Interview Ronny Turiaf : « si besoin, mon rôle est de recadrer les jeunes »

Il a d’abord hésité, le regard méfiant, puis réfléchi l’espace de trois secondes.

Dans le vestiaire des Wizards au Staples Center mercredi, Ronny Turiaf a finalement accepté de répondre à nos questions.

« Ok on y va, pas de souci », nous lance-t-il, le ton amical.

La rechute du 2 janvier, après quatre matches seulement (6 pts et 12 rebonds au cumul) est presque au placard à archives. Dans deux semaines, le Martiniquais pourrait retrouver les parquets. Il piaille d’impatience, la pause forcée lui a fait le plus grand bien.

Ronny, comment se passe le processus de retour sur les parquets ?

Très bien, très bien. J’ai une approche dirons-nous prudente, vu que je me suis blessé le même os qu’en équipe de France. Je ne serai pas sur les terrains avant que la fracture soit complètement guérie, ça c’est clair. Le verdict médical devrait arriver d’ici une semaine ou deux, tranquille quoi. J’ai rendez-vous avec le médecin le 27, si tout se passe ça sera bon pour que je puisse recommencer.

Tu peux donc encore avoir une saison de deux mois ?

Oui bien sûr, ça sera deux mois très pleins. J’ai vraiment hâte de pouvoir rejouer, faire une grosse fin de saison et enchaîner sur les Jeux Olympiques avec l’équipe de France. Cela fait très longtemps que je ne m’étais pas senti aussi bien.

« Cette blessure m’a permis de bosser ma condition physique »

Ton travail aujourd’hui il est uniquement de rééducation ou tu shootes déjà ?

Cela fait déjà deux, trois semaines que je shoote. Je ne perds pas de temps donc quand je vais revenir je serai déjà au diapason. Je serai déjà bien car je m’entraîne presque normalement, notamment en travail individuel. C’est juste que je ne peux pas encore aller au contact, je peux pas prendre le risque de recevoir un coup sur ma main.

Finalement, avec cette saison au calendrier surchargé, est-ce que cette blessure n’est pas un mal pour un bien ?

Complètement. Beaucoup de gens étaient tristes pour moi quand je me suis blessé mais je leur disais que tout arrive pour une raison. En l’occurrence, ça m’a permis de me concentrer sur tout ce qui concerne la posture de mon corps et tout le travail de bas du corps. J’en avais vraiment besoin. J’ai pu bosser ma condition physique et perdre 3 à 4% de matière grasse, chose qui arrive rarement quand un joueur est blessé. Je pense que ça va faire des étincelles quand je reviendrai.

« Nos jeunes ont besoin d’un guide »

Justement, avec ton analyse sur le jeu des Wizards, notamment à l’intérieur, que dois-tu apporter en priorité à cette équipe ?

Le coach a envie que j’apporte mon quotient intellectuel et que je sois agressif. Il m’a dit qu’il en avait marre que je prenne un shoot par match, pour moi ce n’est pas un problème. Si je dois être agressif, je le serai. Le coach veut aussi que j’apporte mes facultés défensives et que je puisse mettre en place les systèmes quand c’est nécessaire. Il veut que je sois une sorte de meneur de jeu, en attaque comme en défense. Mettre tout le monde sur la même longueur d’onde, je sais faire et j’adore ça. En plus les systèmes qu’on a ici sont similaires à ceux que j’avais à Los Angeles donc j’ai vraiment hâte de pendre part au développement de cette équipe. Il y a de bons jeunes ici mais ils ont besoin d’être guidé. On va essayer de le faire, on verra comment ça se passera.

Voyager avec le groupe et vivre avec lui te donnera le pouvoir et le poids de pousser des soufflantes quand nécessaire ? Vu de l’extérieur, ce groupe semble cruellement en manquer.

Pousser une gueulante ce n’est pas vraiment le terme. C’est juste que quand je vois des choses qui peuvent être améliorées, je le dis. J’ai eu l’occasion et la chance de jouer avec de grands joueurs, j’ai joué une finale NBA donc j’ai un peu de vécu. C’est pour ça qu’ils m’ont fait venir ici et aussi pour ça que je discute en permanence avec le General Manager et le coach. Ils veulent que je sois leur relais. Je suis là pour recadrer et faire en sorte qu’on avance tous dans la même direction. En général, quand tout le monde est sur la même longueur d’onde, ça va beaucoup mieux.

Propos recueillis à Los Angeles