Dans cette conférence Ouest où chaque affiche sent la poudre et est susceptible d’accoucher d’un résultat surprenant, nul doute que l’affrontement entre les franchises de LeBron James et Ja Morant en fait saliver plus d’un. Un choc des extrêmes, entre un gros et un petit marché.
De retour en playoffs après un an d’absence, les Lakers sont vêtus du costume d’outsiders, eux qui sortent tout juste d’un match de play-in laborieux, gagné contre les Wolves. L’essentiel a été acquis, mais l’impression visuelle laissée mardi n’a clairement pas rassuré les plus sceptiques, qui attendent encore de voir Los Angeles se mesurer à un cador, et performer, malgré un statut de meilleure équipe de l’Ouest depuis le All-Star Break.
Toujours est-il que l’avantage du terrain dans cette série appartient à Memphis. Forts d’une nouvelle saison régulière au-dessus des 60% de victoires et d’une forteresse quasi imprenable, les jeunes et téméraires Grizzlies s’avancent en favoris sur le papier, malgré des blessures préjudiciables à l’intérieur pour défier Anthony Davis. À voir si leur fougue, couplée aux leçons retenues de leurs échecs des deux derniers playoffs, aura raison de l’expérience californienne, symbolisée évidemment par LeBron James.
PRÉSENTATION DES GRIZZLIES
Les titulaires : J. Morant, D. Bane, D. Brooks, X. Tillman Sr, J. Jackson Jr
Les remplaçants : Ty. Jones, L. Kennard, J. Konchar, Z. Williams, S. Aldama, D. Roddy, J. LaRavia, K. Lofton Jr
Absents : S. Adams, B. Clarke
Le coach : T. Jenkins
Même si les absences de Steven Adams et Brandon Clarke vont sans doute changer pas mal de choses dans cette campagne 2023, les Grizzlies restent dotés d’un groupe dense et homogène, qui permettra à Taylor Jenkins de s’appuyer sur une solide rotation de 9/10 joueurs. À l’intérieur, ce n’est peut-être plus aussi solide qu’habituellement, laissant sur la table l’option du « small-ball », mais le tandem All-Star Morant/Jackson Jr, épaulé par les potentiels facteurs X que sont Desmond Bane et Dillon Brooks, doit pouvoir masquer les faiblesses de l’équipe et lui permettre de franchir, comme il y a un an, le cap du premier tour.
POINTS FORTS
– Une défense qui nourrit l’attaque. Très agressifs, avec l’activité de Jaren Jackson Jr, Dillon Brooks ou Desmond Bane qui engendre contres et interceptions, les Grizzlies profitent de leur assise défensive aux airs de rampe de lancement pour se projeter rapidement en contre-attaque, dans le sillage de Ja Morant bien sûr. Un Ja Morant relayé efficacement par Tyus Jones, qui dicte le tempo en permanence sans manquer non plus d’attaquer le cercle à outrance. De quoi rendre Memphis dangereux à la fois en transition et dans la peinture, mais également avec ses shooteurs, car il s’agit de l’une des équipes les mieux équilibrées du pays.
– Un FedEx Forum difficilement prenable. L’avantage du terrain risque de prendre tout son sens dans cette série, car les Grizzlies possèdent le meilleur bilan de la ligue à domicile : 35 victoires en 41 matchs ! Autant dire que s’imposer dans le Tennessee, devant le bouillant public de Memphis, n’est pas donné à n’importe qui et on peut ainsi s’attendre à ce que la salle réserve un accueil « chaleureux » à LeBron James et ses coéquipiers. Avec Dillon Brooks qui ne manquera pas, non plus, de chauffer ses fans et alimenter leur hostilité…
POINTS FAIBLES
– Une raquette fragilisée. Sans Steven Adams ni Brandon Clarke, les Grizzlies se retrouvent affaiblis dans la peinture, puisque Jaren Jackson Jr. devra tenir le secteur intérieur de son équipe en compagnie de Xavier Tillman et Santi Aldama, voire des rookies David Roddy, Jake LaRavia et Kenneth Lofton Jr. Pas optimal, quand on sait qu’Anthony Davis se dresse sur la route de Memphis et que les hommes de Taylor Jenkins se sont, grâce au duo Adams/Clarke, imposés parmi les meilleures formations de la ligue au rebond –offensif ou défensif– et dans la raquette.
– L’adresse à 3-points. Moins à l’aise sur jeu placé qu’en contre-attaque, mais dépendants de leur capacité à dominer dans la peinture, les Grizzlies auront pourtant besoin d’être plus en réussite derrière l’arc pour aller loin en playoffs, eux qui shootent à 35% dans ce domaine depuis le début de saison. L’arrivée de Luke Kennard, pour épauler Desmond Bane, a aidé en ce sens depuis la « trade deadline », mais il faudra que des profils comme Dillon Brooks, Santi Aldama, Ziaire Williams, John Konchar ou bien sûr Ja Morant et Jaren Jackson Jr. fassent mieux dans l’exercice pour surélever le plafond collectif de Memphis.
PRÉSENTATION DES LAKERS
Les titulaires : D. Russell, A. Reaves, L. James, J. Vanderbilt, A. Davis.
Les remplaçants : D. Schröder, Ma. Beasley, L. Walker IV, T. Brown Jr, R. Hachimura, W. Gabriel, M. Bamba, T. Thompson
Absents : /
Le coach : D. Ham
Tronquée par les blessures des uns et des autres, la saison des Lakers a cependant été sauvée par les échanges effectués en cours de route, qui ont notamment permis d’obtenir D’Angelo Russell, Jarred Vanderbilt ou encore Rui Hachimura. De quoi entourer LeBron James et Anthony Davis avec des profils plus complémentaires à leur jeu que ne l’étaient les Russell Westbrook, Patrick Beverley, Kendrick Nunn et autres Thomas Bryant.
Si l’on y ajoute l’éclosion d’Austin Reaves, on se demande si l’effectif de Los Angeles n’a jamais été aussi bien armé depuis le titre dans la « bulle » d’Orlando, ou carrément sous l’ère-James…
POINTS FORTS
– La dynamique. Grâce au travail et à l’audace de Rob Pelinka, les Lakers ont renversé une situation mal embarquée à partir de la « trade deadline ». À tel point qu’ils se sont imposés comme la meilleure équipe de la conférence Ouest après le All-Star Break, alors que LeBron James a pourtant manqué un mois de compétition. Forts d’une défense efficace et d’une adresse à 3-points en hausse, les Californiens ont lancé pour de bon leur saison et ils se dressent en épouvantails de ce tableau, car ils restent guidés par deux des 10/15 meilleurs joueurs de la ligue, eux-mêmes épaulés par une belle armée de « role players ».
– Un secteur intérieur fourni. À l’inverse des Grizzlies, on peut dire que les Lakers ne sont pas à plaindre dans la raquette, avec Anthony Davis bien sûr, épaulé par des soldats aux profils divers comme Jarred Vanderbilt, Mo Bamba, Wenyen Gabriel et le nouveau venu Tristan Thompson, sans oublier LeBron James et Rui Hachimura dans une configuration plus « small-ball ». De quoi permettre à Los Angeles d’envisager sereinement les batailles dans la peinture, généralement âpres et décisives à ce stade de la compétition.
POINTS FAIBLES
– Une adresse à 3-points fluctuante. Les arrivées de D’Angelo Russell et Malik Beasley leur ont certes apporté plus de danger derrière l’arc, mais les Lakers restent capables de connaître de sérieux trous d’air dans ce domaine, ce qui ne profite évidemment pas à leur jeu qui a besoin d’espace, pour laisser LeBron James et Anthony Davis manoeuvrer comme il faut. Depuis le All-Star Break, Los Angeles shoote ainsi à 37% de loin (pour 12 paniers), contre 34% avant (pour 10 paniers). En progression donc, mais pas encore au niveau des meilleures équipes de la ligue.
– La santé. Depuis la mise en place de leur association LeBron James – Anthony Davis, les Lakers ont remporté un titre, échoué en playoffs quand Davis s’est blessé, puis raté les playoffs quand les pépins physiques de LeBron et Davis ont (re)fait surface. Au complet, on pourrait donc dire qu’ils n’ont pas encore trouvé plus fort qu’eux et, s’ils veulent aller loin cette année, il leur faudra espérer que leur duo majeur reste à 100% ou, du moins, sur ses deux jambes suffisamment longtemps. Pas impossible, mais pas garanti pour autant, pour ces profils fragiles…
LA CLÉ DE LA SÉRIE
– La bataille de la peinture. Appelés à passer pas mal de temps l’un face à l’autre au poste 5, Anthony Davis et Jaren Jackson Jr. risquent d’avoir les clés de cette série, car celui qui prendra l’ascendant dans ce duel offrira déjà un bel avantage à son équipe. Reste que « JJJ » devra commencer par éviter d’être confronté à des problèmes de fautes pour ne pas laisser Memphis encore plus démuni sous le cercle, alors que « AD » n’aura d’autre choix que d’être irréprochable des deux côtés du terrain pour ne pas plomber les chances de Los Angeles. Une belle lutte en perspective, entre deux des intérieurs les plus complets du moment.
SAISON RÉGULIÈRE
Los Angeles 2-1
– 20 janvier : Los Angeles – Memphis (122-121)
– 28 février : Memphis – Los Angeles (121-109)
– 7 mars : Los Angeles – Memphis (112-103)
VERDICT
Bien difficile de prédire l’issue de cette série, déjà car Memphis possède l’avantage du terrain et des garanties collectives, ensuite car Los Angeles surfe sur une dynamique positive et s’appuie sur LeBron James et Anthony Davis dans ses rangs. Nombreux sont ceux criant à « l’upset » depuis que cette affiche est connue, mais ne vendons pas trop tôt la peau des Grizzlies.
Certes diminués dans la raquette, les coéquipiers de Ja Morant ont l’habitude de jouer ensemble depuis des mois et la machine n’est donc pas huilée d’hier. Leurs cannes de feu et leur insouciance risquent de faire du dégât contre une formation californienne qui, à l’image de son leader, n’est pas la plus à l’aise quand elle multiplie les courses. D’autant que l’on se demande qui pourra se charger de ralentir l’insaisissable Morant.
Pour Los Angeles, la qualification passera sans doute par un total « alignement des planètes », c’est-à-dire un duo LeBron James – Anthony Davis sur ses deux jambes durant toute la série, un contrôle maximal du rythme et des performances XXL de Davis face à la raquette adverse. Pas impossible, mais loin d’être évident, alors que les joueurs du Tennessee nous semblent avoir un peu plus de marge d’erreur que les « Purple & Gold » actuellement. Surtout avec quatre rencontres sur sept possibles à la maison.
Memphis 4-3
CALENDRIER
Game 1 : à Memphis, dimanche 16 avril (21h00)
Game 2 : à Memphis, mercredi 19 avril (01h30, dans la nuit de mercredi à jeudi).
Game 3 : à Los Angeles, samedi 22 avril (04h00, dans la nuit de samedi à dimanche).
Game 4 : à Los Angeles, lundi 24 avril (à déterminer, dans la nuit de lundi à mardi).
Game 5* : à Memphis, mercredi 26 avril (à déterminer, dans la nuit de mercredi à jeudi).
Game 6* : à Los Angeles, vendredi 28 avril (à déterminer, dans la nuit de vendredi à samedi).
Game 7* : à Memphis, dimanche 30 avril (à déterminer, dans la nuit de dimanche à lundi).
* Si nécessaire.