UConn ne suivra pas les pas de UCLA, dernière équipe à avoir signé le triplé dans le champion masculin de la NCAA. Connecticut a été stoppé à deux sacres dimanche, battu par Florida dans un match à haut suspense (77-75) lors du deuxième tour de la « March Madness ».
Pour les Huskies, ce revers dépasse le cadre de cette saison, pas à la hauteur de leur statut de double tenant du titre. Elle signifie la fin d’une épopée terminée dans les larmes de tout l’effectif, le coach Dan Hurley y compris.
Plutôt réputé par sa dureté avec ses jeunes protégés et pour son tempérament parfois volcanique avec les arbitres, le technicien de UConn n’a pu retenir son émotion dans les minutes qui ont suivi l’élimination de sa formation. Celle-ci n’était pourtant pas particulièrement attendue dans ce tournoi, seulement tête de série numéro 8 après une saison régulière à dix défaites, sept de plus par rapport à la saison passée.
Contre Florida, les Huskies ont pourtant bien affiché un cœur de champion, résistant à la tête de série numéro un de la partie West du tableau. Ils ont mené pendant 17 des 20 minutes de la deuxième période, avant de céder sur un 8-0 des Gators dans le « money-time », avec deux gros tirs à 3-points de Walter Clayton Jr, le leader floridien.
Un crève-cœur absolu pour Dan Hurley après 13 victoires consécutives dans le tournoi national. « Quelqu’un devait nous abattre dans ce tournoi, nous n’allions pas tomber comme des merdes » a réagi le coach en conférence de presse. « Perdre contre une équipe moins bien classée, avec tout ce que l’on a accompli, ces deux bannières de champion, ces bagues… Un programme comme le nôtre ne pouvait pas sortir comme une merde. Il y a de l’honneur dans la manière dont nous avons perdu, j’imagine. C’est une défaite pénible. Nous avons joué d’une manière qui nous donnait une vraie opportunité de gagner. Le mérite revient à Clayton, il a mis des tirs à 3-points en sortie de dribble de niveau NBA pour nous battre. »
Connecticut était pourtant sur la bonne voie pour signer un coup de maître en imposant son jeu, plus dur et plus lent que celui proposé habituellement par Florida. L’histoire était belle, il n’en a manqué que la « happy end ».
« Je pense que ce sont surtout nos joueurs qui ont haussé leur niveau de jeu et gagné le match plutôt que UConn qui ne nous a pas poussé dans nos retranchements » a abondé l’entraîneur des Gators Todd Golden. Un peu plus de réussite dans certains moments-clés aurait aussi fait le plus grand bien aux Huskies, qui ont vu leur trio majeur Alex Karaban – Liam McNeeley et Solo Ball cumuler un désastreux 6/26 à 3-points.
« Nous avions une confiance en nous absolue en arrivant sur le parquet » a assuré Alex Karaban, dont l’avenir à Connecticut est en suspens à un an de la fin de son éligibilité universitaire, en conférence de presse. « Nous ne pensions pas que nous allions perdre. C’est dur que nous ayons manqué quelques opportunités. Je peux vous le garantir, si on devait les rejouer, Liam, Solo et moi ne tirerions pas ainsi. »
De la défense du titre à la reconstruction
Pour UConn, cette défaite a des airs de petite mort, avec de la tristesse à perte de vue dans le vestiaire. « C’est dur de gagner un match dans ce tournoi, ce truc est une tannée » a insisté le coach Dan Hurley. « Gagner 13 fois d’affilée, quand cela touche à sa fin, ça allait forcément être dévastateur. Mais nous avons joué avec honneur et j’aime mon équipe pour cela. » Celle-ci va être à reconstruire en très large partie entre attraction de la NBA (McNeeley est annoncé 14e de la dernière « Mock Draft » d’ESPN) et fin de cursus.
Après deux années de continuité avec le maintien d’une colonne vertébrale pour compenser le départ de certains cadres (Jordan Hawkins et Andre Jackson draftés en 2023, Stephon Castle, Donovan Clingan, Traistan Newton et Cam Spencer en 2024), le temps est venu pour une reconstruction en profondeur.
« Cela va être une intersaison où je vais pouvoir me reconnecter, retrouver un peu de mon âme, et je reviendrais comme un coach qui a progressé, qui prendra de meilleures décisions sur tous les aspects » a assuré Dan Hurley, les yeux encore embués. « Ce n’est pas tant la destination que j’ai aimé. J’ai aimé le voyage. J’ai aimé l’ascension pour arriver là où nous sommes, ou plutôt où nous étions maintenant que cette série est finie. Et j’ai hâte de revenir à la poursuite de cela. »
L’élimination de St John’s, tête de série numéro 2 de cette partie de tableau avait rendu un peu plus ouvert le champ des possibles. À Connecticut, ce sont plutôt les premières pages des livres à souvenirs qui vont désormais s’ouvrir.