La rivalité entre la France et l’Espagne a marqué toute une génération de fans des Bleus. Pourtant, comme le rappelle Nicolas Batum sur RMC, les équipes ont changé et il ne reste plus grand-chose de cette « haine ».
« Même si Vincent (Collet) peut baser son discours là-dessus, et je pense qu’il va le faire, ils (les joueurs actuels) n’ont pas connu ce qu’on a connu. La plupart des joueurs, les trois-quarts des joueurs n’ont pas connu, souffert et vécu ce qu’on a connu face à eux. En face, ce n’est pas non plus les mêmes joueurs. Il n’y a pas non plus les frères Gasol, Sergio Llull, Ricky Rubio, Sergio Rodriguez, Serge Ibaka, Nikola Mirotic… Ils sont champions du monde en titre mais tous les gros joueurs qui leur ont donné le titre mondial ne sont pas là, à part Rudy Fernandez et les Hernangomez qui avaient des petits rôles, et pas des rôles majeurs » rappelle ainsi l’ailier des Clippers.
Pour Nicolas Batum, cette rivalité peut d’ailleurs au contraire plutôt servir l’Espagne…
« C’est la première fois qu’une Equipe de France est favorite face à l’Espagne en demi ou en finale d’un grand championnat. L’histoire est inversée. Jouer sur la rivalité, ils n’en ont pas besoin. C’est plutôt l’Espagne qui va jouer là-dessus parce que l’Espagne n’est pas favorite ce soir. »
C’est d’ailleurs le discours qu’a tenu Sergio Scariolo en amont. Comme face à l’Allemagne, qu’il avait qualifiée de « meilleure équipe du tournoi » avant de la faire tomber, le sélectionneur se met dans la peau de l’outsider.
« La France est une meilleure équipe que nous. Ils sont plus grands que nous, ils shootent mieux, on va partir à la guerre contre meilleur que nous. Mais on va se battre, on va tout donner, comme lors de chaque match. Personne ne croyait en nous avant l’EuroBasket, mais dans le vestiaire, on se voit comme des champions. »
Cinq victoires en cinq matchs face à Vincent Collet en phases finales
Le tacticien italien est d’ailleurs l’atout maître de l’Espagne. Avec un effectif rajeuni et beaucoup plus limité que lors des grandes années de la Roja, plombé en plus par les blessures de Ricky Rubio et Sergio Llull qui ont poussé la sélection à naturaliser en urgence Lorenzo Brown, il parvient tout de même à décrocher une nouvelle médaille.
Il faut ainsi se rappeler que c’est lorsqu’il a laissé les commandes de l’équipe espagnole à Juan Antonio Orenga, entre 2013 et 2014, que les Bleus ont enfin réussi à briser la domination de leurs voisins.
De 2009 à 2012, la France était ainsi tombée face à l’Espagne à l’Euro 2009, à l’Euro 2011 puis aux JO 2012. Et après son retour, les Bleus se sont à nouveau cassés les dents sur l’Espagne à l’Euro 2015 puis aux JO 2016. En fait, la France de Vincent Collet n’a battu qu’une seule fois l’Espagne de Sergio Scariolo en compétition officielle. C’était à la Coupe du monde 2010, pour le premier match de poules de la compétition. Dans les matchs de la phase finale, Sergio Scariolo mène ainsi 5-0 dans ses duels avec Vincent Collet.
S’il parvient encore à hisser la Roja au sommet de l’Europe ce soir, le champion NBA 2019 (comme assistant) réussirait sans doute le plus bel exploit de sa carrière de sélectionneur. Il a maintes fois prouvé par le passé qu’il maîtrisait les subtilités tactiques et humaines pour y parvenir. Sa « boîte » face à Dennis Schröder en demi-finale l’a encore démontré, comme sa façon de placer son équipe en outsider qui n’a rien à perdre depuis le début…