Dans la famille des joueurs NBA qui aiment à cultiver leur jardin secret, on vous avait présenté Adonal Foyle récemment. Voici désormais Ekpe Udoh, le nouvel intérieur des Clippers.
Un club de lecture pour passer le temps
Intérieur limité offensivement qui tourne à 4 points et 3 rebonds de moyenne sur sa carrière NBA longue de quatre saisons, Udoh suit peu ou prou la trajectoire tracée par Foyle. Natif d’Oklahoma de parents d’origine nigériane, le jeune Ekpe n’est pas forcément un élève studieux durant sa jeunesse passée sur les plaines du Midwest.
« A l’école, j’essayais simplement d’avoir la moyenne et de faire ce qu’il fallait pour passer au niveau supérieur pour être complètement honnête. » rapporte Ekpe sur Triangle Offense. « A l’université, j’ai commencé à lire. C’était d’abord des articles de magazines sur les joueurs de basket. Et puis, un ami, Brandon Grier, m’envoyait toujours des emails avec des articles sur l’économie. Rien à voir avec le basket. Je n’y prêtais pas trop attention mais il m’a encouragé à les lire et a continué à m’en envoyer régulièrement. L’été dernier, je les ai lus et ça m’a fait du bien. J’ai compris alors que j’avais besoin d’autre chose parce qu’on a pas mal de temps libre après les entraînements et il me fallait ce type de lectures différentes, quelque chose de nouveau. »
Mais peu à peu, la passion du livre commence à le prendre. D’abord intéressé par les articles d’économie envoyés par son ami, Udoh bascule ensuite dans la fiction avec plusieurs romans, The Last Lecture de Randy Pausch ou And the Mountain Echoed de Khaled Hosseini. Il décide même de créer un « club de lecture » par le biais des réseaux sociaux et d’un site internet entièrement dédiée à la chose. Pour un joueur NBA, avouez que ce n’est pas commun.
Le slogan qui vous accueille sur le site est plutôt bien trouvé d’ailleurs : « Si je joue en NBA et que je trouve le temps de lire, vous pouvez aussi ».
« Je lis beaucoup. Il faut dire qu’on a du temps. On a l’entraînement de 9 à 12h le matin et après on a le reste de la journée pour soi. Donc je lis. Pendant la saison, je ne regarde pas tellement la télé jusque tard dans la nuit. Je préfère être sur mon ordinateur à lire quelques articles ou lire le livre pour le club. Dans les avions, pendant les déplacements, j’essaie de meubler mon temps. »
Une autre facette des joueurs NBA
Transféré cet été de Milwaukee à Los Angeles, Ekpe Udoh aura peut-être moins le temps de s’adonner à son activité extracurriculaire chez les Clippers qui sont non seulement une équipe de playoffs mais visent encore mieux après une sortie de route violente l’an passé contre le Thunder.
Cela dit, Udoh a déjà une idée derrière la tête pour son après-NBA. Sa reconversion semble déjà en bonne voie…
« J’aimerai bien travailler dans l’éducation. Pas forcément à l’école mais lire des articles, suivre des gens et leurs histoires. C’était un bonheur d’avoir rencontré Caron Butler à Milwaukee. J’ai beaucoup appris à ses côtés, c’est un individu incroyable. J’apprends comment ce type d’événement communautaire fonctionne. Bientôt, peut-être, j’en ferai une deuxième carrière. »
Eduqué dans le respect de ses aînés (Ekpe a même hérité de la grande taille de son grand-père nigérian), après avoir vu son père travailler dur à son arrivée aux Etats-Unis en 1982, Ekpe a le coeur sur la main et n’hésite pas à transmettre sa gentillesse à ses collègues NBA.
C’est ainsi qu’Udoh a été le parrain de Quincy Acy au moment de sa draft NBA, lui offrant le costard qu’il faut pour briller sur le podium.
« Oui, je devais le faire. Il est comme mon petit frère. Je ne rigole pas avec ça. C’était son tour, son moment. Il avait réalisé une grande carrière universitaire et je voulais qu’il apprécie ce moment particulier comme j’avais eu la chance de le faire. C’est le genre de choses que je fais naturellement et ça m’émeut beaucoup. De voir Quincy réaliser son rêve… mais d’autres gars plus vieux aussi comme Caron, Dorell Wright ou Monta Ellis, de les côtoyer et de les voir réussir, c’est très émouvant pour moi. »
Il est comme ça, Ekpe, à fleur de peau. Du haut de ses 2m08, on ne dirait pas mais l’ancien de Baylor est un grand sensible.
Et c’est tant mieux : ça nous change un peu du cliché du basketteur tatoué qui joue les durs et se retrouve dans la colonne des faits divers.