, puisqu’il ramenait 0.93 point par « isolation ».

Cette nuit, cette recherche de l' »isolation » a tourné à la caricature mais David Blatt, qui a oublié Mike Miller et Shawn Marion sur le banc, n’en est pas le seul responsable. Il y avait une vraie volonté des Warriors d’isoler LeBron James. De le couper de ses coéquipiers, tout en le maintenant loin du cercle. Rapidement mis en confiance par des paniers extérieurs, la star des Cavs a davantage joué au large que lors des tours précédents. Il en a peut-être oublié d’aller dans la peinture. Comme sur cette dernière possession du temps réglementaire où il prend un tir compliqué à plus de 6 mètres au lieu d’aller au cercle…

Objectif : le couper de ses shooteurs

Sur cette rencontre, on a presque vu par moments un LeBron James « Jordanesque », à la fois efficace au loin, et au poste bas. En fait, il aura fallu attendre l’entrée d’Andre Iguodala pour le freiner.

« Andre est l’un des défenseurs les plus intelligents que je connaisse, et il est costaud » se justifie Steve Kerr. « Pas aussi costaud que LeBron à qui il rend 15 kilos, mais il est costaud. Le plus important avec LeBron, c’est la lecture des angles. Il regarde en permanence ses coéquipiers, et il pense aussi à scorer. C’est difficile de défendre sur lui. On a essayé Draymond, Klay, et finalement on a laissé Andre. Il est en NBA depuis 10, 11 ans, et il a de nombreuses fois défendu sur LeBron »

Interrogé aussi en conférence de presse sur les choix offensifs de ses adversaires, Steve Kerr a rappelé que la blessure de Kevin Love avait contraint les Cavs à modifier leur jeu dans ces playoffs, et que forcément, il y avait moins de solutions en attaque.

« Ils ont dû changer leurs placements sur le terrain depuis l’absence de Love, et c’est LeBron James qui est beaucoup utilisé au poste. Il est devenu vraiment bon à cet endroit, et c’est difficile de l’arrêter. »

Le coach des Warriors a aussi confirmé qu’il y avait une volonté d’isoler LeBron James en restant collés sur ses coéquipiers. Objectif : éviter qu’il ne fixe la défense pour servir un coéquipier démarqué. C’est bien évidemment dangereux de laisser LeBron en position de un-contre-un, mais au final, ça a fonctionné puisque la star des Cavs n’a distribué que 6 passes, et que seuls Timofey Mozgov, opportuniste, et Kyrie Irving, lui aussi sur des isolations, l’ont épaulé en attaque.

« Il a inscrit 44 points… » ironise Kerr à propos de son pari tactique. « Avec lui, c’est la peste ou le choléra. Tout le monde sait ce qu’il est capable de faire, et il est difficile à arrêter. Ils ont choisi qu’ils « poste » une tonne de fois, et dans ces cas-là, il faut attendre de voir ce qui se passe… »

LeBron James : « C’est notre plan de jeu et il a fonctionné »

Quant à LeBron, il maintient que la tactique employée est la bonne puisque les Cavs ont failli s’imposer dans cette première manche. Il s’en est fallu de quelques millimètres sur son tir, puis celui d’Iman Shumpert à l’ultime seconde du 4e quart-temps.

« Les Warriors s’attendent à ce que je crée. C’est ce que j’ai fait pendant tous les playoffs, et c’est notre plan de jeu. Les gars doivent être capables d’élever leur niveau de jeu, de mettre leurs tirs et de créer. Cela n’a rien à voir avec ma performance. C’est notre plan de jeu, et il a fonctionné. On s’est mis en position de gagner, et c’est juste qu’on n’a pas su conclure. »

En clair, Cleveland vivra et mourra avec des isolations de son meilleur joueur. Un paradoxe quand on sait que c’est un joueur altruiste, et surtout qu’il avait critiqué ce choix tactique après la fin du Game 1 face aux Hawks.

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