Oui, il les entend les chants « We Want Phil », scandés à chaque défaite à domicile depuis cinq mois. Il n’est ni sourd ni assez arrogant pour feindre l’ignorance et s’entêter dans un coupable déni. « Je suis humain et donc bien sûr que je n’aime pas ça. Mais je le comprends. »
Une heure avant l’épilogue de la « pire saison » de sa carrière, Mike D’Antoni s’est confié dans une conférence de presse aux airs d’entretien préalable de licenciement.
Pas un plumitif dans la salle ne croit alors encore au sursaut des Lakers, qui affichent pourtant le cinquième meilleur bilan de la ligue sur la deuxième moitié de saison (28-12). Le balai est prévisible et attendu, seul compte désormais le bilan de compétence de la personnalité sportive la plus conspuée de Los Angeles. C’est dans une atmosphère aigre que D’Antoni l’a dressé.
Entre mea culpa et optimisme, celui dont le père de 99 ans regarde encore tous les matches à la télévision en oublierait presque qu’il y a encore un match à jouer.
« Avec du recul (longue pause)…. je pense que je ferais certaines choses différemment si j’avais mieux connu les joueurs plus tôt. Avec un training camp tous ensemble, j’aurais sûrement mieux axé sur nos points forts. Une fois qu’on a compris que ça ne fonctionnait pas, nous avons changé les systèmes et le style de jeu. Contrairement à ce que j’entends, je n’y suis pas réfractaire. »
« J’entends les critiques et je les comprends. J’ai fait le dos rond sans rien dire ni laver mon linge sale en public. Je suis assez intelligent pour savoir que cela ne servirait à rien et me desservirait. Je ne suis pas fou. Quand on aime sincèrement coacher, même une saison très difficile comme celle-là reste une bonne année. Il m’a fallu du temps pour connaître les joueurs. Les derniers 40 matches on a pu jouer sur leurs forces, en s’adaptant. C’est cela qu’on doit faire la saison prochaine. En fonction des gars, on mettra en place le jeu le plus approprié. Si ce n’est pas celui qui a mes faveurs, ça m’est égal. »
« Je ne regrette pas une minute d’avoir accepté le poste. Le seul regret que j’ai c’est de ne pas pouvoir être tout le temps avec mon fils pour sa dernière saison au lycée. »
Contrairement à son géniteur, endurci de la feuille avec l’âge, le rejeton peut lui entendre les sifflets et les « We Want Phil » du Staples Center. Mitch Kupchak aussi. Pour l’instant le GM lui maintient sa confiance et clame à qui mieux-mieux qu’il reste l’homme de la situation. Mais de quelle situation parle-t-on ? Car Dwight Howard n’est pas un défenseur de Mike D’Antoni et forcément, en novembre prochain si les deux sont encore là, ça peut poser des problèmes. Encore.