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Allen Iverson, Tracy McGrady, Vince Carter, Kobe Bryant, LeBron James ou même Shaquille O’Neal… Voici quelques uns des meilleurs joueurs et marqueurs de ces quinze dernières années. Leur point commun : aucun n’était un shooteur pur, et même un shooteur tout court. En revanche, pour dunker ou aller marquer sur la tête des intérieurs, on pouvait, ou on peut même encore compter sur eux.

Mais depuis quelque temps, et surtout cette saison, c’est le shoot qui est à l’honneur, et plus exactement le shoot à 3-points. Tout a commencé avec Kevin Durant, capable de planter de n’importe quel endroit du terrain avec la facilité d’un Larry Bird. Je me souviens de ce Mondial 2010 où il était tout simplement écoeurant. Il n’avait que 22 ans. Depuis, il est devenu MVP, et il continue d’être un incroyable shooteur de 5 à 8 mètres. Ray Allen et Steve Nash en pré-retraite, et Dirk Nowitzki moins efficace, je craignais pourtant que le shoot ne vive des années compliquées.

Le concours de dunks dépassé par le concours à 3-points

Mais voilà, au moment même où les plus grandes stars rechignent à participer au concours de dunks, les shooteurs se défient dans le plus grand concours à 3-points de l’histoire. Moi qui voue une passion pour le shoot, et les shooteurs, je suis comblé. L’événement du All-Star game n’est plus le concours de dunks, mais le concours de shoots à 3-points, et c’est le symbole de l’évolution de la NBA où l’on cherchera davantage à démarquer un shooteur qu’à inscrire un dunk facile.

Comme fers de lance de ce renouveau du shoot, il y a d’abord les « Splash Brothers », qui viennent coup sur coup de planter 52 et 51 points, avec respectivement 11 et 10 tirs à 3-points. Dans des styles différents, Stephen Curry et Klay Thompson sont insolents d’adresse, et leurs mains chaudes peuvent faire exploser n’importe quelle défense. Au passage, bravo aux Warriors d’avoir misé sur des shooteurs au moment de la draft, plutôt que sur des gars qui montaient au plafond. Il fallait être malin pour les sélectionner aux alentours de la 10e place.

Il y a aussi Kyle Korver, le stakhanoviste du tir. Un « role player » devenu une star à Atlanta. A l’instar d’un Kobe Bryant, Korver est un « étudiant » du jeu. Persuadé que le shoot parfait existe, il décortique et améliore son mouvement, et sa mécanique se rapproche de l’art. C’est aussi efficace que Stephen Curry, mais la technique est différente. Korver shoote en suspension (il lâche le ballon au sommet de son saut), là où Curry shoote en extension (pendant son saut). Korver est un vrai spécialiste du catch-and-shoot, alors que Curry n’est jamais aussi adroit qu’après un dribble. C’est ce qui le rend si spectaculaire.

Steve Kerr, Robert Horry, Ray Allen… des shooteurs décisifs

Si on ajoute Durant, on a là les meilleurs shooteurs du moment. Les plus dangereux. Ceux qui sont capables de faire 10/10 de n’importe quel endroit derrière l’arc. Pour ce type de joueurs, un tir à 3-points est l’équivalent d’un lancer pour le joueur lambda.

J’aime tellement les shooteurs que je survends à mes collègues un Anthony Morrow ou un Jodie Meeks. J’apprécie tellement les shooteurs que je place les 37 pts en un quart-temps de Thompson, au-dessus des 81 pts de Kobe Bryant. Sortir un 13/13 aux tirs en 12 minutes est pour moi d’une autre planète, et bien plus difficile que de planter 81 points lorsque vous êtes une superstar dans une équipe moyenne.

Je reste d’ailleurs persuadé que toute équipe se doit d’avoir un shooteur d’exception pour aller loin dans le championnat. Steve Kerr, Ray Allen et Robert Horry ont fait gagner des titres. Le basket est un sport d’adresse, et ce n’est que justice que les shooteurs soient à nouveau dans la lumière. Comme ce fut le cas à l’époque de Bird, Mullin ou Miller, ou dernièrement Nash, Allen ou Nowitzki. Des espèces que je croyais en voie de disparition dans ce basket si axé sur le physique et les qualités atléthiques, et c’est une chance que les frêles Curry, Durant et autre Thompson transforment le shoot à 3-points en un geste spectaculaire, susceptible d’inspirer les générations à venir.