A 21 ans seulement, Théo Maledon a déjà deux saisons NBA dans les jambes mais c’est bel et bien son premier été en Bleu, en tout cas, chez les Grands.
Avec ses 11 sélections, le meneur percutant des Bleus n’est pas encore certain de faire partie de l’effectif final qui s’envolera pour l’Allemagne pour le prochain EuroBasket. Mais, comme dans l’Oklahoma, il emmagasine un maximum d’expérience…
Comment définiriez-vous votre rôle en Equipe de France ?
« Je dois trouver un juste milieu [entre l’agressivité et la passivité], tout en amenant mon propre jeu et mes qualités. Après, il faut le faire des deux côtés du terrain. Mais en gros, je veux apporter tout ce qui pourra aider l’équipe à aller dans le bon sens. »
Vous allez affronter la République Tchèque demain, quel est votre état d’esprit sachant que ce match-là ne compte plus pour du beurremais pour les qualifications à la prochaine Coupe du monde ?
« Les matchs amicaux, c’est bien mais ça reste de l’amical. Ces matchs à enjeu et l’Euro derrière, c’est forcément un défi excitant. Ça ramène un vrai enjeu. Chaque match est un challenge particulier. En NBA, c’est déjà le cas. On va retrouver ça [à l’Euro] mais il y a l’enjeu en plus de se qualifier dans une poule pas facile. On a déjà ces deux matchs pour continuer à progresser et pour se faciliter la route vers la qualification à la Coupe du Monde. »
« Il y a beaucoup de communication dans la franchise. Ils font en sorte que tu gardes le moral et que tu restes positif »
Vous avez fait l’ascenseur entre la NBA et la G-League cette saison à Oklahoma City, et vous avez maintenant un autre rôle en Bleu, n’est-ce pas difficile de jongler comme ça ?
« C’est sûr que c’est très différent. En G-League par exemple, j’ai tout le temps la balle dans les mains. En NBA, surtout en début de saison, je ne l’avais pas beaucoup. Ça a changé sur la fin [de saison]. En Equipe de France, je sors du banc. Ce sont plein de rôles différents mais ça permet d’emmagasiner de l’expérience. Et puis, dans le fond, il s’agit surtout de savoir comment tu peux apporter à l’équipe dès que tu as l’opportunité d’être sur le terrain. »
Quel est votre niveau de communication sur ce temps de jeu inégal qui a été votre lot cette saison ? Est-ce que vous avez pu en parler avec Coach Mark Daigneault, ou son staff ?
« Généralement, ils m’expliquent [leur choix]. Il y a beaucoup de communication dans la franchise. Ils font en sorte que tu gardes le moral et que tu restes positif pour que, quand l’opportunité [de jouer] arrive, tu puisses en tirer le meilleur. »
Quel est, vu de l’intérieur, le plan sur le long terme pour le Thunder ? On sent que ça progresse mais ça semble encore trop court pour aller en playoffs…
« La franchise ne nous en parle pas forcément. Les décisions sont prises par le front office et nous, les joueurs, on cherche à s’affirmer et progresser de match en match. Chaque franchise a sa propre manière de faire. Le Thunder est sur la bonne voie pour se reconstruire. Ils nous le disent tout le temps : on veut progresser mais pas n’importe comment, il faut le faire de la bonne manière. »
Pouvez-vous nous expliquer comment ça se décide pour vous de passer un été sans Equipe de France l’été passé, puis un été en Bleu cette année : qui tranche au final ?
« En gros, après ma saison rookie, ils m’ont fait comprendre que c’était important que je reste là-bas, du fait que c’était la saison Covid et on n’avait pas eu le temps de se préparer après la Draft et de travailler. Comme le Thunder insiste beaucoup sur les bonnes habitudes et sur la progression, [je suis resté aux Etats-Unis]. Mais cette année, on a rediscuté et le front office m’a donné le feu vert directement, vu que j’étais là l’été précédent à montrer comment je travaille. Ils pouvaient me faire confiance sur mes méthodes de travail. Ils savent que je bosse bien et que je continue à progresser. »
« Au final, c’était comme si je faisais une autre année rookie »
Après une belle saison rookie, on vous a senti plus en difficultés pour confirmer cette année. Avec un de temps de jeu moindre, et une rotation perpétuellement en évolution, avez-vous réussi à trouver votre équilibre ?
« C’était une année différente, j’en ai parlé avec le coach. Lui me disait qu’au final, c’était comme si je faisais une autre année rookie, qu’il y allait avoir de nouvelles choses à apprendre et à découvrir. Au début, j’ai eu un peu de mal à m’adapter et ça a empiré ma situation on va dire. Mais, après mon passage en G-League où j’ai été performant, la deuxième partie de saison a été meilleure. Même si je sortais du banc, j’ai pu être productif et sur la fin de saison, j’ai eu plus de temps de jeu et j’ai bien réussi à prouver mon niveau. C’était encourageant et ça m’a permis de découvrir beaucoup de situations de jeu différentes, de prendre en expérience et de bien comprendre surtout, ce que je peux faire pour apporter à l’équipe dès que j’entre en jeu. Peu importe le rôle, peu importe les minutes, il faut savoir comment apporter à l’équipe et j’ai appris ces petits détails qui peuvent te permettre de rester sur le terrain. Et ainsi de suite… »
On sait que la concurrence est rude sur votre poste, avec Shai Gilgeous-Alexander en indéboulonnable titulaire puis Josh Giddey, Tre Mann voire Aaron Wiggins, comment pensez-vous vous faire votre place ?
« Même sur les années précédentes, il y a eu des blessures qui ont fait que certains joueurs importants n’ont pas pu être disponibles. Mais, malgré ça, ils nous ont instillé cette éthique de travail. Peu importe ce qui se passe, en tant que joueur, on doit être prêt à jouer, on doit être professionnel, on doit être capable de saisir ces opportunités. Cette mentalité est présente chez tous les joueurs, du premier au quinzième, voire 17e si on compte tous les joueurs de l’effectif. Souvent, quand on perdait de 20 ou 30 points à la mi-temps, les coachs nous disaient que ce sera comme ça en playoffs. Ils essayent de nous préparer à ces situations [à fort enjeu], à ces scénarios. On a ces valeurs depuis le début que je suis [à OKC] et je pense que ça nous aidera à l’avenir. »
Peut-on parler de déclic cette saison pour le Thunder : avec la Draft de Chet Holmgren et un effectif qui commence résolument à prendre forme autour de SGA, Giddey et Holmgren ?
« Euh [longue hésitation]… je dirais oui. Construire l’équipe et ne pas sauter d’étape est quelque chose qui tient vraiment à cœur des décideurs. On est toujours dans la bonne direction, on continue à avancer. Il y a encore plus d’ambitions cette année et sur les années à venir. »
Propos recueillis à Paris
Theo Maledon | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2020-21 | OKC | 65 | 27 | 36.8 | 33.5 | 74.8 | 0.4 | 2.9 | 3.3 | 3.5 | 1.9 | 0.9 | 2.2 | 0.2 | 10.1 |
2021-22 | OKC | 51 | 18 | 37.5 | 29.3 | 79.0 | 0.4 | 2.2 | 2.6 | 2.2 | 1.3 | 0.6 | 1.3 | 0.2 | 7.1 |
2022-23 | CHA | 44 | 19 | 40.2 | 29.5 | 85.1 | 0.3 | 2.5 | 2.8 | 3.5 | 1.4 | 0.8 | 1.3 | 0.3 | 6.7 |
2023-24 * | All Teams | 17 | 13 | 28.6 | 16.7 | 93.3 | 0.2 | 1.2 | 1.4 | 1.7 | 1.2 | 0.4 | 1.1 | 0.0 | 3.5 |
2023-24 * | CHA | 13 | 15 | 28.8 | 16.7 | 91.7 | 0.3 | 1.5 | 1.8 | 2.2 | 1.4 | 0.5 | 1.2 | 0.0 | 4.2 |
2023-24 * | PHX | 4 | 3 | 25.0 | 0.0 | 100.0 | 0.0 | 0.3 | 0.3 | 0.0 | 0.8 | 0.0 | 0.8 | 0.0 | 1.3 |
Total | 177 | 21 | 37.2 | 31.0 | 79.3 | 0.4 | 2.4 | 2.8 | 2.9 | 1.6 | 0.7 | 1.6 | 0.2 | 7.8 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.