Chez les jeunes qui grandissent avec la NBA, il y a ceux, en majorité, dont les idoles sont les plus grands attaquants de l’histoire, et ceux, sans doute plus rares, pour lesquels l’envie de jouer au basket est transmise par les plus altruistes des joueurs qui ont foulé les planches de la Grande Ligue.
Kobe Brown, le rookie des Clippers choisi en 30e position de la dernière Draft, est de la deuxième catégorie. L’ailier de 23 ans, convaincu par son père dès le plus jeune âge, est un fan de longue date de Magic Johnson, un des « playmakers » les plus doués de tous les temps. Au fil des années, il s’est inspiré de sa polyvalence et son altruisme.
« Nous avons toujours eu une règle à la maison : être le type de joueur avec lequel les autres voulaient jouer », se rappelle ainsi son père Greg Brown. « Quand [Kobe] était petit, avec son frère, ils regardaient beaucoup de matchs et de vidéos avec moi. J’espérais qu’ils fassent partie des joueurs inspirés par Magic Johnson. Donc on a regardé beaucoup, beaucoup de vidéos de Magic Johnson. »
Un altruisme qui dans un premier temps l’a desservi
Jamais un scoreur naturel, donc, Kobe Brown, au fil des années, n’a jamais été le plus « flashy » des joueurs. Davantage intéressé par une passe que par un panier, il s’est alors frotté, tout au long de ses années lycéennes, à une réalité caricaturale mais très représentatrice du système « high school ».
« Je participais à des camps, et la plupart des joueurs présents cherchaient à tout prix à prendre un certain nombre de tirs. Donc j’avais beaucoup de mal à tirer mon épingle du jeu, car je voulais faire tourner la balle et impliquer tout le monde. »
Un constat dur à accepter dans un premier temps pour son père, l’architecte de cette vision altruiste du basket chez son fils, même si tout s’est finalement arrangé par la suite.
« C’était un moment difficile, je m’interrogeais sur la vision que j’avais instillé en lui. En AAU, des joueurs étaient mieux classés que lui dans les classements par classe d’âge. Ils n’étaient pas forcément plus talentueux, mais ils marquaient 20 points par match, en prenant 17 ou 18 tirs », raconte Greg Brown. « Je lui ai dit simplement de continuer à jouer juste, et que cela allait payer à l’avenir, qu’il irait plus loin que ces autres joueurs soi-disant meilleurs que lui. Et, de toute évidence, ça a bien fonctionné pour lui, au bout du compte. »
Arrivé discrètement sur le campus de Missouri en 2019, Kobe Brown a effectivement fini par très bien s’en sortir, avec 10.8 points, 6 rebonds, 1.7 passe et 1.1 interception par match en quatre saisons universitaires avant d’être sélectionné au premier tour de la Draft 2023, en juin dernier.
« Il peut faire tout un tas de trucs sur le terrain, sans même avoir le ballon dans les mains », appréciait en conclusion Dahntay Jones, coach des Clippers en Summer League à Las Vegas. « Il a un profil complémentaire des qualités que nous avons déjà. En fait, il a bien compris qu’il est surtout un basketteur. Il se fiche d’être un scoreur ou pas. Il puise sa fierté dans le fait d’avoir un impact positif, quelle que soit la manière, sur un match de basket. »