La franchise californienne est, avec ses 15 trophées de champions, la deuxième équipe la plus titrée de l’histoire derrière les Celtics. Les fans de ces équipes sont comblés mais attendent forcément toujours un peu plus de ces franchises au palmarès bien fourni.
Tout peut aller tellement vite en NBA, si les Celtics sont passés il y a deux ans du statut d’équipe du bas de tableau à celui de champions, les Lakers ont bien failli à la même époque suivre le chemin inverse.
Nous sommes deux ans plus tard, les Lakers ont depuis participé à deux finales et en ont remporté une il y a 3 mois de cela. Toutefois, le chemin parcouru n’a pas été une balade de santé et comme on dit toujours, le plus dur n’est pas d’être au sommet, c’est de le rester. Les Lakers en seront-ils capables ?
Après avoir étudié San Antonio, Orlando, Chicago, Toronto ou encore Portland, place donc aux champions en titre.
A deux doigts du black-out
Rappelez vous il y a deux ans de cela, lors de l’été 2007, Kobe Bryant demandait à être échangé. Les Lakers n’avaient participé que deux fois aux playoffs en trois ans, et leur deux participations n’étaient pas allées plus loin que le premier tour. Kobe voulait partir et cette fois-ci c’était du définitif. Les magazines à l’époque osaient même des premières pages avec Kobe Bryant dans l’uniforme des Bulls qui étaient parmi les favoris pour l’accueillir. Lassé par l’inertie de ses dirigeants, Kobe pensait que ces derniers n’avaient pas de plan à court terme pour l’équipe. Peu de temps après, s’ils n’avaient toujours recruté personne pour entourer leur star, le General Manager Mitch Kupchak ainsi que le président des Lakers Jerry Buss avaient réussi leur meilleure opération de l’été 2007, convaincre Bryant de rester. Cependant, KB24 n’avait pas accepté de rester simplement pour les beaux yeux de ses dirigeants. Ces derniers lui avaient verbalement promis de l’entourer correctement, et surtout rapidement. Pourtant, au début de la saison 2007-2008, l’effectif était sensiblement identique à l’exception du retour de Derek Fisher, mais quelques temps après, les prières de Kobe ont été exhaussées.
Apparemment, Kobe est en relation direct avec le dieu du basket puisque 9 matchs après le début de saison, les Lakers échangeaient Brian Cook et Maurice Evans contre Trevor Ariza. Certes, à l’époque ce transfert n’avait rien de choquant, mais quand on voit ce qu’a apporté Ariza par la suite, on se dit que les Los Angeles étaient les grands gagnants de ce trade.
Mais ceci n’était qu’un aperçu des pouvoirs du dieu du basket. Oui car le dieu du basket est tout puissant, il peut faire tout ce qu’il veut, et si vous n’êtes pas croyant, dans ce cas expliquez moi comment les Lakers ont pu récupérer Pau Gasol en proposant Kwame Brown, Javaris Crittenton et Aaron McKie sans une intervention divine ??? Bon je sais, Memphis a fait ça pour libérer de la masse salariale et ce trade était pour eux un plan à long terme puisque dans le tas, ils ont aussi récupérer les droits sur Marc Gasol mais bon quand même.
Bref, la suite vous la connaissez, un Kobe satisfait qui par la même occasion remportait son premier trophée de MVP, une saison à 57v-25d, un parcours presque parfait en playoffs puisque avant la finale, les Lakers avaient remporté 12 de leurs 15 matchs, et au bout, une finale perdue 4-2 face à des Celtics indéniablement plus fort.
Tout ceci nous mène à la saison 2008-2009, la dernière en date. Malgré une concurrence un peu plus élevées à l’Ouest, ce qui m’avait frappé chez les Lakers dès le début de saison, c’était de voir à quel point, tous étaient concentrés sur leur objectif. Chaque match, chaque victoire, n’était qu’un palier de plus à passer pour atteindre leur but. Début janvier, les Lakers affichaient même un bilan de 27 victoires pour 5 défaites, et ont fini la saison avec un total de 67 victoires. En playoffs, Los Angeles se débarrassera de Utah en 5 matchs, de Houston en 7, de Denver en 6 et termineront par une victoire 4-1 sur Orlando en finale. 15ème titre pour la franchise, 1er titre de MVP des finales pour Bryant et 10ème titre en tant que coach pour Phil Jackson qui deviendra ce jour-là le coach le plus titré de l’histoire de la NBA. La victoire est belle, mais tout le monde s’attendait à une revanche face aux Celtics ou bien à un duel épique entre LeBron et Kobe. Certes, Orlando n’a pas démérité, loin de là, mais si les Lakers ont remporté le championnat ce jour là, ils n’ont en revanche pas convaincu tout le monde de leur suprématie. A ce moment, on les imagine capables de s’imposer à nouveau l’année prochaine mais un événement en particulier va venir chambouler tous les pronostics.
On ne change pas une équipe qui gagne sauf…
…sauf si c’est pour la rendre encore plus forte. A priori, il n’y a rien de scientifique là dedans, mais évidemment vous vous en doutez, rien n’est jamais aussi simple. Fin juin, l’effectif des Lakers est toujours, sur le papier, l’un des meilleurs de la ligue. Cependant, en l’espace de quelques jours, nous avons assisté à un véritable jeu des chaises musicales avec l’arrivée de Richard Jefferson à San Antonio, du Shaq à Cleveland, de Carter à Orlando, j’en passe et des meilleurs. Tous les prétendants au titre se renforcent tandis que les Lakers peinent à prolonger Ariza et Odom. Tout deux déclarent que l’argent ne sera pas une priorité et qu’ils veulent à tout prix rester à Los Angeles…
Quelques jours plus tard, Ariza quitte L.A pour Houston. Qu’à cela ne tienne, les Lakers engagent dans la foulée l’ancien Rocket, Ron Artest. Je tiens tout de même, au travers de cet article, à avouer publiquement toute mon admiration pour l’agent d’Ariza qui répond au doux nom de David Lee. Ce dernier à réussi l’exploit de convaincre son joueur de refuser le contrat proposé par L.A en lui faisant miroiter qu’il pourrait obtenir plus, tout ceci en ignorant complètement le plan B des Lakers concernant Artest. Résultat, Ariza a signé à Houston pour un contrat moindre que celui proposé à l’origine par Los Angeles… Je comprends mieux pourquoi cet agent ne gère que 4 joueurs de la ligue. Cependant, avis aux dirigeants des Lakers, Andrew Bynum est aussi l’un de ses clients, ils devraient se méfier quand viendra l’heure de lui proposer un nouveau contrat.
Revenons à nos moutons, et plus précisément à notre brebis (parfois galeuse), Ron Artest. J’ai attendu un moment avant de faire cet article sur les Lakers car j’attendais que Odom prenne une décision. Au final, cela m’a permis de réfléchir sur ce nouvel arrivant et je pense que les Lakers ont réalisé un véritable coup de maître pour plusieurs raisons. Je m’explique, au début, je me demandais pourquoi ne pas avoir tout fait pour conserver Ariza qui avait véritablement explosé et qui de plus, acceptait son rôle ? N’est-ce pas un risque de prendre un joueur aussi instable que Artest ? Parviendra-t-il à trouver sa place au sein du groupe ?
Le premier élément rassurant se trouve dans le fait que Artest a accepté de signer à Los Angeles pour un contrat moins élevé que la saison passée. A 29 ans, Artest vient pour gagner et aussi provocateur qu’il soit, il sait que sans titre, on ne retiendra de lui que sa suspension record pour la bagarre du Palace of Auburn Hill (la salle des Detroit Pistons). Bien sûr, comme beaucoup, je n’ai pu m’empêcher de faire la comparaison avec la venue de Rodman aux Bulls en 1996, et le dénominateur commun à ces deux événements est Phil Jackson. C’est en grande partie grâce au Zen Master que peu de fans s’inquiètent de l’arrivée d’Artest. Coach Jackson est tout simplement le meilleur quand il s’agit de gérer l’égo de ses stars et de les faire évoluer ensemble. Comme on le dit toujours, les joueurs ne sont pas obligés d’être les meilleurs amis du monde pour gagner, ce qu’il faut, c’est s’entendre sur le terrain et pour cela il ne devrait pas y avoir de souci. Les fantaisies des uns, et les frasques des autres n’ont que très peu d’importance lorsque l’équipe gagne, elles en ont quand l’équipe perd et ce n’est pas un joueur qui va faire passer L.A du statut de champion à celui d’équipe possédant le plus chance de récolter le premier choix de la draft. Malgré tout, même en cas de victoires, il n’est pas dit que les joueurs s’habituent au fait de voir Artest monter dans le bus de l’équipe vêtu uniquement de ses sous-vêtements mais bon, après tout, la NBA n’est-elle pas « where amazing happens » ?
Toujours concernant Artest, certains pensent qu’il est dommage de s’être séparer d’un jeune joueur en échange d’un presque trentenaire. Il est vrai que Ariza est jeune et a encore une bonne marge de progression devant lui. Cependant, les Lakers pensent à court terme, ils viennent de gagner et vont essayer d’engranger un maximum de trophées pendant les quelques années qu’il reste à Kobe dans la ligue. Même s’il est possible que Ariza devienne excellent dans les années à venir, c’est aujourd’hui que les Lakers ont besoin de joueurs au top de leur forme et à l’heure actuelle, Artest est meilleur que Ariza. Toujours concernant l’âge, on m’a parlé il y a peu des stats en baisses de Artest et de son possible déclin. Certes, à Houston, comparé à ses moyennes en carrière, Artest scorait plus mais il captait moins de rebonds, faisait moins de passes d’interceptions et de contres. Oui, mais il faisait aussi moins de fautes et perdait moins de ballons. Tout le monde le sait, ce ne sont que des chiffres, et en basket les stats ne font pas tout, le plus important c’est son énorme travail de sape. A la limite, pour un joueur spécialiste de la défense, les seuls chiffres qui importent sont ceux de son adversaire direct.
Enfin, nous terminerons cette partie recrutement par une des priorités de l’été, le renouvellement de Lamar Odom et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Lakers ont eu très, très chaud. Si Odom n’est ni le franchise player de L.A, ni le lieutenant de Kobe, il est en revanche clairement le facteur X de l’équipe. Sa polyvalence permet à coach Jackson de varier les plaisirs et de palier aux éventuelles blessures. Sans lui, la blessure de Bynum et son faible rendement en playoffs auraient posé bien plus de problèmes à L.A. L’an dernier, Odom tournait à 11.3 points, 8.2 rebonds, 1 interception et 1.3 contres par match. En playoffs, il a même été capable d’augmenter ses stats dans les catégories des points, rebonds, contres, pourcentage aux shoots et pourcentage à 3 points. Odom est un « all around player », sa taille et son agilité permettent aux Lakers de l’utiliser à différents postes et de plus, il a plutôt bien accepté son rôle de 6ème homme mais gare tout de même à ne pas en abuser. Lamar jouait environ 30 minutes par match l’an passé et avec l’arrivée d’Artest et en supposant que Bynum retrouve son niveau d’avant blessure, il faudra tout de même penser à garder un petit lot conséquent de minutes de jeu à Odom tout en gérant les égos des uns et des autres.
Maintenant que Odom a re-signé, les principales questions qui tournent autour des Lakers concernent quasiment toutes Ron Artest. Ce dernier a récemment fait la comparaison entre L.A et les Bulls de 1996, et a déclarait qu’il voulait être le Pippen de Kobe. Cependant, et je pense que le plus gros danger ce trouve là, Artest ne doit surtout pas chercher à être « le Pippen » des Lakers. Kobe à déjà Pau Gasol et Lamar Odom pour ça. Les Lakers ont déjà remporté un titre sans Artest et c’est à lui de s’adapter à l’équipe, pas l’inverse.
Quels sont les points forts et les points faibles des Lakers ?
Une chose est sûre, si les Lakers se sont renforcés, les prétendants au titre que sont Boston, Cleveland, Orlando ou San Antonio en ont fait de même et le parcours sera très compliqué. Les Lakers ne pourront pas simplement compter sur leur effectif impressionnant car ceux de la concurrence le seront tout autant.
Los Angeles, ce n’est pas seulement un effectif impressionnant, c’est aussi un coach, et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du coach le plus titré de l’histoire, Phil Jackson. Mais le Zen Master, ce n’est pas juste 10 trophées, c’est aussi une moyenne de 57,8 victoires par saison lors de ses 18 années de carrière, soit 70,5% de victoires. C’est également 209 matchs de playoffs gagnés sur 300 joués. Ah, j’allais oublier, Coach Jackson c’est aussi un bilan de 42-0 lorsque son équipe remporte le premier match d’une série de playoffs. Qui de mieux pour mener cette équipe jusqu’au back to back ?
Los Angeles était, la saison passée, la meilleure équipe de la ligue aux rebonds, ainsi que la seconde aux passes et aux interceptions. L’an passé, les Lakers inscrivaient en moyenne 106,2 points par match (3ème de la ligue) pour une moyenne de 98,5 points encaissés (13ème). C’est aussi en cela que l’arrivée d’Artest est une bonne chose. Les Lakers n’ont pas besoin de ses capacités offensives, ils ont par dessus tout besoin qu’il conserve son niveau défensif à l’instar de la saison dernière où Artest a été élu dans la All Defensive Second Team. Son apport en défense associé à celui de Bryant, qui faisait lui partie de la All Defensive First Team la saison passée, devrait être un élément majeur face à leurs concurrents directs.
Toujours concernant Kobe Bryant, j’ai récemment lu un article sur espn.com qui disait que Kobe allait très certainement commencer à décliner à partir de la saison prochaine. Cependant, avec tout le respect que je dois aux excellents journalistes de ESPN, je ne suis absolument pas en accord avec eux sur ce point. Kobe a eu 31 ans il y a peu, et entamera sa 14ème saison NBA. L’an dernier les stats de Kobe étaient légèrement en baisse comparées aux saisons précédentes mais pourtant, malgré une saison de 105 matchs, Bryant a une fois de plus su élever son niveau de jeu en playoffs : 30.2 points, 5.3 rebonds, 5.5 passes et 1.6 interceptions. Ce n’est pas vraiment un signe de déclin. Kobe vieillit c’est sûr, mais il a aussi manifestement appris à mieux gérer son physique lors de la saison. Sa légère baisse de régime, si tant est qu’on puisse appeler cela une baisse, est aussi due au fait que Kobe n’est plus seul dans l’équipe. Il peut désormais se reposer sur des joueurs comme Pau Gasol pour tenir la barque et il n’est pas rare de voir coach Jackson laisser sa star sur le banc tout au long du 4ème quart temps lorsque son équipe à une avance conséquente. Enfin, je terminerais en disant que ses 32.4 points et 7.4 passes de moyenne en finale sont tout sauf une marque de déclin.
Si les Lakers n’ont pas trop de souci à se faire au sujet de Bryant, leurs inquiétudes concernant Andrew Bynum seront certainement plus justifiées. Le jeune pivot a subi deux graves blessures au genou lors des deux saisons précédentes. Si il a tout de même pu retrouver les parquets en playoffs l’an passé, son rendement et sa confiance en ont pris un sacré coup. Avant sa seconde blessure début 2009, Bynum tournait à 14.3 points, 8 rebonds et 1.8 contres lors de la saison régulière. En revanche son retour en playoffs a été catastrophique avec 6,3 points et 3,7 rebonds…
Bynum n’a que 21 ans et on a vu qu’il était capable de devenir un pivot dominant de ligue. Cela dit, c’était avant ses blessures, et maintenant, Bynum doit retrouver un peu de confiance dans son jeu. Il paraît évident qu’il ose bien moins aller au contact et se battre pour un rebond ce qui affecte effroyablement sa défense. Si Bynum retrouve son niveau, les Lakers seront alors très, très difficile à battre et il vaudrait mieux car sur le banc, les Lakers n’ont pas grand chose à proposer à ce poste.
Enfin, le dernier point inquiétant au sujet des Lakers concerne justement leur banc. S’ils ont été très efficace en 2007-2008, leurs rendements lors de la saison passée en a vraiment pris un coup. Jordan Farmar, par exemple, tournait en 2007-2008 à 9.1 points et 6.4 passes. Lors de la saison dernière, toutes ses stats étaient en baisse ainsi que tous ses pourcentages aux shoots. Même si les Lakers sont parvenus à re-signer Shannon Brown, ils auront besoin d’un Farmar en pleine forme car, avec les 35 ans de Derek Fisher, il devrait y avoir des minutes de libres au poste de meneur. Même chose concernant Luke Walton en baisse aux points, rebonds, passes et pourcentages aux shoots, et Sasha Vujacic en baisse également dans tous les domaines sauf aux passes et aux lancers-francs. Etrangement, malgré la baisse d’efficacité du banc, les Lakers étaient tout de même 4ème de la ligue au pourcentage aux shoots. La saison prochaine, Derek Fisher aura 35 ans, Kobe 31, Ron Artest 30 et Pau Gasol 29 et ils auront plus que jamais besoin de leur banc car la route jusqu’au titre est longue. Surtout lorsqu’il s’agit d’une saison où l’on joue le Back to Back.
Pour conclure, je vous dirais qu’à chaque fois que Phil Jackson a remporté un titre, cela s’est terminé en Three Peat ! Mais nous sommes encore loin du triplé et les Lakers auront fort à faire car la concurrence sera très rude. Même si un fossé s’est creusé entre les équipes du haut et celles du bas de tableau, les Lakers ne seront pas les seul favoris et quelques équipes sont amplement capables de leur tenir tête sur le papier, et sur le terrain. Toutefois, comme le disait le grand coach Rudy Tomjanovich : « Il ne faut jamais sous-estimer le cœur d’un champion » !
Note du recrutement 9/10