Dans la mare aux requins de la gestion de carrière, de droits d’image et de partenariats commerciaux à Los Angeles, la modestie est une arme autant qu’un fardeau. Allison Galer a bien cerné cette ambivalence. Cette Californienne de 24 ans, nièce de l’ancien agent de Magic Johnson, incarne sa vision d’un métier qu’elle a appris à vite maîtriser, et elle sait en jouer pour se faire sa place dans un marché encore en friche, les agents de WNBA.
Dès la première poignée de main, la fermeté résume le caractère d’une fonceuse ambitieuse. La rapidité du débit reflète son envie de convaincre, d’expliquer. Le ton doux et les silences songeurs trahissent l’humilité de sa lucidité. Après avoir répété ses gammes pratiques au fil de ses stages précoces, construit son assise théorique sur le campus de l’université de Brown en Ivy League, l’agent de Lisa Leslie et Candice Wiggins, entre autres, dirige l’agence « Disrupt The Game » depuis avril 2012.
« Monétiser la valeur ajoutée humaine »
« Mon oncle Lon Rosen, est mon mentor. Il m’a aidé à trouver un stage aux Sparks quand j’étais encore lycéenne, je connais ce milieu depuis longtemps. Cela peut sembler fou à 24 ans de prendre en main des carrières mais je me suis déjà construit un réseau grâce à mes stages. J’ai appris les diverses ramifications du métier », se justifie cette ancienne joueuse universitaire, quand nous la rencontrons en terrasse d’un café de Beverly Hills.
Consciente d’être au coeur d’un métier en pleine mutation, elle a une vision à long terme avec ses clientes, insistant énormément sur l’après-basket.
« Mon travail est de monétiser la valeur ajoutée humaine et sportive de mes clients. Je construis des marques. Une carrière ne dure pas tout le temps mais l’après-carrière est moins étriquée. Si Lisa (Leslie) me fait confiance, c’est la preuve pour les autres joueuses que je fais bien mon boulot. Avec Jacki (Gemelos) par exemple, je veux mettre à profit son histoire. »
Ce récit, c’est celui d’une prodige de 25 ans qui après s’être fait cinq fois les croisés du genou, évolue aujourd’hui au Panathinaikos.
« C’est un parcours incroyable. On travaille donc avec le préparateur physique des Sparks sur un prototype de leg-in qui racontera cette histoire avec sa technologie et ses atouts », s’épanche la jeune agent, soucieuse de didactisme.
Laisser le temps au temps
Dans une ligue où les salaires oscillent entre 37 5000 et 110 000 dollars sur la durée de l’exercice, elle ne peut pas se contenter des pourcentages sur les émoluments de ses clientes.
« Et puis, les filles sont en Europe pendant sept mois, où elles gagnent plus », précise-t-elle. Le Vieux continent et le Proche orient sont logiquement devenus pour elles d’autres leviers économiques. Après Gemelos en Grèce, elle a placé Candice Wiggins en Israël, au Maccabi Ashdod. Le problème pour celle qui représente aussi des stars de la musique, c’est que la WNBA se markete difficilement auprès des marques et des médias.
« Il y a beaucoup de joueuses inconnues du grand public, comme Devereaux Peters du Linx. Elle n’attire pas l’attention qu’elle mérite car c’est une remplaçante. Elle n’est pas récompensée médiatiquement de son impact sur l’équipe », reconnaît-elle. « Au final, sans le développement de la WNBA j’aurais plus de mal à signer des contrats de sponsoring pour mes joueuses. Cela va prendre du temps, c’est une ligue encore jeune. Les marques doivent comprendre que le retour sur investissement peut être très bon. Ce sont des joueuses éduquées, qui ne sont pas prétentieuses. Elles sont comme vous et moi. Beaucoup de gens ne connaissent pas les joueuses, leur personnalité, comment elles vivent. »
La NBA ne l’intéresse pas
Elle le confie sans s’en gêner, « j’aime le jeu mais je ne suis pas une droguée » ni cacher qu’elle n’enfile pas les matches à la télévision ou dans les salles, comme beaucoup de ses confrères masculins. Mais avec la WNBA, le lien est plus fort, plus authentique.
« J’aime cette ligue et ses joueuses. Je m’y concentre sans avoir aucune intention de faire aussi les hommes. La WNBA a beaucoup grandi ces dernières années, il y a des progrès. La clef c’est de faire venir les gens aux matche. Après y avoir goûté, ils reviennent quasi tous ! ».