[reportage] Au coeur de la March Madness – objectif Sweet 16

Suite et fin du séjour de Thomas à la March Madness. Place au tour qualificatif pour le Sweet 16. Toujours en Caroline du Nord.

Mais avant d’aller voir les garçons, et notamment la suite des aventures de Lehigh, Thomas a fait un détour par le tournoi féminin.

Une petite touche de douceur ?

J’ai toujours eu un faible pour le sport féminin, question d’esthétique et de fraicheur. Voila pourquoi j’ai décidé de faire ce dimanche matin un petit crochet par l’un des sites qui héberge le premier tour du tournoi Féminin. Me voilà donc parti pour l’Université de North Carolina à Chapel Hill. La bourgade porte bien son nom puisque qu’il faut grimper tout en haut d’une colline boisée pour déboucher au cœur du campus. Sans me poser de questions je me rends directement au Dean Smith Center, la monumentale salle de Basket du nom du coach mythique des Tar Heels mais je trouve l’endroit étrangement calme à 1h du coup d’envoi. Il y a quelque chose qui cloche. Renseignement pris, les rencontres ont lieu sur un site secondaire le Carmichael Hall situé à quelques kilomètres de là. Le moins que l’on puisse dire c’est que je ne suis pas en avance mais la mansuétude d’un policier qui me fourni l’adresse exacte du lieu me permet de l’atteindre sans encombre grâce à mon GPS. Moi qui m’attendais à un vieux gymnase, je suis bluffé de découvrir que ce site « secondaire » n’a rien à envié à la plupart de nos salles hexagonales ! Même professionnalisme dans l’accueil, même esprit dans les moyens déployés même si c’est ici à une échelle légèrement inférieure. Tout s’annonce pour le mieux …

J’ai prévu d’assister au premier match avant de reprendre la direction de Greensboro pour terminer la journée avec le tableau masculin, les deux sites étant distant d’une soixantaine de kilomètres. Cette rencontre oppose Georgetown à Fresno State. L’université de Georgetown située à Washington D.C. est l’une des plus anciennes universités jésuites des Etats-Unis. C’est devenu un fief de l’upper class afro-américaine. L’équipe des Hoyas est d’ailleurs constituée exclusivement de joueuses issues de la communauté afro-américaine. Leur « band » qui a également fait le déplacement est riche en percussions et en trompettes et rythme avec brio l’avant match. En face, l’équipe de Fresno State venue de Californie profonde est plus métissée quoique largement caucasienne. Le staff des deux équipes vaut le coup d’œil ne serait-ce que par leur accoutrement vestimentaire pour le moins anachronique. Une grande blonde à la carrure impressionnante montée sur des talons aiguille des 20 cm se tortille péniblement sur le parquet pour s’installer sur le banc de Fresno !

Niveau Basket, le match sera très plaisant à suivre même si c’est totalement incomparable avec le jeu masculin. Surclassés d’entrée par les Hoyas, les Bulldogs de Fresno jouent un jeu beaucoup plus placé mais les californiennes enregistrent un large déficit de 10 points à la pause faute d’adresse. La petite meneuse de Georgetown est un vrai Dragster et porte l’avance à 17 points grâce à quelques « coast to coast » bien sentis. Mais à force de patience, Fresno réussi à recoller pour revenir à 2 unités. Les 5 dernières minutes s’annoncent pleines de suspense mais Georgetown finira par s’imposer 61-56 malgré ce sursaut d’orgueil des filles de la côte ouest.

Je suis contraint de m’éclipser rapidement au début de la rencontre suivante Georgia Tech et Sacred Heart. J’ai à peine l’occasion de prendre quelques clichés, perché en haut des tribunes afin d’expérimenter ce nouveau point de vue qu’il est déjà temps de regagner sur le parking mon véhicule surchauffé par le soleil printanier.

Direction « Sweet Sixteen »

Retour en fin d’après midi sur Greensboro pour assister au troisième tour du tournoi masculin. Les vainqueurs de vendredi s’affrontent pour un billet convoité pour le tournoi régional. Nous sommes dimanche et le public est venu en masse bien que les affiches proposées paraissent quelque peu déséquilibrées. Devant l’entrée du Coliseum, de grandes tentes ont été dressées et de nombreuses attractions sont proposées au public dans une ambiance festive. On joue de la musique live mais je n’ai guère le temps de m’attarder.

Je rejoins sur le parquet le duo vedette de présentateurs de CBS Jim Nantz et Clark Kellogg qui eux aussi se préparent en cet avant match et sont plébiscités par le public. Une pancarte « Natz & Kellogg for President 2012 » brandie par 4 fans hilares a particulièrement retenue leur attention. Clark Kellogg a d’ailleurs un fils dans la compétition puisque Nick est arrière chez les Bobcats d’Ohio qui sont toujours en course.

Le match le plus attendu du jour est évidemment celui de North Carolina. Face à Creighton, le longiligne John Henson de retour sur le parquet pour UNC prouve qu’il est de nouveau en pleine possession de ses moyens puisqu’entre les rebonds et les blocks qu’il distribue avec beaucoup d’aisance, il sera pour beaucoup dans la large victoire des siens 87 à 73. Ce retour vient à point nommé d’autant que le meneur Kendall Marshall s’est brisé le poignet après une lourde chute et que cette perte pourrait s’avérer dévastatrice pour la suite du tournoi. Ce match m’a littéralement donné des frissons tant le soutien populaire était intense. Les clameurs s’élevant des gradins lors des contre-attaques ou des dunks valent à elles seules le voyage. C’est à ce moment que l’on comprend la culture basket de cette région. Roy Williams, le coach d’UNC dans son impeccable costume crème a néanmoins la tête des mauvais jours en conférence de presse. La victoire a un goût amer avec la perte de Marshall.

La seconde rencontre entre Xavier et Lehigh parait plus ouverte tant les Hawks ont impressionné lors de leur victoire face à Duke mais il est toujours difficile de confirmer après un tel exploit. Et Xavier, équipe physique par excellence a sorti le bleu de chauffe en insistant à l’intérieur avec son pivot massif Kenny Frease. Le genre de gars à la mine renfrognée que je n’aimerais pas croiser le soir dans une rue déserte. Toujours est-il que Frease enquille les paniers et signe un record de carrière avec 25 points et 12 rebonds. Assez en tous les cas pour annihiler les derniers espoirs de Lehigh, une équipe trop limitée en taille pour résister dans ce registre et qui s’incline finalement face à Xavier 70 -58. Les universités de l’Ohio ont décidemment le vent en poupe puisqu’à ce stade du tournoi reste en course Ohio, Ohio State, Xavier et Cincinnati.

Voilà, Xavier et North Carolina ont validé leur billet pour le « Sweet Sixteen » où ils joueront respectivement Baylor et Ohio. Vivre ces quelques journées au cœur du tournoi fut comme un rêve de gosse. Franchement je conseille à quiconque aurait l’opportunité de goûter à l’ambiance de March Madness de ne pas hésiter une seconde pour plonger dans cette folle atmosphère. Après cette parenthèse un peu surréaliste, me voici de retour sur Paris. J’ai suivi avec intérêt le parcours des deux équipes mais l’obstacle Baylor fut insurmontable pour Xavier et l’absence de Marshall certes compensée face au Bobcats d’Ohio fut également trop difficile à gérer pour North Carolina lors du match d’Elite 8 où les Tar Heels ont dû s’incliner face à Kansas.

Pour prolonger l’expérience avec une sélection de photos sur cette tranche de « March Madness » c’est sur cette page. Ce soir, place au Final Four. Je regarderai ça sur ESPN America. A partir de minuit.