La presse spécialisée US en ces semaines de morne actualité n’a qu’un patronyme à la plume: Tyler. Prénom: Jeremy. Age : 18 ans. Taille : 2m11. Particularité: il est devenu jeudi le premier américain né aux USA à quitter le lycée avant son diplôme pour débuter une carrière en Europe. Le Vieux continent est devenu un sérieux rival pour les meilleures équipes NCAA, voire même NBA désormais avec le dossier Olympiakos sur la table de jeu. Mais voilà qu’un gamin même pas bachelier (l’équivalent se nomme SAT aux « States ») traverse l’Atlantique pour démarrer sa carrière. Tyler restera dans les annales, quelle que soit la suite de son futur chez les professionnels. Le gamin de San Diego a signé pour un an et 140 000 dollars, sur les conseils de son agent B.J. Armstrong. L’ancien meneur des Bulls se justifie, Tyler affiche confiance et enthousiasme. Mais pour la grande majorité des acteurs de la balle orange aux Etats-Unis, ce deal est une énorme erreur, et moralement pernicieux. Explications.
Auteur de plus de 28 pts de moyenne avec son lycée, où selon ses termes « jouer au basket devenait ennuyeux« , Tyler était un phénomène sportif. Il est désormais un cas d’étude de jurisprudence. Fatigué des prises à trois, il estime avoir beaucoup trop de choses à développer dans son jeu, au regard de son potentiel, pour rester au lycée. Plusieurs clubs lui ont transmis une offre, cinq selon Armstrong, certaines plus lucratives que celle du Maccabi Haifa, nouveau ténor israélien. Mais le grand adolescent (car c’est ce qu’il est) a opté pour celle que lui ont conseillée Arsmtrong et Sonny Vaccaro, le conseiller du joueur et de sa famille. « Jeremy et sa famille ont privilégié le fait de jouer à quelques dollars de plus. Si Jeremy est celui qu’il est supposé être, de l’argent il en gagnera beaucoup dans la suite de sa carrière. » Eligible pour la draft en 2011, Tyler n’a pourtant signé que pour une saison.
A cette surprenante donnée, Vaccaro a une réponse : « Il faut que Jeremy apprenne combien c’est dur d’être professionnel et il fera ce qu’il veut la saison prochaine en fonction de ça. » On a connu plus convaincant. Armstrong tient à peu près le même discours: « Le basket sera l’inconue de l’équation le plus facile à résoudre. C’est en dehors des parquets que Jeremy doit maintenant ajuster sa vie. Il est professionnel, c’est un challenge. Mais aussi un grand pas pour lui et sa famille. » Le ton de Tyler lorsqu’il s’est agi de commenter son départ pour l’état Hébreu suinte la sincérité : le prospect n’y va pas à réculons. « Je me sens beni et suis très heureux. J’ai fait le plus facile, il me faut maintenant démontrer au monde entier que j’ai eu ce contrat pour une bonne raison. Maintenant je peux jouer contre des professionnels, je veux devenir un des plus grands joueurs de l’histoire. La saison passée a été ennuyeuse et la prochaine promettait de l’être encore plus. Ici je vais pouvoir apprendre, développer mon jeu. » Du côté du coach et du président de Haifa, c’est la satisfaction la plus complète. Aux Etats-Unis en revanche, le coup de tonnerre fait jaser.
« Je me moque de sa taille et de son poids, c’est ridicule. Cela n’a aucun sens pour un gamin de son âge. Même les joueurs matures reviennent au pays parfois après dix jours seulement. Si c’était mon gamin, jamais il ne serait allé là-bas« , commente un ancien coach NBA. Pour un journaliste specialisé basket, Armstrong et Vaccaro « exploitent » Tyler, ni plus ni moins. « Le Maccabi n’a pas mis assez d’argent pour prendre le temps d’être patient avec lui. En plus ils sont certains qu’il ne restera pas plus de deux ans. C’est marche ou crève d’entrée de jeu. Passer au moins le SAT aurait été plus judicieux, il ne se serait pas ennuyé. Il va faire quoi après le basket s’il n’est pas alors millionnaire ? ». David Stern ne s’est pas encore exprimé, il n’a aucune raison de le faire. Mais indirectement, c’est lui le responsable : sans la loi qui interdit à un jeune de moins de 19 ans ou sans au moins une année de NCAA d’aller en NBA, Tyler serait peut-être resté. Ce n’est pas un hasard si c’est depuis cette réglementation « boomerang » que des jeunes lycéens filent en Europe gagner de l’argent en attendant de revenir.