Avec Thanksgiving dans le rétro, on approche de la vingtaine de matchs joués dans la jeune saison 2013-14. Et s’il reste encore les 3/4 de la saison régulière à s’ingurgiter pour les joueurs, on peut d’ores et déjà voir les rotations de chaque équipe se dessiner. Et malheureusement, cela implique que certains passent plus de temps à cirer le banc qu’à gambader sur les planches…
Pour décrypter la situation de ces joueurs mis à la niche par leur coach, Basket USA a sorti scalpel et bistouri pour diagnostiquer méthodiquement les raisons de cette mise à l’écart au bout du banc.
Plusieurs tendances majeures se sont révélées dont une, inquiétante, qui vise un contingent de 7 joueurs issus du basket européen. Pour un Tony Parker, un Dirk Nowitzki ou deux Gasol, la NBA dispose effectivement de plusieurs Shved, Fournier, ou Claver De Colo et Jerebko qui peinent toujours à trouver leur place dans la Grande Ligue.
Concernant les joueurs made in USA, on pourra opérer selon deux catégories essentielles : d’une part, les joueurs ‘has been’ qui profitent tranquillement de leur gros contrat ; et puis d’autre part, les talents inexploités de jeunes pousses parfois remis en pot. Revue d’effectif de ces talents en jachère.
LES EUROPÉENS
Alexey Shved (Minnesota)
Ses stats : 2 points, 1 rebond en 9 minutes de jeu (16 matchs)
Le pourquoi ? Rookie intéressant l’an passé (9 points, 4 passes) aux côtés de son compatriote Andrei Kirilenko, l’élégant arrière russe Alexey Shved connaît une deuxième campagne bien compliquée dans le Minnesota. Victime essentielle de l’arrivée de Kevin Martin, Shved n’a plus du tout de temps de jeu alors qu’il avait droit à 24 minutes l’an passé.
Le comment ? Très proche de Kirilenko avec qui il passait tout son temps, Shved marque le coup en attendant de pouvoir parfaitement parler anglais et s’intégrer dans le groupe des Wolves. Ses pourcentages de réussite plus que suspects (24% à deux points et 13% à trois points) trahissent bien un criant manque de confiance.
Et après ? Shved est encore dans son contrat rookie et cette saison est encore longue. Le prodige du CSKA doit persévérer et trouver d’autres moyens que le scoring pour légitimer sa place sur le parquet. Doit progresser en défense.
Evan Fournier (Denver)
Ses stats : 5 points, 2 rebonds en 12 minutes (16 matchs)
Le pourquoi ? Evan Fournier a changé de coach pendant l’été et son temps de jeu a (très) légèrement été revu à la hausse (11,3 à 12,4) mais le francilien de naissance peine encore à trouver sa place. La faute à des pourcentages là encore plus que douteux : 39% à deux points et 35% à trois points.
Le comment ? On pensait honnêtement que le départ d’Iguodala allait libérer du temps pour Fournier, surtout après de belles performances en fin de saison dernière. Mais l’arrivée de Nate Robinson, plus la double présence de Randy Foye et Jordan Hamilton ont fait que l’ancien poitevin est redescendu dans la hiérarchie.
Et après ? Ce qui inquiète dans le cas de Fournier, c’est que coach Shaw semble le laisser moins jouer sur les derniers matchs… que Denver remporte. Fournier a été testé alors que Denver se cherchait encore une identité. A Evan de revenir alors que les Nuggets marchent fort !
Donatas Motiejunas (Houston)
Ses stats : 4 points, 1 rebond en 8 minutes (7 matchs)
Le pourquoi ? La situation est claire pour Donatas Motiejunas : il est la doublure de la doublure d’un All Star en puissance. Avec Dwight Howard puis Omer Asik sur sa route au poste de pivot, le gaucher lituanien n’a clairement pas de bol. Alors certes, il apprend aux entraînements… mais son temps de jeu a chuté de 12 minutes l’an passé (déjà une hérésie) à 8 cette saison.
Le comment ? A part quand il y a blessure de ses devanciers, Motiejunas n’a le droit qu’à des bouts de minutes. Et dans le garbage time. Pourtant, avec du temps de jeu, le Balte est bon, comme avec 12 points à 5/6 aux tirs face à Denver.
Et après ? En voilà un qui doit secrètement piaffer d’impatience de voir Omer Asik déguerpir. Le pivot turc a fait part de son envie d’ailleurs avant de revenir sur ses pas pour le bien de son équipe. Mais l’histoire ne semble pas terminé à Clutch City…
Jonas Jerebko (Detroit)
Ses stats : 3 points en 7 minutes (12 matchs)
Le pourquoi ? Dans sa quatrième saison, le Suédois Jonas Jerebko réalise (et de loin) son pire exercice cette saison. Rookie, il tournait à 9 points et 6 rebonds en quasiment 30 minutes de jeu mais les deux dernière saisons, son temps de jeu a diminué et ses stats avec. La raison de ce recul est simple : c’est l’arrivée de Josh Smith à Motor City !
Le comment ? Ailier à tout faire, Jerebko est le type de joueur qui a besoin d’avoir du temps de jeu pour se montrer efficace. Réduit à de petites séquences ça et là ne suffit pas à Jonas pour se faire remarquer. Au contraire, il a tendance à en faire un peu trop comme dans la facile victoire contre Philly : 5 points, 5 rebonds, 1 interception mais 5 balles perdues.
Et après ? Les Pistons vont un peu mieux et peuvent croire aux playoffs dans une conférence Est sinistrée mais leur effectif est sujet à beaucoup de discussions. Et Jerebko en fait partie, lui qui a encore deux années de contrat.
Victor Claver (Portland)
Ses stats : 0 point en 1 minute (3 matchs)
Le pourquoi ? Auteur d’une saison mi figue mi raisin pour sa campagne rookie, Victor Claver n’est clairement plus dans les petits papiers de son coach. Derrière LaMarcus Aldridge et Robin Lopez, les deux titulaires indiscutables, Thomas Robinson et le « grand breton » Joel Freeland lui ont damé le pion dans la rotation intérieure. Du coup, c’est rude pour l’Ibère !
Le comment ? Comme pour Fournier, Claver a eu sa chance mais il a eu la malchance de jouer alors que son équipe ne gagnait pas. Et maintenant que Portland marche du feu de dieu, le coach aura forcément tendance à faire confiance au groupe en place.
Et après ? Un échange ou un retour en Europe ont été évoqués dans la presse espagnole, puis ont été niés par le joueur pour des raisons diplomatiques évidentes. Mais la solution semble bien de quitter l’Oregon.
Nando de Colo (San Antonio)
Ses stats : 3 points, 2 rebonds, 2 passes en 9 minutes (6 matchs)
Le pourquoi ? Déjà très peu utilisé l’an passé par Gregg Popovich, Nando De Colo repart sur une saison similaire et cela pose forcément question. De retour d’un bel été en bleu avec la médaille d’or autour du cou, De Colo aurait pu prétendre à davantage de responsabilités… mais au lieu de ça, il est renvoyé sur la case D-League !
Le comment ? Dans l’idée de fluidifier le jeu des Spurs parfois trop prévisible, c’est Patty Mills, un meneur avec une mentalité de scoreur, qui est désormais la doublure officielle de Tony Parker. Et puis avec l’éternel Ginobili et son sosie italien Marco Belinelli, ça fait encore deux joueurs devant Nando… sans compter le Canadien Corey Joseph !
Et après ? Nando l’a dit tout net : il veut encore rester aux Spurs. Parler de retour est encore trop tôt mais la porte reste toujours ouverte quand on sait l’attachement particulier du joueur pour l’Espagne. En attendant, il guette son opportunité.
Kevin Séraphin (Washington)
Ses stats : 4 points, 1 rebond en 8 minutes (14 matchs)
Le pourquoi ? Il fait partie, comme Shved et Fournier, de la rotation de son équipe avec 14 apparitions déjà au compteur ; mais Kevin Séraphin ne semble plus en odeur de sainteté à D.C. Critiqué par son coach et de moins en moins sollicité, l’ancien choletais s’est fait dépasser par Jan Vesely dans la hiérarchie et il pâtit de la venue de Marcin Gortat en provenance de Phoenix.
Le comment ? Ayant préféré rester aux Etats-Unis pour préparer sa dernière année de contrat aux Wizards, Séraphin avait fait un choix délicat en refusant de venir avec la sélection nationale. Il avait bien commencé la saison avec deux belles sorties face à Miami et Philly (9 et 8 points) mais son manque d’engagement aux rebonds et en défense a fini de lasser coach Wittman.
Et après ? Si même Trevor Booker commence à jouer plus que Séraphin, l’idéal serait bien évidemment que le pivot français fasse ses valises pour un autre club NBA. Mais le problème est de savoir si, vraiment, Séraphin est prêt à jouer avec son physique ? Si non, il ne sera jamais qu’un joueur de bout de banc !
LES POTENTIELS INEXPLOITÉS
Marshon Brooks (Boston)
Ses stats : 2 points à 26% de réussite en 7 minutes (7 matchs joués)
Le pourquoi ? Transféré de Brooklyn vers Boston dans l’échange pour Garnett, Pierce et Terry, Marshon Brooks est pour l’instant le dindon de la farce. Attaquant racé capable d’énormes cartons (27 points est son record), Brooks coule à pic depuis sa belle saison rookie à New Jersey (12 points de moyenne) alors même qu’on imaginait déjà sa résurrection à Boston.
Le comment ? Barré par Jordan Crawford et Courtney Lee sur le poste d’arrière, et menacé encore davantage quand Rajon Rondo effectuera son retour (poussant probablement Avery Bradley en 2), Brooks semble être dans une impasse chez les Celtics.
Et après ? Le joueur ne veut cependant pas (encore) céder à la panique. Il a ainsi répondu à la presse qu’il était trop tôt pour penser à un départ. « Il est beaucoup trop tôt pour ça. Je fais confiance à Brad Stevens. Il m’a dit que j’aurai ma chance. » On l’espère pour lui…
Austin Daye (Memphis)
Ses stats : 0,5 point en 3 minutes (4 matchs)
Le pourquoi ? Déplacé l’an passé de Detroit vers Memphis, Austin Daye a encore traversé les Etats Unis pour poser ses valises à Toronto. Mais il faut croire que tous ces mouvements ont secoué la grande tige issue de Gonzaga. Ce fort potentiel de la draft 2009 commence fortement à décevoir. Auteur de 7 points et 4 rebonds pour sa meilleure saison NBA, il fait partie maintenant de ces joueurs qui restent en costard derrière le banc de touche.
Le comment ? Trop filiforme pour jouer dans la peinture mais trop maladroit pour être un véritable ailier, Austin Daye navigue entre deux eaux depuis son arrivée en NBA. Mais à force d’avoir le cul entre deux chaises, il risque fort de tomber par terre…
Et après ? C’est un grand classique du microcosme NBA : on drafte un potentiel avant de drafter un joueur. Austin Daye a fait fantasmer Joe Dumars qui s’en est depuis débarrassé. Memphis n’en a pas voulu et il revient aux Raptors d’en tirer parti. Pas gagné !
Jimmer Fredette (Sacramento)
Ses stats : 4 points en 12 minutes (6 matchs)
Le pourquoi ? Après deux saisons à 7 points de moyenne, loin des attentes initiales de la franchise des Kings, Jimmer Fredette continue de végéter sur le banc. Classé troisième meneur derrière le dernier arrivant Greivis Vasquez et le lilliputien Isaiah Thomas, l’ancienne gâchette de BYU n’a toujours pas trouvé son rythme de croisière.
Le comment ? Réputé shooteur, Fredette déçoit dans ce rôle de sniper pur et dur (9/25 à deux points cette saison) comme il a déçu dans sa capacité à organiser le jeu pour ses coéquipiers. Son petit physique lui porte préjudice au plus haut niveau… mais il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Dans le même style, JJ Redick a lui aussi dû persévérer pour trouver sa place.
Et après ? Sa valeur marchande est en chute libre et le joueur est dans sa dernière année de contrat rookie. Il est fort possible que Fredette fasse office de victimes collatérales dans un échange que les Kings, de l’avis de tous, ne vont pas tarder à effectuer.
LES « HAS BEEN »
Ben Gordon (Charlotte)
Ses stats : 4 points en 11 minutes (3 matchs)
Le pourquoi ? Star des Bulls à son arrivée en NBA après une belle carrière à Connecticut, Ben Gordon a complètement disparu des radars. Signé à prix d’or par les Pistons qui voulaient en faire leur option offensive numéro 1, Gordon a déçu et Detroit l’a envoyé à Charlotte sans ménagement. En Caroline du Nord, le sujet britannique (qui a toujours une bonne raison pour ne pas jouer en équipe nationale) encaisse les chèques sans jouer.
Le comment ? De 21 minutes pour 11 points l’an passé à 11 minutes pour 4 points, c’est là l’ultime développement de la lente descente aux enfers du meilleur sixième homme en 2005. Gordon est maintenant prisonnier de son salaire dans une équipe qui ne compte plus sur lui, mais sur ses jeunes pour construire du nouveau.
Et après ? Au bord des 31 ans, Gordon a avoué qu’il attendait la prochaine intersaison avec impatience. Pour une dernière aventure, Gordon aimerait revenir sur les lieux de ses premiers exploits, à Chicago !
Andris Biedrins (Utah)
Ses stats : 0 point en 4 minutes (1 match)
Le pourquoi ? Après 9 saisons passées dans la Baie d’Oakland, le letton Andris Biedrins a été prié de dégager les lieux pour aller voir du côté du Lac Salé. Or, le Jazz n’a pas vraiment l’intention de faire dans le recyclage de vieux : le Jazz veut du neuf ! Derrière Enes Kanter, Derrick Favors, Marvin Williams, Jérémy Evans et notre Rudy Gobert national, Biedrins fait banquette.
Le comment ? Tout part en vrille en 2009 pour Biedrins. Il est alors pivot titulaire des Warriors avec un double double de moyenne. Puis, c’est la chute ! Il shoote à 16% aux lancers et la confiance lentement acquise pendant 4 saisons vole en éclat. Devenu doublure de Bogut à Oakland, il n’est plus que l’ombre de lui-même l’an passé (0,5 point, 3 rebonds). Ça fait cher le rebond à 9 millions l’année !
Et après ? Dans sa dernière année de contrat, Biedrins a la ferme intention de prouver qu’il peut encore jouer en NBA. Malheureusement, sa cheville l’a lâché et le pivot doit encore revenir en forme avant de pouvoir espérer trouver du temps de jeu.
Charlie Villanueva (Detroit)
Ses stats : 5 points en 8 minutes (5 matchs)
Le pourquoi ? Arrivé au même moment que Ben Gordon à Detroit pour ce qui devait être la nouvelle ère des Pistons, Charlie Villanueva a comme Gordon été une déception majeure. Extérieur doué en attaque et fort d’un bon shoot, Charlie V n’est par contre clairement pas un foudre de guerre en défense et aux rebonds. Loin donc des standards de MoTown.
Le comment ? Villanueva, c’est l’exemple type du joueur bloqué par son contrat. Mais mieux encore, c’est l’exemple typique des décisions contradictoires des staffs NBA. Recruté en 2009 comme le joueur d’avenir, il est désormais le joueur dont on ne veut plus derrière la dernière recrue en date (sur son poste) Josh Smith.
Et après ? Ça sent le sapin pour l’ancien Husky ! Touché au dos à de multiples reprises, Villanueva n’a plus grand-chose à offrir et les Pistons vont sans aucun doute essayer de le refourguer à une autre franchise avant la trade deadline.
LA SURPRISE DU CHEF
Anthony Bennett (Cleveland)
Ses stats : 2 points en 11 minutes (13 matchs)
Le pourquoi ? Dan Gilbert, le proprio des Cavs, devrait certainement entamer une carrière de comique à force de débiter des âneries à longueur de temps. Sa dernière pépite est d’avoir fait d’Anthony Bennett le premier choix de la dernière draft. L’ailier sorti de Las Vegas est pour l’instant la risée de la Ligue avec le plus petit total de points marqués par un 1er choix !
Le comment ? Ce bilan statistique est des plus cruels pour le jeune canadien et on ne peut que compatir à sa situation : Bennett semble se mettre trop de pression et il entre crispé dans le jeu. Il faut dire que l’ambiance délétère du vestiaire des Cavs n’est pas faite pour aider l’intégration du rookie !
Et après ? Pas de panique pour Cleveland. On ne pense pas à la D-League, il faut simplement que Bennett retrouve confiance en lui et en ses capacités. Cela passera peut-être par des mouvements dans l’équipe qui ne va pas bien en ce moment… mais aussi par un passage au poste 3 où il pourrait être titularisé.